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Exposition - Photographies historiques tirées des archives Casasola Guerres et paix dans le Mexique du début du XXe siècle(photos)

Zapata, sombrero et ceinture de balles croisant le torse, moustache pointant vers le ciel, pistolero au poing… Ce sont les images que le Mexique du début du siècle dernier a imprimées dans l’esprit populaire. Plus ou moins proches de cette illustration usurpée et pour montrer aux Libanais un chapitre de l’histoire mexicaine, des photographies d’époque sont exposées au palais de l’Unesco, à l’initiative de l’ambassade du Mexique, en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères mexicain et l’Institut d’anthropologie et d’histoire, et avec l’appui de l’USEK. Tirées du fonds Casasola, elles sont placées sous le thème « Images de la révolution et scènes de la vie quotidienne du début du XXe siècle ». Cette manifestation, dont l’inauguration officielle aura lieu le 5 septembre, est déjà ouverte aux curieux. Avant celles d’Edward Weston, de Tina Modotti, avant le mouvement surréaliste et Manuel Alvarez-Bravo, les fortes images du photojournaliste mexicain Agustin Victor Casasola, fondateur de la première agence d’information photographique dans un pays où le langage visuel a toujours prédominé sur l’écrit, marquent les esprits. Ses clichés, identifiés lors de la révolution de 1910, événement historique fondateur du Mexique contemporain, sont exposés jusqu’au 20 septembre. Ils valent vraiment le déplacement. On sera durablement marqué par ses photographies sur des exécutions, des procès, des reconstitutions judiciaires, des manifestations et des scènes de rue dans le vieux Mexico. On retiendra, par exemple, l’image impressionnante de deux détenus, sans parler des portraits en situation des chefs révolutionnaires Emiliano Zapata et Pancho Villa. L’exposition présente une sélection de 92 photographies appartenant au fonds Casasola. Présentée pour la première fois à Madrid, en Espagne, en mars 2003, elle suit depuis lors un parcours itinérant à travers l’Europe. Aujourd’hui, c’est au tour du Liban d’accueillir cette sélection. Disposées de manière thématique plutôt que chronologique, les photos nous racontent par bribes le déroulement d’évènements marquants. Petite revue historique illustrée. Où l’on apprend que le général José de la Cruz Porfirio Díaz, mieux connu comme « Don Porfirio », gouverne le Mexique de 1876 jusqu’à l’éclatement de la révolution en 1911. Durant cette époque, il rétablit l’ordre avec une main de fer dans un pays miné par la violence et le chaos depuis son indépendance. C’est également lui qui engage le pays dans la voie de la modernité, entraînant de nombreux changements dans l’industrie, le paysage et, surtout, le quotidien mexicain. La guerre révolutionnaire En février 1911, un groupe de révolutionnaires part de l’état de Chihuahua, au nord du Mexique, et, mené par Francisco I. Madero, prend les armes contre le gouvernement de Porfirio Díaz. La devise de ces rebelles : « Sufragio efectivo, no reelección » (suffrage effectif, pas de réélection). La lutte s’étend rapidement à l’ensemble du pays. Au Sud, Emiliano Zapata, paysan d’origine et stratège militaire d’exception, se joint à la cause de Madero en prônant « la terre et la liberté ». Au Nord, on voit surgir Pancho Villa, un caudillo charismatique et audacieux. En juin 1911, Porfirio Díaz, âgé et fatigué, est contraint à l’exil, tandis que Madero est acclamé à Mexico. La paix est de courte durée. Le général Huerta, soutenu par une fraction de l’armée, est l’artisan d’un soulèvement contre le président Madero, vaincu et passé par les armes. C’est le début d’une spirale de violence destinée à durer plus de dix ans. L’on peut voir ici les vêtements tachés de sang de Madero. Tout comme ceux de Venustiano Carranza, assassiné au cours d’une embuscade en 1920, et les habits maculés d’Emiliano Zapata durant la même année. Et enfin ceux du président Alvaro Obregon tué dans le restaurant La Bombilla en 1928. Les métiers et la modernité Au terme des hostilités, le vieux régime est en pièces, les infrastructures et l’économie du pays en piteux état, et plus d’un million de personnes ont péri dans la guerre. La nécessité de reconstruire le pays s’impose dès lors comme un immense défi ; emploi et modernisation en constituent les clés. Les photos de Casasola datées de cette période sont imprégnées d’optimisme prudent, et de volonté affirmée d’éponger le retard et la misère d’un pays, qualifié un siècle plus tôt par le baron von Humboldt de « corne d’abondance ». Alors que le nouveau régime politique suit un processus de consolidation (1917-1934), une nouvelle réalité est en train de se forger, celle de la modernité, qui s’impose partout comme une formule de développement national. Les Casasola photographient les grands sujets de leur temps : le mouvement, la vitesse, les machines, les grands travaux, la mode. Pour cela, ils adoptent des stratégies de type moderniste : contre-plongées, perspectives à vol d’oiseau... Autant de procédés visant à recréer, à travers l’image fixe, le mouvement et le rythme palpitants de la grande ville. L’appareil photo des Casasola hante également le monde de la nuit urbaine. Comme dans toutes les villes, l’électricité transforme la notion du temps. D’innombrables cinémas, des bals, des music-halls voient le jour. Mais la nuit est aussi le lieu des vies secrètes, la scène des noctambules et des femmes « de la vie galante », comme les surnomme la presse. La justice et les manifestations mondaines De tous les préjudices subis par le peuple mexicain, l’absence d’équité dans l’Administration de la justice est sans doute l’un des premiers. Le nouveau régime s’efforce de moderniser le système judiciaire, il réforme codes et lois. Des méthodes professionnelles d’enquête criminelle sont établies et des jurys populaires institués, en vertu desquels la condamnation ou l’acquittement étaient criés par la salle. Cette expérience, qui fait sans doute écho aux divertissements populaires, se solde par un échec. L’immense majorité du fonds Casasola – regroupant près d’un demi-million de plaques photographiques – est également constituée de portraits, aussi bien individuels que de groupe. De présidents comme de gens du peuple. De soirées mondaines comme de rassemblements populaires. Les Casasola excellent dans cet art, auquel ils imposent un style propre. Personnages illustres et citoyens anonymes attirent ainsi l’attention des photographes, captant ces visages intenses qui évoquent toujours à nos yeux la société mexicaine postrévolutionnaire. Maya GHANDOUR HERT Qui est Casasola ? Agustín Víctor Casasola (Mexico, 1874-1938) s’initie au journalisme en exerçant le métier de typographe, puis de rédacteur, période à laquelle il commence à prendre quelques photos pour illustrer ses papiers. Il se consacre exclusivement à la photographie à partir de 1900, et est embauché comme photo-reporter par divers quotidiens à Mexico, notamment El Tiempo et El Imparcial. En 1912, il fonde une « agence d’information graphique » qui vend ses services aussi bien à des journaux et des revues, qu’aux organes gouvernementaux et aux particuliers. Il y associe son frère Miguel, puis ses enfants et ses petits-enfants ; pendant des années, il loue également les services d’autres photographes professionnels, et acquiert les clichés et les plaques qu’ils juge importants. C’est de cette agence que naissent les Archives Casasola, dotées de leur propre maison d’édition. Le legs photographique du clan Casasola, le mieux fourni pour comprendre l’histoire et la société de la première moitié du XXe siècle mexicain, riche en bouleversements, est conservé depuis 1976 à la Photothèque nationale de l’Institut national d’anthropologie et d’histoire mexicain (INAH), installée dans un ancien couvent franciscain de la ville de Pachuca, dans l’état d’Hidalgo.

Zapata, sombrero et ceinture de balles croisant le torse, moustache pointant vers le ciel, pistolero au poing… Ce sont les images que le Mexique du début du siècle dernier a imprimées dans l’esprit populaire. Plus ou moins proches de cette illustration usurpée et pour montrer aux Libanais un chapitre de l’histoire mexicaine, des photographies d’époque sont exposées au palais de...