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Les candidats maronites et sunnites élus d’office dans les deux circonscriptions du Sud La « sécurité » au lieu du « changement », c’est ce qu’ont décidé Amal et le Hezbollah (photo)

Réédition du scénario de Beyrouth ou mise en scène spéciale ? Les élections législatives qui se dérouleront demain dans les deux circonscriptions du Liban-Sud n’ont pas encore livré tous leurs secrets, même si les résultats semblent connus d’avance. En tout cas, devant les permanences des deux grandes formations chiites de cette région, Amal et le Hezbollah, les bus sont déjà prêts à emmener les 669 758 électeurs inscrits vers les 1 257 bureaux de vote. Le rouleau compresseur n’a jamais aussi bien fonctionné, le Sud ressemblant à une sorte d’îlot dans un Liban en plein bouleversement. Ici, les élections 2005 semblent une copie conforme de celles de 2000, sur le plan des alliances politiques et des équilibres confessionnels, comme si rien ne s’était passé au Liban au cours de ces quatre derniers mois. Par quel mystère le Sud a-t-il réussi à rester à l’abri du vent de changement qui souffle sur le reste du Liban ? À l’actif des deux grandes formations chiites, il faut relever que dès l’assassinat de Rafic Hariri et alors que les chiites étaient plus ou moins pointés du doigt par les autres communautés libanaises, car ils ne participaient pas aux manifestations de l’indépendance, Amal et le Hezbollah se sont empressés de conclure une alliance solide pour éviter tout effritement de la communauté. Et cette fois, les deux formations ont agi de leur propre initiative, sans attendre, comme cela se passait auparavant, des directives en ce sens du tuteur syrien. Amal et le Hezbollah ont pensé avant tout à maintenir la communauté chiite et le Sud, région particulièrement sensible en raison de la proximité d’Israël, hors d’atteinte du cyclone, et ils ont peaufiné une liste avec un partage équitable des zones d’influence et des rôles entre eux. Cette alliance a porté ses fruits sur le plan électoral, d’abord parce qu’elle est suffisamment puissante pour dicter sa volonté au Sud, mais aussi parce que les deux formations ont une représentativité réelle au sein de la communauté. Même si tous les chiites ne sont pas affiliés à Amal ou au Hezbollah, une bonne partie d’entre eux tournent dans leur orbite. Enfin, il faut malheureusement le dire, l’opposition chiite, comme l’opposition en général, n’a pas réussi à s’entendre pour présenter des listes qui pourraient rivaliser avec celles d’Amal et du Hezbollah. Cette opposition, qui présente des candidats isolés, se répartit en trois grandes tendances : les traditionnels, à la limite de la féodalité, comme la famille de Kamel el-Assaad ; les libéraux, à leur tête Riad el-Assaad ; et les communistes et autres anciens de la gauche, à leur tête le PCL et le groupe de Habib Sadek. Unies, ces forces auraient pu constituer une menace réelle pour la grande liste. Mais en candidats indépendants, face à la gigantesque machine des deux partis, ils ne pourront pas faire grand-chose. Le poids lourd chiite et les poids plume chrétien, sunnite et druze En principe donc, la liste Amal-Hezbollah, qui regroupe des candidats proches du PSP et des membres du parti Baas prosyrien et du PSNS, devrait rafler tous les sièges des deux circonscriptions du Sud et obtenir 23 députés au sein du nouveau Parlement. Techniquement, la répartition est la suivante : la première circonscription, qui regroupe Saïda, Zahrani, Tyr et Bint Jbeil, a 384 814 électeurs inscrits et douze sièges : deux sunnites, neuf chiites et un grec-catholique. Dans cette circonscription, il est évident que le vote chiite est le plus important. Mais comme les candidats de la grande liste sont quasiment assurés de la victoire, alors que les deux sunnites, Bahia Hariri et Oussama Saad, sont élus d’office, les électeurs chiites et sunnites pourraient ne pas se rendre massivement aux urnes. Ce qui pourrait donner une chance (minime) au candidat grec-catholique aouniste, Fawzi Abou Farhat, qui, de toute façon, a présenté une candidature de principe pour confirmer la tendance du courant aouniste à s’étendre sur l’ensemble du territoire, conformément à son programme national. Quant à la seconde circonscription, elle regroupe les cazas de Marjeyoun, Hasbaya, Nabatiyeh et Jezzine, avec 284 944 électeurs inscrits et onze sièges : cinq chiites, deux maronites, un druze, un grec-catholique, un grec-orthodoxe, un sunnite. Jusqu’à présent, les deux maronites de Jezzine, Samir Azar et Pierre Serhal, ainsi que le grec-catholique du même caza, Antoine Khoury, ont été élus d’office. Le candidat sunnite, Kassem Hachem, membre du parti Baas, aussi. Mais même si les autres candidats ont des rivaux, notamment Élias Abou Rizk contre Assaad Hardane (PSNS), les chances des outsiders d’emporter les sièges sont quasiment inexistantes. Même si les chiites ne votent pas massivement, cela ne changera rien pour eux. Dans cette circonscription, à part le caza de Jezzine, où il n’y aura pas de bataille, les chrétiens ont un poids politique assez faible, le Sud continuant à être globalement sous la houlette des forces politiques chiites. Et dans tout le caza de Marjeyoun et Hasbaya, il n’y a qu’un siège grec-orthodoxe qui devrait revenir à Assaad Hardane, sauf si, contre toute attente, l’ancien président de la centrale syndicale Élias Abou Rizk parvient à faire une percée. Mais de l’avis de tous les observateurs, les dés sont pratiquement jetés au Liban-Sud, où les élections ressembleront plus à la confirmation d’un choix politique qu’à un véritable processus démocratique. Si, à Beyrouth, le vote en faveur de la liste Hariri s’explique par un vaste élan de solidarité avec cette famille après la perte de l’ancien Premier ministre, au Sud c’est la peur de l’inconnu, avec la campagne internationale en faveur de l’application de la 1559, et la perspective d’un éventuel désarmement du Hezbollah et des nombreux camps palestiniens de la région, qui a poussé les différents protagonistes à choisir un rassurant statu quo. Un semblant de sécurité au lieu d’un processus démocratique ? L’équation a certainement été difficile pour les habitants du Sud, mais ils n’ont probablement pas eu leur mot à dire. Et ce n’est pas demain que cela changera. Scarlett HADDAD
Réédition du scénario de Beyrouth ou mise en scène spéciale ? Les élections législatives qui se dérouleront demain dans les deux circonscriptions du Liban-Sud n’ont pas encore livré tous leurs secrets, même si les résultats semblent connus d’avance. En tout cas, devant les permanences des deux grandes formations chiites de cette région, Amal et le Hezbollah, les bus...