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LIBAN-SYRIE - Le trafic routier de nouveau perturbé aux frontières Les douaniers syriens affirment ne pas avoir confiance dans leurs homologues libanais

Une semaine après l’engagement pris par Damas de faciliter le trafic aux frontières avec le Liban, la circulation des biens et des personnes est de nouveau perturbée par des mesures vexatoires syriennes qui se traduisent par des contrôles draconiens. Ce retournement de situation est d’autant plus déplorable qu’à l’issue de la visite, il y a huit jours, du Premier ministre Fouad Siniora à Damas, la Syrie avait donné des instructions pour faciliter le trafic routier après un quasi-blocus de près d’un mois, motivé selon Damas par des impératifs de sécurité. La rencontre de M. Siniora avec les responsables syriens avait été immédiatement suivie d’une série de réunions regroupant le président du haut comité libano-syrien, Nasri Khoury, et les ministres libanais concernés, une initiative qui devait augurer une reprise du dialogue sur des bases solides. Malheureusement, la détente n’aura duré que quelques jours. Malgré les apparences, la visite de M. Siniora n’a, semble-t-il, pas levé les « inquiétudes » syriennes, les contrôles aux deux postes-frontières ayant repris de plus belle depuis quatre jours. Les mesures restrictives ne sont plus cependant du seul ressort des autorités syriennes, puisqu’à la frontière irakienne, les forces américaines et irakiennes ont bloqué dans le désert 700 camions syriens, empêchant leur retour en Syrie. C’est ce qu’a affirmé dimanche l’Organisation arabe des droits de l’homme en Syrie, qui a dénoncé ces mesures « imposées aux seuls camions syriens tandis que les camions irakiens et turcs franchissent aisément la frontière ». Les poids lourds syriens seraient bloqués depuis trois jours près du poste-frontière de Yaroubia, dans des conditions rendues difficiles par le manque d’eau et les températures extrêmes. Certains chauffeurs auraient été autorisés à passer après avoir versé de l’argent aux douaniers irakiens, ajoute l’OADHS. Cette dernière a en outre exhorté les organisations internationales et Amnesty International « d’exercer des pressions sur les forces étrangères en Irak pour les amener à respecter les dispositions du droit international et les conventions de Genève ». Aucun commentaire n’a pu être obtenu auprès des autorités militaires américaines ou irakiennes. Selon des routiers syriens contactés par l’organisation, le sentiment est qu’ils pourraient être retenus pour servir de « boucliers humains » à une base militaire américaine située à une quarantaine de mètres du poste-frontière. On ne sait pas encore si cette initiative à la frontière irako-syrienne est liée d’une manière ou d’une autre à la crise libanaise. La file de camions se reconstitue Retour donc au Liban où une centaine de poids lourds étaient à l’arrêt en rase campagne, dans le no man’s land qui sépare la frontière libanaise de Masnaa du poste syrien de Jdeidet Yabous. « Les contrôles se sont renforcés et les douaniers nous disent qu’ils ont reçu des ordres stricts de tout fouiller », affirme à l’AFP un conducteur jordanien, Abdallah Zeeni, qui transporte de l’électroménager et dont le véhicule attend depuis dimanche soir. Les contrôles qui, les dernières semaines, ciblaient les marchandises se sont étendus aux voyageurs pour qui il faut maintenant deux heures pour entrer en Syrie. L’engorgement est encore plus important à la frontière avec le Liban-Nord où des centaines de véhicules attendent sur le littoral. « Nous attendons depuis 24 heures de pouvoir passer une cargaison de ciment à destination de l’Irak. Heureusement qu’il ne s’agit pas de matières périssables. Ceux qui transportent de l’alimentaire ont rebroussé chemin », affirme un camionneur qui veut garder l’anonymat. À cette frontière également, les douaniers syriens affirment que l’engorgement est dû aux mesures de contrôle, selon les camionneurs. « Ils disent qu’ils n’ont pas confiance dans les douanes libanaises et qu’ils ont reçu des ordres de fouiller toutes les cargaisons », affirme l’un d’eux, Abou Anis. Le directeur général syrien du département des importations, Ghayth Dawalibi, a confirmé pour sa part, dans une déclaration au quotidien syrien as-Saoura, que la Syrie a de nouveau renforcé les mesures de contrôle. « À plusieurs reprises, des armes et des explosifs sont entrés en Syrie via le Liban, c’est pour cela que nous avons renforcé les contrôles et qu’il faut maintenant tout passer au peigne fin », a-t-il dit. Notons que selon les accords interarabes, les douaniers n’ont pas le droit de fouiller systématiquement le contenu des marchandises en transit, affirme un responsable douanier libanais qui a requis l’anonymat. Prié de commenter les propos de M. Dawalibi, le président de l’Association des industriels, Fadi Abboud, a affirmé « ne pas détenir d’informations à ce sujet ». « Toutefois, a ajouté M. Abboud, si ces informations s’avèrent vraies, il ne faut pas les garder secrètes. Il faut au contraire dévoiler l’identité des contrebandiers (d’armes) et ceux qui sont derrière eux et prendre des mesures à leur encontre. » M. Abboud a toutefois indiqué que les bouchons qui se sont constitués le week-end dernier aux postes-frontières « sont dus à un problème logistique et non pas politique ». À la question de savoir si l’Association des industriels comptait se rendre sur place pour suivre les développements, M. Abboud a précisé que « l’affaire n’est plus entre les mains des instances économiques, mais constitue désormais un dossier purement politique ». Signalons enfin que le ministre syrien de l’Information, Mahdi Dakhlallah, a reproché vendredi au Liban d’avoir « commencé à attirer les Frères musulmans (opposition syrienne) », et a mis en doute la capacité du nouveau gouvernement libanais à tenir ses « engagements » à l’égard de la Syrie. « Ces mesures sont contraires au traité libano-syrien qui prône que la sécurité de la Syrie est intrinsèquement liée à celle du Liban », a-t-il déclaré dans un entretien au quotidien ad-Diyar. Par ailleurs, et à l’issue de la réunion du Conseil des ministres qui a notamment abordé la question des frontières, Ghazi Aridi a indiqué qu’« un pas a été fait sur ce plan du point de vue technologique, le Conseil des ministres ayant été informé du don octroyé par le Japon à la Syrie afin d’assurer des équipements de surveillance ». Le gouvernement a en outre décidé l’achat de tels équipements afin d’accélérer les mesures de contrôle.
Une semaine après l’engagement pris par Damas de faciliter le trafic aux frontières avec le Liban, la circulation des biens et des personnes est de nouveau perturbée par des mesures vexatoires syriennes qui se traduisent par des contrôles draconiens. Ce retournement de situation est d’autant plus déplorable qu’à l’issue de la visite, il y a huit jours, du Premier ministre...