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Cimaises - Sur les pas de Matisse et Derain Il y a cent ans, les « fauves » rugissaient à Collioure (photo)

Matisse cherchait à rompre avec le pointillisme, Derain voulait se consacrer entièrement à la peinture: les deux «fauves» enflammèrent le petit port catalan de Collioure à l’été 1905. Jusqu’au 2 octobre, le musée départemental d’art moderne de Céret (Pyrénées-Orientales) et le Château royal de Collioure célèbrent, à travers deux expositions, le centenaire de cette fameuse année où l’on parla pour la première fois de «fauvisme». C’était au Salon d’automne de 1905 et la critique se déchaîna contre cette «orgie des tons purs», cette «cage aux fauves», même si le mouvement pictural existait depuis 1899, porté par de jeunes artistes exaltant la couleur pure. Henri Matisse (1869-1954) arrive à Collioure le 16 mai 1905, désireux d’échapper au néo-impressionnisme, cette juxtaposition de petites touches de peinture formant des mosaïques vivement colorées qu’il a partagée avec Signac l’été précédent. Le jeune et audacieux André Derain (1880-1954), malgré la réticence de ses parents qui redoutent de le voir «se pavaner à leurs dépens», rejoint son aîné de onze ans début juillet. Deux mois d’une étroite collaboration débouchent sur un embrasement qui abolit la perspective et les valeurs de l’art classique. «Matisse-Derain, Collioure 1905, un été fauve» que présente le musée de Céret, nous incite à travers plus de 200 œuvres – peintures, sculptures, dessins, photographies – à nous rendre sur les lieux qui les ont tant inspirés. Dès la première salle, les Toits de Collioure de Matisse (musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg) saisissent par leur flamboiement – rouge, fuchsia, vieux rose – en touches fractionnées, tandis que Vue de Collioure de Derain, avec son orangé et sa complémentaire bleue, est traité en plus larges aplats. Baie du port d’Avall, plage du Voramar, crique de la Moulade, bateaux de pêche, les tableaux dialoguent tout au long de l’exposition, sans qu’on sache qui, de Matisse ou de Derain, a le plus influencé l’autre dans la jubilation de la couleur. Dans les deux Paysage à Collioure, Derain poursuit, en soulignant le tracé des troncs et les lignes de crêtes, le cloisonnement d’artistes comme Van Gogh, Cézanne ou Gauguin, alors que Matisse ne décrit aucun espace délimité. Même les dessins de Matisse restituent, d’un léger zigzag, toute la vibration d’un coucher de soleil: «Ce qui compte le plus dans la couleur, ce sont les rapports. Grâce à eux seuls, un dessin peut être intensément coloré sans qu’il soit besoin d’y mettre de la couleur», écrira-t-il en 1945. Derain, lui, évoque leur nouvelle conception de la lumière: «Ici, les lumières sont très fortes, les ombres très claires. L’ombre est tout un monde de clarté et de luminosité. Dans l’avenir, pour la composition, c’est un regain d’expression.» En parallèle, l’exposition «Matisse et ses amis, Collioure 1905-1906», au Château royal de Collioure, plus intimiste, témoigne de l’amitié nouée entre l’artiste et certains de ses contemporains: Maillol, Manguin, Camoin, Terrus, Marquet, Monfreid. Avec, en point d’orgue, Le Port d’Avall, prêté par les héritiers de Matisse, une œuvre magistrale. L’exposition s’accompagne d’un catalogue collectif Matisse-Derain, Collioure 1905, un été fauve, publié par les éditions Gallimard, ainsi que d’un hors série, Découvertes Gallimard, qui nous remet plus précisément dans les pas de Matisse et Derain.
Matisse cherchait à rompre avec le pointillisme, Derain voulait se consacrer entièrement à la peinture: les deux «fauves» enflammèrent le petit port catalan de Collioure à l’été 1905.
Jusqu’au 2 octobre, le musée départemental d’art moderne de Céret (Pyrénées-Orientales) et le Château royal de Collioure célèbrent, à travers deux expositions, le centenaire de cette fameuse...