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Actualités - CHRONOLOGIE

Vient De Paraître- Naissances et morts de kamikazes en Palestine « Partage de l’infini », de Ramy Khalil Zein (photo)

Le combat israélo-palestinien. Un conflit en spirale qui déroule son cycle infernal. Les récents événements – retrait des colons de Gaza pour les réimplanter en Cisjordanie, tirs de roquettes, poursuite de l’édification du mur de la honte – remettent un tas de questions (aussi fondamentales qu’épineuses) sur le tapis. Et d’abord, le partage juste et équitable est-il possible ? Mais le partage de quoi au juste ? Ramy Khalil Zein propose que ce soit le Partage de l’infini, une expression poétique dont il a fait le titre de son roman paru aux éditions Arléa-1er Mille. Voilà donc des mini-portraits de protagonistes empêtrés dans le conflit, des petites histoires (se voulant équitables) dans la grande histoire des deux peuples qui s’arrachent cette parcelle de terre bénie par les dieux. Ce premier roman porte une charge dramatique très intense, « qui verse dans le mélodrame », pourront dire certains. Certes, mais n’est-ce pas là le lot, la destinée de ce peuple qui subit à tout instant mille et une entorses à son droit le plus élémentaire de vivre dans la dignité ? En un mot, d’exister en paix et de jouir d’un climat de liberté. Quoi qu’il en soit, l’écrivain libanais pose une question primordiale : comment vivre avec l’autre ? Première escale : se référer à une sage pensée de Wadsworth Longfellow qui ouvre ce livre : « Si nous pouvions lire l’histoire secrète de nos ennemis, nous trouverions dans la vie de chaque homme un chagrin et une souffrance suffisants pour désarmer tout hostilité. » S’il y a une grande partie de vérité dans cette citation, il n’en demeure pas moins que l’empathie pour le malheur d’autrui est parfois, souvent même, embrouillée par l’ampleur du drame personnel. Deuxième étape : reconnaître qu’on ne naît pas kamikaze, on le devient. Qu’est-ce qui a poussé Seyf à charger sa ceinture d’explosifs et à la faire détoner devant un convoi de soldats israéliens ? Ni un quelconque fanatisme, ni la croyance aveugle dans une cause nationaliste, ni la promesse de 70 vierges au paradis. La raison de son suicide qu’il a voulu collectif ? Le désespoir. « Sa vie privée lui servait de refuge contre le monde extérieur. Autant il avait désespéré de la situation politique, autant il s’investissait dans ses projets personnels. Or voilà que son territoire intime était à son tour assiégé, pris d’assaut, envahi. Son imaginaire était sous occupation. Il était exproprié de ses rêves. Prisonnier de son propre village, il voyait tous ses projets anéantis. » Par la suite, sa fiancée se fera également kamikaze, par amour. Le petit-neveu se retrouvera un jour, le plus naturellement du monde, à lancer des pierres et des cocktails Molotov contre l’occupant. Non pas pour venger son père mort d’une « crise cardiaque » dans une cellule, mais parce que les soldats et leurs barrages l’empêchent de voir la mer. De l’autre côté du mur, deux frères israéliens, l’un pacifiste, mais réserviste quand même. Et l’autre ardent défenseur du Grand Israël, sympathisant ultraorthodoxe et colon convaincu par sa démarche religieusement correcte. Même si c’est de paix que voudrait nous parler Ramy Khalil Zein, tous les problèmes de territoire, de souveraineté et de citoyenneté, de colonisation et de décolonisation, de richesse et de pauvreté, de rivalités religieuses et de distance culturelle, dont le conflit israélo-palestinien forme le concentré, restent sous-jacents. Mais même si le quotidien d’une famille palestinienne dans les territoires occupés semble fait le plus souvent d’humiliations, de violences et de peur, le livre pose une question qui recèle en elle-même le début d’un espoir : qu’est-ce qu’un ennemi ? Celui qui, à coup d’implantations et de harcèlements de toutes sortes, rend la vie difficile, voire impossible. Est-il si différent de nous ? Peut-on, à un moment, le considérer comme un semblable ? Maya GHANDOUR HERT

Le combat israélo-palestinien. Un conflit en spirale qui déroule son cycle infernal. Les récents événements – retrait des colons de Gaza pour les réimplanter en Cisjordanie, tirs de roquettes, poursuite de l’édification du mur de la honte – remettent un tas de questions (aussi fondamentales qu’épineuses) sur le tapis. Et d’abord, le partage juste et équitable est-il possible...