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Actualités - REPORTAGE

Le grand bâtisseur est décédé avant-hier L’héritage remarquable de Pierre el-Khoury, pionnier de l’architecture contemporaine libanaise (photos)

Cheikh Pierre el-Khoury nous a quittés sans faire de bruit, discrètement, comme seuls les hommes doués d’une autorité naturelle savent le faire. Mais avant de disparaître, ce grand maître philosophe de l’architecture contemporaine libanaise, ancien ministre des Travaux publics, du Transport et de l’Agriculture sous le mandat d’Amine Gemayel, a lancé un véritable coup de poing dans le paysage architectural libanais : l’immeuble Borj el-Ghazal, la Banque du Liban et d’Outre-Mer, le siège de l’Escwa, les bureaux d’an-Nahar, le Park View… Méthodiquement, il a construit sa mémoire en inscrivant son style dans de magnifiques réalisations dont la basilique Notre-Dame, à Harissa, un des projets les plus audacieux des années 70. Le beau et l’esthétique étaient sa mission. Son pari : la création dans l’innovation. Sa réussite, construite sur des choix de passion et de raison, a tout aussi l’éclat du verre, de l’aluminium ou de l’or, couleur de la pierre ocrée que revêtent les vieilles bâtisses qu’il affectionnait particulièrement. Membre fondateur de l’Apsad, il a mené avec brio sa bataille pour la protection des sites et anciennes demeures qui « tiennent au passé d’une nation et, à ce titre, font partie intégrante de son patrimoine. En les restaurant, on conserve une valeur à la fois sentimentale, esthétique et historique ; un souvenir tangible où se cristallisent les normes d’une civilisation révolue qui sont au départ d’une évolution », disait-il. Pour ne citer que quelques exemples à ce propos, cheikh Pierre el-Khoury a été conseiller pour la restauration des vieilles églises du Chouf, concepteur de la bibliothèque et du jardin ottoman du palais de Moukhtara ; il a également signé l’étude du projet urbain de la vieille ville de Tyr et, grâce à lui, la cathédrale Saint- Georges des maronites au centre-ville a retrouvé sa version originale de 1894. Assem Salam, président de l’Apsad et ancien président de l’Ordre des architectes et ingénieurs, témoigne : « Nos routes se sont croisées à plusieurs niveaux, comme architectes en premier lieu, mais aussi dans le respect inconditionnel d’une culture incontournable et un humanisme d’une finesse irréprochable. La perte de Pierre el-Khoury laissera sûrement un grand vide, notamment dans l’évolution et le progrès de l’architecture contemporaine libanaise. C’est la perte d’un leader dans son domaine, une perte très difficile à remplacer. Personnellement, j’ai perdu un ami dans la pensée, un pionnier de l’architecture libanaise contemporaine et un partenaire dans la lutte pour la sauvegarde d’un Liban qu’on a tous les deux aveuglément aimé. » L’architecte Antoine Maamary ajoutera que « toujours conscient de son attachement aux racines culturelles du Liban, cheikh Pierre el-Khoury a maintenu la fraîcheur et la jeunesse de sa vision en s’intéressant continuellement aux nouvelles tendances de l’architecture dans le monde. D’où un certain “éclectisme” que l’on constate dans son œuvre mais où l’on retrouve toujours la continuité dans la finesse de sa sensibilité à son pays. Il laisse en héritage un exemple remarquable pour toute une génération de jeunes architectes ». May MAKAREM
Cheikh Pierre el-Khoury nous a quittés sans faire de bruit, discrètement, comme seuls les hommes doués d’une autorité naturelle savent le faire.
Mais avant de disparaître, ce grand maître philosophe de l’architecture contemporaine libanaise, ancien ministre des Travaux publics, du Transport et de l’Agriculture sous le mandat d’Amine Gemayel, a lancé un véritable coup...