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Actualités - OPINION

Le désarmement du Hezbollah et des Palestiniens, une bombe à retardement

Comme dans un pays pour ainsi dire neuf il y a tout à faire, c’est l’encombrement, côté priorités. Dans le prolongement du climat politique électoral, les professionnels soutiennent que la nouvelle Assemblée va tout d’abord se consacrer à élaborer une loi électorale équitable. Mais à tout moment, le dossier du désarmement du Hezbollah et des Palestiniens peut prendre le pas sur toute autre préoccupation. Surtout si la flambée de mercredi dernier devait se répéter au Sud. Ou encore si divers développements houleux survenaient dans la région. Car cette question est étroitement liée au conflit israélo-arabe et à tous les volets qui en découlent, ainsi qu’à toute la problématique internationale articulée sur le Moyen-Orient. Partant de là, la loi électorale n’offre que des perspectives locales. Tandis que le désarmement, ou la 1559 si l’on préfère, entraîne des calculs, des stratégies d’ordre extérieur aussi bien qu’intérieur. Cela bien que les Libanais soient unanimes à réclamer qu’on les laisse s’occuper seuls de régler le problème. Les solutions proposées étant du reste divergentes. Mais ils espèrent, disent-ils en chœur, parvenir à un compromis par un dialogue à tête reposée. Cependant, même s’ils devaient parvenir à un consensus, il est possible que cela ne convienne pas au Conseil de sécurité de l’Onu. Surtout si les Libanais devaient lier le désarmement du Hezbollah au retrait israélien de Chebaa. On sait en effet que pour l’Onu, cette enclave n’est pas libanaise mais syrienne, et se trouve soumise dès lors aux dispositions de la 242, non de la 425 qui, toujours selon la légalité internationale, a été complètement appliquée par la création de la ligne bleue en l’an 2000. Une ligne qui sert de frontière provisoire, en attendant la conclusion d’un accord de paix. De même, le Conseil de sécurité refuserait presque à coup sûr que le désarmement des camps palestiniens soit conditionné à la fois par la conclusion de la paix et par le retour des réfugiés dans leurs foyers d’origine, en application de la résolution numéro 194. Mais sans même aller jusque-là, à supposer qu’on fasse aux Libanais le cadeau de les laisser tenter de régler entre eux le problème du désarmement, il n’est pas impossible qu’ils n’arrivent pas à s’entendre. Dans ce cas, les États-Unis, et le Conseil de sécurité dans leur sillage, exigeraient l’application de la 1559, telle quelle, sans arrangements, dans les meilleurs délais. Comme les Libanais seraient divisés, la stabilité intérieure pourrait s’en trouver menacée, ainsi que cela s’était produit jadis au sujet de la présence armée palestinienne, avec les conséquences néfastes que l’on sait. Certains soutiennent que le désarmement du Hezbollah ne peut être fait avant la récupération de Chebaa. Le député Walid Joumblatt avait, pendant un certain temps, posé la question : Et après Chebaa ? Maintenant, il réclame l’annulation de la 1559 pour que la situation libanaise n’ait plus rien à voir avec les USA ni avec le Conseil de sécurité. D’autres soutiennent qu’il ne faut pas désarmer le Hezbollah tant que le danger israélien persiste. Ce qui revient à dire qu’il faut attendre la paix définitive. Quant aux Palestiniens, beaucoup affirment qu’on peut régler la question avec l’Autorité palestinienne, à qui revient la responsabilité de décider du sort des armes de la résistance palestinienne, à l’intérieur des territoires autonomes comme au-dehors. De même qu’il lui incombe de décider du retour, à la lumière des négociations de paix. Mais, bien entendu, toutes les thèses en faveur du maintien de l’armement du Hezbollah comme des Palestiniens se heurtent non seulement à la logique d’État mais aussi, et surtout, à la légalité internationale, qui a exprimé sa volonté, nettement, à travers la 1559. Prétendre que ces questions ne concernent que les Libanais est tout simplement irréaliste. Tandis que les pressions internationales, politiques et éventuellement économiques, pour que l’État libanais déploie ses forces régulières à la frontière, après application de la 1559, sont pour leur part bien réelles. Et d’autant plus accentuées que l’Onu a imputé la dégradation de mercredi dernier au Hezbollah, même si la transgression israélienne a également été dénoncée. Certains proposent, comme solution médiane, que l’armée libanaise soit déployée à la frontière, tandis que le Hezbollah garderait ses armes dans les villages en retrait. Mais, évidemment, il est douteux que la communauté internationale ferme les yeux sur ce subterfuge. Car ce que la 1559 exige, très clairement, c’est avant tout le démantèlement des milices, en classant les combattants du Hezbollah dans cette catégorie, malgré les dénégations de l’État libanais qui affirme qu’il ne s’agit pas d’une milice, mais d’une résistance. Par contre, une autre solution médiane consistant à intégrer, d’une manière ou d’une autre, les résistants à l’armée ne trouverait probablement pas d’objection du côté de la légalité internationale. Émile KHOURY
Comme dans un pays pour ainsi dire neuf il y a tout à faire, c’est l’encombrement, côté priorités. Dans le prolongement du climat politique électoral, les professionnels soutiennent que la nouvelle Assemblée va tout d’abord se consacrer à élaborer une loi électorale équitable. Mais à tout moment, le dossier du désarmement du Hezbollah et des Palestiniens peut prendre...