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En Dents De Scie Devoirs conjugaux

Vingtième semaine de 2005 (J+97). Demain sera décernée la 58e Palme d’or. Grosses pointures cette année : Gus Van Sant, Jim Jarmusch, Michaël Haneke, Wim Wenders, l’énorme Lars von Trier. Et un outsider, une espèce d’évidence cinématographique qui porte en elle les promesses d’inouïs frissons : Peindre ou faire l’amour, des frères Larrieu. L’occasion pour déstructurer, décontaminer puis ressusciter sur des marais rayonnants l’insensée équation de la conjugalité, (r)attraper le temps, le dompter, l’épanouir, le gonfler au DHEA, dynamiter l’obsession de la mort et rallumer des feux follets intérieurs que l’on croyait un peu trop éteints. Et pour réinventer cette conjugalité qui n’a plus rien de maritale, un quatuor rêvé, sombre, lumineux, écorché vif, offert : Amira Casar, Sabine Azéma, Daniel Auteuil et Sergi Lopez. Conjugalité à 4 qui part d’un désir commun de réformer la réalité ? Bel espoir. Vingtième semaine de 2005 (J+97). Kylie Minogue est la petite fiancée de l’Australie. Son cancer au sein a remué le petit continent. même le Premier ministre Howard qui, parlant au nom de tous les Australiens de la petite et blonde fée Clochette, a eu une pensée pour elle, lui a souhaité une rapide guérison. Kylie et ses compatriotes : une conjugalité qui dure depuis le milieu des folles années 80, qui a résisté aux venins des top 50 de la planète, aux diktats de l’humeur des cyclothimiques acheteurs de cédés, aux revers de fortune. Incidemment, Kylie est la fiancée, aussi, d’un acteur qui fait pleurer les femmes. Elle veut l’épouser, il ne veut pas encore : conjugalité bridée, déséquilibrée, marée haute sous conditions, marée basse têtue. Conjugalité soumise à l’acceptation de l’autre, ses spécificités, ses exigences ; conjugalité réussie à coups de concessions mutuelles ? Bel espoir. Vingtième semaine de 2005 (J+97). Saddam Hussein en slip kangourou préhistorique : la photo diffusée par un torchon londonien et reprise un peu partout, aussi insolite – donc porteuse –, aussi choc des photos soit-elle, n’en reste pas moins inutile, inutilement humiliante. Oui, mais c’est un monstre, disent-ils, il mérite le pire. Les autres : qu’on le juge, qu’on l’embastille à vie, sans abonder dans cet étalage de déchéance, de chairs fatiguées, fatigantes, sans pour autant en faire un animal de foire, jeté en pâture, comme d’autres avant lui, prisonniers de guerre, victimes d’attentats, meurtris par l’histoire, peu importe. Dans les deux cas, tout le monde scrute, les yeux brillent, sourient, dissèquent. Drôle de conjugalité que celle qui prévaut entre le support et son utilisateur, conjugalité vampire : il y a le regardé et le voyeur, le consommateur et le consommé. Conjugalité perverse, mais pérenne. Donc réussie ? Bel espoir. Vingtième semaine de 2005 (J+97). Cannes, Kylie, Saddam… Passionnante semaine. Sauf que tout le monde s’en moque, surtout dans des colonnes dont le cahier des charges stipule 100 % de politique locale. À moins qu’une Palme d’or, le sein d’une icône pop ou le cache-sexe d’un dictateur déchu ne soient devenus bien plus intéressants que les interminables caprices de diva de ceux qui sont en train de prendre en otage tout un peuple et de dynamiter un certain 14 mars après l’avoir fait. Aoun, Hariri, Joumblatt et Kornet Chehwane avaient tout, pourtant, pour réussir la plus éclatante des conjugalités. Tout. Surtout qu’ils étaient dispensés des devoirs du même nom. Surtout que la saison des accouplements politiques n’a jamais été aussi propice. Qu’ils en profitent. Qu’on cesse de les attendre. Il faut vivre, maintenant. Ziyad MAKHOUL
Vingtième semaine de 2005 (J+97).
Demain sera décernée la 58e Palme d’or. Grosses pointures cette année : Gus Van Sant, Jim Jarmusch, Michaël Haneke, Wim Wenders, l’énorme Lars von Trier. Et un outsider, une espèce d’évidence cinématographique qui porte en elle les promesses d’inouïs frissons : Peindre ou faire l’amour, des frères Larrieu. L’occasion pour...