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Actualités - OPINION

Course contre la montre entre une nouvelle législature et une nouvelle présidence...

Pour beaucoup d’observateurs avertis, l’alternative, à peine camouflée, se pose ainsi : ou bien une nouvelle Chambre dans les délais ; ou bien la prorogation de la Chambre actuelle aux dépens de la prorogation du mandat présidentiel. C’est-à-dire l’élection anticipée d’un nouveau chef de l’État. À maintes reprises, des opposants ont fait valoir que les décideurs n’hésiteraient pas à larguer le régime dont ils ont imposé le maintien. Pourquoi ? Pour lâcher du lest en direction des Occidentaux ? Peut-être. Mais plus sûrement, pour s’y prendre juste à temps, avant d’avoir perdu toute emprise sur ce pays. Et installer au poste de commande un homme à eux pour six ans de plus. En profitant de la majorité parlementaire (71 fidèles) que, de gré ou de force, ils conservent et risquent de perdre après les élections. Si elles ont lieu dans les délais. Jusqu’à présent, c’est la tactique du report qui prévaut très manifestement. L’un de ses derniers épisodes, assez paradoxal, est qu’elle s’est retournée contre le président Omar Karamé, champion des atermoiements. En l’empêchant, par des conditions rédhibitoires, de former le gouvernement, au moment où il s’était enfin décidé à le faire. On continue donc à jouer, apparemment, la carte de la Chambre actuelle prorogée contre la présidence qui ne le serait plus. Mais, sur le plan chronologique, on est arrivé juste à la ligne de démarcation. Il n’est pas encore trop tard pour organiser les élections dans les délais ou avec un léger report sans conséquences. Et l’on ne peut encore jurer que le régime soit, pour ainsi dire, en ballottage. Le choix reste circonscrit au camp prosyrien, maintenant divisé. Comme on l’a vu à travers ce que Karamé a appelé le choc des appétences qui a mis en relief le culte effréné des intérêts particuliers. Mais l’intéressé a indiqué qu’il existe d’autres raisons expliquant son échec. Des raisons sérieuses mais encore occultes, et qui se révéleraient, selon lui, dans les prochains jours. Quand il s’agit d’un gouvernement de deux ou trois mois, les disputes sur les portefeuilles paraissent si futiles qu’on se demande si elles ne sont pas un simple prétexte inventé pour masquer une volonté délibérée de torpillage. Dans ce cas, on peut douter qu’une personnalité appelée à former le gouvernement, même si elle devait être prise hors de la Chambre pour prévenir les conflits d’intérêts, réussisse là où Karamé a échoué. Si le cap est gardé sur l’obstruction systématique, cela voudrait dire qu’on poserait la question de la présidentielle anticipée, comme soi-disant issue à la crise. En faisant valoir que cela changerait les donnes et les alliances. Au sein du camp loyaliste comme de l’opposition. Il n’y aurait plus de Rencontre du Bristol ni de Rencontre de Aïn el-Tiné, et les élections se feraient sur des bases toutes différentes. Ce sont là les calculs que subodorent nombre de professionnels et d’observateurs. Pour qui le tableau des entraves encore possibles se présente comme suit : – Refus de tout gouvernement extraparlementaire. Sous prétexte que les représentants du peuple sont les plus qualifiés pour garantir la régularité des élections. – Rejet de toute équipe, parlementaire ou panachée, qui n’inspirerait pas confiance, avec menace de vote de défiance. Pour provoquer un vide institutionnel. – Retrait du projet de loi électorale dit du caza et ouverture d’un débat interminable sur la formule complexe du mohafazat-proportionnelle. Ou encore, variante à peine meilleure, maintien du projet de loi du caza avec propositions d’amendements qui en modifieraient totalement la teneur. – Lancement d’une polémique aiguë de diversion et de perte de temps, sur la priorité de l’éviction des chefs des services sécuritaires. Et sur les modalités de leur mise sur la touche, congé administratif ou mise à disposition. L’opposition fait désormais passer avant la formation du gouvernement, pour que les élections aient lieu dans les délais. Quoi qu’il en soit, certains pôles pensent que la Syrie pourrait aider à ce que les élections aient lieu dans les délais. Pour montrer patte blanche à l’égard de la communauté internationale. Et parce que tout le monde au Liban lui promet une attitude positive à son égard. Ce qui signifie que ni le gouvernement d’entente nationale ni la prochaine Chambre, quelle qu’en soit la composition, ne lui seraient hostiles. Émile KHOURY
Pour beaucoup d’observateurs avertis, l’alternative, à peine camouflée, se pose ainsi : ou bien une nouvelle Chambre dans les délais ; ou bien la prorogation de la Chambre actuelle aux dépens de la prorogation du mandat présidentiel. C’est-à-dire l’élection anticipée d’un nouveau chef de l’État.
À maintes reprises, des opposants ont fait valoir que les décideurs...