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Beiteddine - « Suenos », un ballet flamenco d’une farouche beauté Sara Baras : du feu sur scène ! (photos)

Du feu sur scène : comme une flamme ardente et vertigineuse, Sara Baras a embrasé samedi soir le public de Beiteddine. Lequel, comme un seul homme, s’est levé à la fin du spectacle pour l’ovationner, debout et longuement, et la retenir encore. Du presque jamais vu dans les annales de la scène au Liban, où l’on n’attend souvent pas la fin d’une performance pour quitter les lieux ! Magicienne, la Baras, qui a démontré avec Suenos (Rêves) que le flamenco n’est pas seulement une technique complexe, mais un art de la scène, où la passion à fleur de peau peut, sans renier la tradition, s’allier à une chorégraphie impeccable, pour envoûter et enrober d’une chape émotive toute une audience. Accompagnée de cinq danseuses, trois danseurs, cinq musiciens (deux guitaristes, deux percussionnistes et un violoniste) et d’un cantaor (chanteur), la danseuse et chorégraphe espagnole a présenté un ballet flamenco qui puise, dans ses pas et sa gestuelle, aux sources les plus pures du flamenco tout en s’ouvrant vers d’autres éléments qui le renouvellent et l’inscrivent dans une vision contemporaine. À l’instar des costumes d’une belle modernité, où les robes longues magnifiques des danseuses, parfois accompagnées de châles à longues franges, jouent la fluidité et la sobriété détrônant une fois pour toutes volants, pois et autres mantilles dentelées. Et de la musique, où des plages de violon classique s’immiscent en toute harmonie, parmi les jeux de guitares, les toques de palmas (les battements rythmés des mains) et les vibrations puissantes des complaintes tragiques ou violentes du « canto » traditionnel. Fougue et sensualité Douceur et force, voilà ce qui émane de cette artiste dont chaque geste est une ode à la fougue et à la sensualité. Lorsque Sara Baras danse, chaque fibre de son corps vibre aux incantations d’un chant profond. Cheveux gominés et tirés en arrière, taille de liane souple et regard de braise, qu’elle apparaisse en robe blanche évanescente, robe rouge sang, fourreau noir à traîne volantée ou pantalon et chaleco (gilet court), elle emporte le spectateur dans un tourbillon de cadences et de rythmes vertigineux. Souplesse de la cambrure et du déhanché, grâce des bras et des mains dessinant des arabesques en battement d’ailes. Puis fébrilité, violence des coups de talons, des pas serrés, stupéfiants de rapidité, de netteté et de nuances dans le martèlement. Elle passe alternativement par tous les registres de la fierté et de la passion. Incarnant aussi bien, dans de très beaux duos avec ses danseurs, les sentiments houleux de l’amour, sans cesse menacé par l’orgueil, la déchirure, la mort, que mime, en solo, souple et cambrée, toute la sensualité sauvage d’une scène de tauromachie. Infatigable, elle tient la scène une heure et demie, portant à bout de bras chacun des tableaux présentés, tantôt dominant le spectacle, dans des solos époustouflants de virtuosité, tantôt se fondant parmi les danseuses – toutes en chignons et créoles – qui, elles, semblent défier le public du regard, avant de l’éblouir par la vivacité de leurs pas. Mais encore, cédant la scène aux danseurs, fiers et virils, comme des toreros, ou véhéments et passionnés comme des personnages de vendetta. Une dernière pièce où elle joue du jupon, frémit des talons et hypnotise telle une fleur carnivore et ensorcelante, suivie d’une danse de groupe accompagnée d’un « cante » tétanisant, et la voilà qui salue le public. Ce dernier, complètement sous le charme, en redemande. Et c’est sous les vivats et le bouquet de roses en main, qu’elle improvise avec l’ensemble de sa troupe une juergo, cette fête dansée et chantée spontanément, qui exprime toute la joie fébrile et violente du flamenco de Sara Baras. Un art vivant, porté par une danseuse qui possède le charisme d’une vraie star. Zéna ZALZAL

Du feu sur scène : comme une flamme ardente et vertigineuse, Sara Baras a embrasé samedi soir le public de Beiteddine. Lequel, comme un seul homme, s’est levé à la fin du spectacle pour l’ovationner, debout et longuement, et la retenir encore. Du presque jamais vu dans les annales de la scène au Liban, où l’on n’attend souvent pas la fin d’une performance pour quitter...