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L’apprentissage du dialogue

On peut ne pas être d’accord avec le contenu du discours du général Michel Aoun, jeudi dernier, au Parlement (et c’est visiblement le cas de certaines parties politiques), mais il a au moins l’avantage d’avoir provoqué un débat sur des questions jusque-là restées taboues. La polémique soulevée autour du dossier des personnes qui se sont réfugiées en Israël peut sembler excessive, violente, et même laisser croire que les clivages s’élargissent entre les Libanais. Mais elle pourrait aussi être le début de l’exercice d’une démocratie réelle, permettant aux différentes parties d’avoir des avis divergents, sans que cela ne se transforme en édification de barricades sur le terrain. C’est d’ailleurs une expérience à laquelle les Libanais aspirent depuis longtemps, même si les spectres du passé n’ont pas encore totalement disparus et si la crainte insidieuse d’éventuels affrontements continue de hanter leur mémoire. Le grand mérite du général de retour d’exil est de croire justement que le Liban entame une nouvelle étape sur la voie de la démocratie et de forcer par là même les Libanais à affronter leurs démons pour tenter de les exorciser. C’est donc sans complexes et en toute franchise qu’il aborde publiquement des thèmes que l’on se contentait jusque-là d’effleurer. Il n’éprouve pas le besoin d’attendre des jours plus calmes, voire une situation stabilisée, ayant aussi le devoir de montrer à tous ceux qui lui ont fait confiance et qui appuient son discours réformateur qu’il compte exercer pleinement son rôle de chef de bloc parlementaire de l’opposition. Il veut aussi prouver que sa présence à la Chambre est destinée à donner une nouvelle impulsion à la vie parlementaire. Mais soulever un problème ne signifie nullement imposer son opinion et le général Aoun a posé une problématique dont il faut débattre en toute sincérité, au lieu de s’empresser de crier à la trahison. Il est certain que dans un Liban aussi démuni sur le plan de la sécurité, pratiquement ouvert à tous les (mauvais) vents, l’arrivée de personnes ayant passé près de cinq ans en Israël, et qui ont pu être soumises à l’influence des services israéliens, peut paraître inquiétante et mérite qu’on y réfléchisse longuement. Mais la levée des boucliers est le contraire du dialogue. Or c’est bien au dialogue sur tous les sujets épineux que le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, a appelé dans ses discours publics. Reste donc à traduire le contenu de ces discours en pratique. Que chaque partie développe donc ses arguments, au lieu de se cantonner dans des positions de principe, et que le débat soit à la hauteur de l’attente de ceux qui aspirent à la démocratie. Mais il semble que pour certaines parties, débattre nécessite une réflexion et donc un grand effort, alors qu’il est tellement plus facile de condamner, de rejeter et de fermer les portes à tout échange véritable. Après les années de tutelle, c’est peut-être par l’apprentissage du dialogue véritable qu’il faudrait commencer. Et si l’évocation du retour des personnes réfugiées en Israël a provoqué une telle tempête dans certains milieux politiques, que serait-ce lorsqu’il s’agira de parler sérieusement des armes de la Résistance ? Scarlett HADDAD

On peut ne pas être d’accord avec le contenu du discours du général Michel Aoun, jeudi dernier, au Parlement (et c’est visiblement le cas de certaines parties politiques), mais il a au moins l’avantage d’avoir provoqué un débat sur des questions jusque-là restées taboues. La polémique soulevée autour du dossier des personnes qui se sont réfugiées en Israël peut...