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Une indépendance piégée

Il serait vain de nier le désenchantement qui a succédé aux espoirs suscités par la soudaine sortie des Syriens. Trop de basses manœuvres, trop de mensonges ont accompagné le nouvel élan de ce pays déshabitué de gérer son destin. S’affranchir d’un régime de tutelle aussi oppressif suppose une transition qui ne peut s’effectuer sans flottement. Le processus ne peut guère se limiter à organiser et à réussir des élections législatives surtout lorsque celles-ci portent encore les tares d’une lourde hérédité. L’apprentissage de la souveraineté est un exercice d’autant plus difficile qu’il est malheureusement en grande partie dévolu à une classe politique à peine émergée des eaux troubles du déshonneur. Comment, en effet, obtenir d’individus qui ont troqué volonté et dignité contre le honteux privilège de manger dans la main de l’occupant, comment obtenir d’eux le simple fait de penser par eux-mêmes et a fortiori de penser librement et honnêtement ? Comment croire que, par le seul effet de leur maintien en place ou de leur réélection, ils se sont métamorphosés, à point nommé, en protagonistes de réformes dont ils ne connaissent les principes ni les rouages et auxquelles ils se sont toujours opposés ? Quant aux nouveaux venus, pour ne rien dire de leur inexpérience, ils sont pour la plupart, eux aussi, soumis soit à un caporalisme borné qui se veut infaillible, soit au pouvoir enturbanné d’une idéologie belliciste et non moins infaillible. En outre, quelques hommes d’envergure qui n’ont pas été souillés par la double pollution syrienne et mercantile ont été écartés par une lame de fond trop aveugle pour séparer le bon grain de l’ivraie. Ainsi la liberté recouvrée à la faveur d’une conjonction providentielle de circonstances internes et externes se trouve apparemment obstruée par une épaisse couche de caciques et de novices appelés à répondre aux vœux d’une nation assoiffée de renouveau. Cette nation qui a offert au monde la preuve de sa détermination et de sa force à revendiquer le changement compte malgré tout dans ses rangs assez de femmes et d’hommes compétents et intègres pour assumer les lourdes tâches qui sont désormais à la charge du pays. Il appartient aux nouveaux responsables, qu’ils soient resurgis du passé ou qu’ils aient jailli du présent, de réaliser l’importance des enjeux qui les attendent et les risques de dérive qui les menacent pour peu qu’ils cèdent à la tentation de la facilité. Tout l’avenir tient dans le degré de crédibilité et de confiance inspirées par la prochaine distribution des charges. Il faut espérer que la jeune majorité, qui a maintenant toute latitude pour faire accepter ses choix, ait assez de sagesse et assez de volonté pour éviter au pays de s’égarer dans la voie malsaine des républiques bananières. Et cela en dépit du spectacle peu prometteur que nous offre aujourd’hui le paysage politique. Michel B. EL-KHOURY

Il serait vain de nier le désenchantement qui a succédé aux espoirs suscités par la soudaine sortie des Syriens. Trop de basses manœuvres, trop de mensonges ont accompagné le nouvel élan de ce pays déshabitué de gérer son destin. S’affranchir d’un régime de tutelle aussi oppressif suppose une transition qui ne peut s’effectuer sans flottement. Le processus ne peut guère se...