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Actualités

Initiative- La Librairie Orientale, un lieu de passage Lire, un plaisir à redécouvrir (photo)

À l’heure où de nombreuses librairies déposent leur bilan, somme toute assez négatif, et des années d’efforts parties en vain, semble-t-il ; à l’heure où les « supermarchés » du livre, au Liban comme dans le monde, tentent d’occuper toute la place ; à l’heure enfin où les Libanais lisent de moins en moins, la Librairie Orientale a choisi d’aller à contre-courant du pessimisme ambiant. Pour redonner au lecteur le goût de la lecture. Lire est un plaisir en solitaire, un voyage pour pas cher, un bonheur immédiat que nos temps modernes nous ont fait un peu trop délaisser. C’est souvent « pas le temps » de lire, pas assez d’argent, plus l’habitude. Pour toutes ces raisons et malgré les nombreux efforts déployés par de nombreux libraires, actifs et présents sur le marché local depuis des années, de véritables institutions ont quitté ce métier, qui était devenu pour eux une grande passion. Avec, quelque part, un amer goût d’échec. Maroun Nehmé, directeur de la Libraire Orientale, a préféré miser sur l’avenir, sur un changement dans les habitudes des gens. À condition de leur offrir la possibilité de le faire. C’est pour cette raison, parmi d’autres, qu’il a choisi en 2003 de s’installer à la rue Hamra ; de rénover les locaux d’Achrafieh et de profiter de leur fermeture provisoire pour ouvrir, le 1er mai, son nouvel espace-librairie à Sin el-Fil. « Nous avons voulu créer, dès le départ, une librairie de détail. Nous avons tiré profit du terrain en installant dans ce même espace, et c’est un luxe, nos bureaux et nos dépôts. » Un espace moderne « Sin el-Fil, poursuit Maroun Nehmé, est un cas d’école, où il est question de réussir un projet hors du circuit. Une attraction suffisante en elle-même et qui peut réussir, par elle-même. » À 5 minutes de « la ville » et loin de ses vacarmes, le décor de cette nouvelle librairie est planté. « Nous voulions un lieu accessible, qui permette aux gens de garer facilement leur voiture ; un lieu où ils peuvent prendre le temps de regarder, choisir, venir et revenir. » Passeur de culture La bâtisse moderne s’étale sur 3500 m2. Elle s’élève sur 5 niveaux et réunit livres scolaires et parascolaires, livres d’art, d’histoire du Liban, des religions, ouvrages divers et autres romans. « On dit que le libraire est un passeur de culture, nous ne sommes pas que des passeurs. Nous pouvons créer des lieux où les gens prennent un moment de leur journée pour en faire autre chose, voler ce moment à leur quotidien. Si un acte volontaire n’est pas là, on ne le fera jamais. La tendance actuelle, poursuit-il, est au passage accidentel où l’on fait partie d’une culture d’ambiance sans être cultivé. Le lecteur ne doit pas être un objet-lecteur, représentant passif et consentant d’une réalité, mais un sujet lecteur. » Outre les différents niveaux où les livres sont exposés et répertoriés par genre, le dernier étage est consacré à des signatures de livres, des expositions, des réunions culturelles et divers événements. « Je ne suis pas prêt à inviter n’importe qui, je voudrais garder un choix de manifestations et permettre, dans cet espace, dialogues et interactions. » Débattre des sujets d’actualités, discuter d’un livre ou simplement se retrouver font également partie d’une bonne librairie, selon Maroun Nehmé, très conscient de la mentalité actuelle des Libanais, de leurs possibilités et de leurs limites. « On achète aujourd’hui le roman à la mode, les ouvrages politiques à la mode, beaucoup de magazines et tout ce dont on parle. Ces achats sont spontanés, non fouillés. Ils dénotent un niveau qui ne s’améliore pas et qui n’arrange pas les choses du côté du libraire. Une situation qui nous oblige à faire un effort supplémentaire pour inciter le public à faire un effort afin qu’il se retrouve dans la moyenne haute.» Optimiste tout en demeurant pragmatique, son expérience dans le domaine en est la meilleure raison, il conclut enfin : « Je pars d’une constatation, un acte de foi. Je n’ai pas une vision pessimiste. Notre marché est petit et ne ressemble en rien au marché européen. Je pense qu’il y a encore dans ce pays un grand nombre de lecteurs réels et potentiels, et pas seulement des gens cultivés, capables de saisir le message que nous sommes en train de leur envoyer. Quand les gens découvrent un lieu, nous nous devons d’être à la hauteur de leur attente.» Et le lecteur potentiel à la hauteur de tous ces efforts. Carla HENOUD
À l’heure où de nombreuses librairies déposent leur bilan, somme toute assez négatif, et des années d’efforts parties en vain, semble-t-il ; à l’heure où les « supermarchés » du livre, au Liban comme dans le monde, tentent d’occuper toute la place ; à l’heure enfin où les Libanais lisent de moins en moins, la Librairie Orientale a choisi d’aller à...