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Actualités - CHRONOLOGIE

Société - Une satire de Poutine née sur le net, « Vladimir Vladimirovitch », sort en librairie Maxime Kononenko, alias « M. Parker », « chroniqueur d’une période arrêtée »…

Maxime Kononenko, figure de l’Internet russe sous le nom de « M. Parker » et auteur de chroniques humoristiques sur le président russe Vladimir Poutine, les publie dans un recueil, qu’il voit comme une « épopée » mythique des aventures de Vladimir Vladimirovitch. « Cela me plaît d’avoir écrit une épopée. Car nous manquons d’épique en Russie », rit ce Moscovite de 34 ans, lunettes dorées et cheveux mi-longs ondulés, sirotant une bière sur une terrasse de la rue Tverskaïa, non loin du Kremlin. Alors que le paysage audiovisuel russe est dénué d’émissions satiriques politiques, les chroniques du site www.vladimir.vladimirovich.ru (des nom et patronyme de son héros présidentiel), star de l’Internet russe avec 20 000 visites quotidiennes, assure-t-il, sont réunies dans un pavé de près de 700 pages, tiré à 50 000 exemplaires par l’éditeur Kolibri. En vente depuis la mi-juin, Vladimir Vladimirovitch, avec, en couverture, un perroquet à deux têtes à la place de l’aigle impérial emblème de la Russie, est en tête des ventes du site Ozone, premier vendeur en ligne de livres en Russie. Débutées un matin d’octobre 2003 pour s’achever en mars 2005, les aventures de Vladimir Vladimirovitch montrent un président russe regardant impuissant à la télévision les enterrements des otages de Beslan le 8 septembre 2004 ou enrageant contre « la révolution orange » en Ukraine à l’automne 2004. Mettant en scène son héros dans des situations décalées, l’auteur imagine ainsi le 22 décembre 2003 une partie de dominos disputée en prison avec l’ex-PDG de Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, durant laquelle Vladimir Poutine confie l’avoir fait emprisonner « pour l’empêcher d’acheter Disneyland ». Il parodie quelques jours plus tard la séance télévisée de questions-réponses du président en l’imaginant interrogé sur la possibilité d’un scandale à la Monica Lewinsky en Russie, où il répond : « Pourquoi pensez-vous que nous ayons mis la télévision sous contrôle ? » Pas de velléité d’opposition Mais s’il ridiculise Vladimir Poutine, Maxime Kononenko ne cache pas son admiration pour son héros et se défend de toute velléité d’opposition. Son livre est préfacé par Gleb Pavlovski, un politologue proche du Kremlin. Il l’a d’ailleurs distribué au Kremlin. « Je leur ai apporté le livre à sa sortie dans deux grands cartons. Et ils en redemandent », dit-il. « Il y a deux théories sur mon compte : ceux qui pensent que je suis contre Poutine, et ceux qui pensent que je suis le petit chien de Poutine car dans mes histoires, le pouvoir apparaît humain. » « Moi, je ne suis pas du tout d’opposition. Je me sens bien en Russie, ce pouvoir me convient », dit Maxime Kononenko, ancien programmeur devenu journaliste « par hasard » et qui se dit « apolitique ». « Poutine a fait une chose très simple. Il a dit “On arrête tout”. Car sous Eltsine, tout changeait tout le temps, les gens ne savaient plus quoi faire. Il nous a permis de nous arrêter et de respirer après la chute de l’URSS », ajoute ce « chroniqueur d’une période arrêtée », pour qui la clef pour comprendre la Russie de Vladimir Poutine est la soif de consommation. « Les gens en Russie ne s’inquiètent pas de pouvoir s’exprimer librement, mais de pouvoir s’acheter une voiture ou une maison avec un crédit pas cher », poursuit Maxime Kononenko. Aujourd’hui, le chroniqueur de Poutine se dit fatigué, mais résigné à continuer ses chroniques jusqu’en 2008, année de la présidentielle en Russie, à laquelle Vladimir Poutine ne peut se représenter à moins de modifier la Constitution. « Après 2008, Vladimir Vladimirovitch ira à la pêche. Ça fait longtemps que je veux écrire une histoire sur lui à la pêche. Mais il y a toujours des événements qui m’en empêchent », conclut-il.

Maxime Kononenko, figure de l’Internet russe sous le nom de « M. Parker » et auteur de chroniques humoristiques sur le président russe Vladimir Poutine, les publie dans un recueil, qu’il voit comme une « épopée » mythique des aventures de Vladimir Vladimirovitch.
« Cela me plaît d’avoir écrit une épopée. Car nous manquons d’épique en Russie », rit ce Moscovite de 34 ans,...