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Les clivages au sein de l’opposition se précisent

Les choses se décantent. Rapidement, car c’est forcé : le premier round électoral a lieu dans 12 petits jours. La proclamation des listes à Beyrouth, au Sud, ainsi que l’arrangement Adouane, entre Joumblatt et Sethrida Geagea, révèlent la donne dans son ensemble. Les Forces libanaises et une partie non négligeable de la Rencontre de Kornet Chehwane rejoignent l’axe mahométan quadripartite Joumblatt-haririens-Amal-Hezbollah. Dès lors, toutes les portes étant closes avec Joumblatt, Aoun s’apprête à relever le challenge. Pour une confrontation générale avec les progressistes et avec les haririens auxquels il reproche d’avoir aggravé les déséquilibres sur le plan national. Et d’avoir contribué puissamment à effriter l’opposition, en oubliant l’esprit du 14 mars. Et en décevant les espérances des Libanais dans un printemps politique de véritable changement. Regrets Ce point de vue critique commence à être partagé par des sources occidentales qui constatent, un peu tardivement il est vrai, que la « révolution blanche du Cèdre » n’est pas comme celle d’Ukraine ou de Géorgie, mais se révèle n’être qu’un feu de paille. Ajoutant que les Libanais de toutes confessions, qui avaient pensé que la marche vers le changement était entamée, se retrouvent prisonniers de bazars et de surenchères sordides. Cependant, nombre d’opposants s’étonnent des prises de position en flèche de Aoun et l’accusent d’avoir démantelé l’opposition. Ils ajoutent que c’est sans doute à cette même fin que les autorités avaient tellement facilité le retour du général. Selon ces sources, les loyalistes compteraient sur la popularité de l’ancien président du Conseil pour contrer ultérieurement, après les élections, les tentatives déjà annoncées de faire sauter le régime. Rappel Les aounistes rétorquent que leur leader a toujours, et parfois tout seul, milité pour l’unité de l’opposition. Ils ajoutent que Aoun a maintes fois proposé, du vivant du regretté président martyr Rafic Hariri, un sommet des pôles de l’opposition. Mais à deux reprises, Joumblatt et Hariri ont fait faux bond au rendez-vous fixé. Aoun avait ensuite accepté qu’outre feu le président Hariri et Joumblatt, la réunion englobât le président Amine Gemayel et Nassib Lahoud. Mais, toujours selon les aounistes, les deux leaders mahométans s’étaient encore dérobés. Aoun leur avait alors reproché de n’être pas conséquents avec eux-mêmes. Et de ne pas faire grand cas, dans la réalité, de cette coopération et de cette unité de l’opposition qu’ils prônaient publiquement. Aujourd’hui, Aoun se dit surpris que Saad Hariri et Joumblatt proclament des listes quelques heures après lui avoir pareillement adressé des messages de coopération. À ce propos, des sources informées indiquent que dimanche soir, Joumblatt a envoyé un émissaire proposer à Aoun, pour l’amadouer, de prendre Mario Aoun sur la liste joumblattiste à Aley. Le général a répondu par un non catégorique, précisant que le bras de fer aurait lieu. Et qu’en tout cas, il n’attend de cadeau de personne, soulignant qu’un vrai partenariat aurait consisté à consulter avant de proclamer des listes, non pas à laisser des sièges vacants par complaisance. Les aounistes ajoutent qu’en s’entendant unilatéralement avec les Forces libanaises, en intégrant Solange Gemayel à Beyrouth et Georges Adouane en montagne, haririens et joumbattistes ont réussi à désarticuler l’opposition. Chamoun D’autres sources politiques ne cachent pas leur mécontentement de l’initiative de Sethrida Geagea qui a pris part à la conférence de presse d’annonce de la candidature Adouane, tenue à Deir el-Qamar. Ces sources se demandent pourquoi les Forces libanaises ont choisi la ville de Dory Chamoun, alors même qu’il s’était montré on ne peut plus ouvert à leur égard au sujet de l’assassinat de son frère Dany en laissant entendre qu’il avait des doutes sur leur culpabilité, en renonçant à se porter partie civile et en appelant à la libération de Geagea. Ces sources se demandent dès lors si c’est de la sorte, en s’attachant à un Joumblatt dont Chamoun dénonce les visées hégémoniques, que les FL remercient le leader du PNL. Retour, pour finir, à Aoun. Ses partisans relèvent que les forces chrétiennes auraient eu tout intérêt à se regrouper pour négocier comme une seule partie avec les autres. Cela dans la ligne préconisée par le patriarche Sfeir qui ne cache pas la peine que lui causent les dérives opposantes, nommément au niveau de la Rencontre de Kornet Chehwane. Philippe ABI-AKL
Les choses se décantent. Rapidement, car c’est forcé : le premier round électoral a lieu dans 12 petits jours. La proclamation des listes à Beyrouth, au Sud, ainsi que l’arrangement Adouane, entre Joumblatt et Sethrida Geagea, révèlent la donne dans son ensemble. Les Forces libanaises et une partie non négligeable de la Rencontre de Kornet Chehwane rejoignent l’axe...