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Bkerké - Sfeir évoque les développements relatifs au scrutin avec l’ambassadeur US Feltman : Le peuple libanais doit préserver la richesse du pluralisme

Le patriarche Sfeir a eu hier un entretien de 45 minutes avec l’ambassadeur américain, Jeffrey Feltman, qui a assuré que son pays œuvre avec la communauté internationale pour aider les Libanais à décider de leur sort en pleine liberté, sans substituer une immixtion étrangère à une autre. Le patriarche, qui a par ailleurs reçu une délégation de la fédération des syndicats des employés de banque, a déclaré qu’aujourd’hui, rien ne prête à quiétude dans le pays. Mais au contraire, à l’inquiétude, soulignant la nécessité de préserver le secteur bancaire. Il a relevé sur ce plan que l’éparpillement des professionnels de la politique ne doit pas contaminer ce créneau. Mgr Sfeir a ajouté que « la livre est la livre, aux mains des pauvres comme des riches, des grands comme des petits. C’est la politique qui divise les gens. Il faut espérer qu’elle ne pénètre pas ceux qui travaillent dans le secteur bancaire pour les corrompre ». Pour sa part, Jeffrey Feltman, sortant de Bkerké, a indiqué qu’il avait présenté ses vœux au patriarche pour son anniversaire, profitant de l’occasion pour en recueillir l’avis. Le diplomate a évoqué ce qu’il appelle les principes américains à l’égard du Liban, pour soutenir qu’avec la communauté internationale, les USA veulent aider les Libanais à décider de leur sort librement. Qu’il ne s’agit pas de remplacer une intervention étrangère par une autre, mais au contraire à faire en sorte que les décisions nationales soient bien aux mains des Libanais. Feltman estime que beaucoup de choses ont certes été réalisées, mais qu’il y a encore bien du chemin à faire pour que les Libanais se sentent vraiment libres et en sûreté. Il indique que le processus concernant le Liban comprend plusieurs parties, dont l’élément important du retrait des forces syriennes et de la fermeture des centres de SR syriens. Du point de vue américain, cela a été possible cette année à cause de la conjonction entre la volonté internationale, illustrée par la 1559, et la détermination du peuple libanais uni par le choc de l’assassinat du président Rafic Hariri. Ainsi, les images du 14 mars ont frappé le monde entier et consolidé la résolution internationale. Le retrait montre de quoi les Libanais sont capables quand ils agissent ensemble. Après avoir évoqué la commission d’enquête internationale, le diplomate US a insisté sur les législatives dans les délais, le scrutin étant un pas important pour la récupération de la souveraineté et de l’indépendance. Feltman se dit satisfait de la coopération des autorités en matière d’observateurs internationaux. Il ajoute que le peuple libanais est mûr et saura choisir ses députés, en respectant le pluralisme communautaire. Il affirme que la direction politique libanaise a la responsabilité de faire de ces élections une occasion de renforcer la liberté et la démocratie. Il glisse ensuite que les USA se trouvent encouragés par les efforts de certains hommes politiques libanais de dissiper les appréhensions suscitées par le cadre juridique (par la loi électorale) du scrutin. Feltman souligne que le changement ne s’arrête pas aux élections, ajoutant que les USA et la communauté internationale resteront prêts à aider le pouvoir issu des élections pour répondre aux besoins du Liban. Souhaitant que les députés représentent avec crédibilité les composantes du peuple libanais, il relève que les Libanais ne veulent pas simplement l’indépendance, mais aussi un programme de réforme. Feltman affirme qu’en raison de l’unité que les Libanais ont manifestée, le monde les regarde avec admiration. Il souhaite que le peuple libanais préserve la richesse du pluralisme. En réponse à une question sur le rejet de la loi électorale 2000 par nombre de chrétiens ainsi que par Bkerké, Feltman, sans relever qu’il est trop tard, a affirmé que « nous soutenons avec force un dialogue complet entre les Libanais sur la loi électorale. Les USA appuient fermement que les Libanais prennent leurs décisions par eux-mêmes. Nous avons signalé à tous les responsables libanais que nous avons rencontrés l’importance de débattre de la loi électorale. Nous entendons beaucoup de suggestions, dont le mohafazat avec la proportionnelle, la majorité ou le caza. Les États-Unis n’ont pas le droit de dire si telle formule convient plus qu’une autre. Cela relève du peuple libanais. Nous espérons que, malgré la déception de certains, les élections auront lieu dans les délais, car nous ne voyons pas comment en quelques semaines un problème qui n’a pas été résolu par le passé pourrait l’être ». Feltman a enfin qualifié de grotesques les accusations selon lesquelles les USA auraient soutenu certaines candidatures. Le mot de Sfeir Par la suite, en réponse aux vœux pour son 85e anniversaire présentés par une délégation des syndicats d’employés de banque dirigée par Georges Hajje, le patriarche a lancé : « Nous aurions aimé célébré des fêtes dans la quiétude et la tranquillité d’esprit. Mais rien ne s’y prête aujourd’hui et, au contraire, c’est l’inquiétude qui règne. » Il a souligné l’importance des banques dans la vie publique, la nécessité de préserver ce secteur dont dépend en partie la vie quotidienne des gens. Le patriarche a rappelé que le Liban est accablé de dettes, qui frisent sans doute les 40 milliards de dollars. Le pays ploie sous ce fardeau d’autant plus pesant que le Liban a des ressources limitées, dont la majeure partie sert à payer les intérêts. Mgr Sfeir espère cependant que le pays se redresse. Il invite les dirigeants à s’entendre sur les questions économiques en unissant leurs rangs. Répétant que si l’éparpillement frappe la caste politique, il ne faut pas qu’elle contamine ceux qui travaillent dans le secteur bancaire. Si la livre devait être dévaluée, cela se répercuterait sur la vie de tous les gens. Le prélat souhaite donc que les choses se stabilisent, en relevant que c’est la politique qui divise les gens, ce que nul n’ignore, précisant que « tout ce que la politique touche, elle le corrompt ». Il conclut en exhortant les employés à rester unis. Michel Eddé : « L’oppression produit l’extrémisme » Par ailleurs, le patriarche a reçu hier le président de la Ligue maronite, Michel Eddé, venu à la tête d’une délégation des Ligues chrétiennes lui souhaiter un joyeux anniversaire. M. Eddé a affirmé avoir exprimé ses « appréhensions » de la manière dont les élections législatives sont enclenchées. « Tout le monde convient que la loi de 2000 est injuste, malsaine et qu’elle ne conduira pas à une Chambre représentative », a ajouté M. Eddé, notant aussi que « tout le monde tient à l’unité nationale et est hostile au fanatisme et à l’extrémisme, mais toute oppression produit l’extrémisme ». Si le cours des choses se poursuit, il aura « de graves conséquences », a averti le président de la Ligue maronite, soulignant qu’il l’avait « dit et répété ». Et d’enchaîner : « Il ne faut pas penser que tout finira par passer. Il y a des choses qui ne passeront pas (...). Nous sommes avec la convivialité, mais avec la véritable convivialité, pas avec une convivialité de pure forme. » Le patriarche a également reçu, hier, Dory Chamoun, Roger Eddé, Jawad Simon Boulos, Émile Naufal, l’évêque des arméniens-orthodoxes, Mgr Kégham Khatchérian, Élias el-Khazen, le supérieur des mariamites, l’abbé François Eid, Gébrane Bassil, Tony Mir, Élie Ferzli, Maroun Karam, Chawki Fakhri et Fouad Makhzoumi.

Le patriarche Sfeir a eu hier un entretien de 45 minutes avec l’ambassadeur américain, Jeffrey Feltman, qui a assuré que son pays œuvre avec la communauté internationale pour aider les Libanais à décider de leur sort en pleine liberté, sans substituer une immixtion étrangère à une autre. Le patriarche, qui a par ailleurs reçu une délégation de la fédération des...