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Actualités - CHRONOLOGIE

Première rencontre à Paris entre les deux hommes depuis vingt ans Michel Aoun et Walid Joumblatt favorables à l’entrée de l’opposition dans le nouveau cabinet

PARIS, de Élie MASBOUNGI «Si cette réunion avait eu lieu il y a quinze ans, nous aurions épargné aux Libanais quinze ans de souffrances », a lancé Michel Aoun à Walid Joumblatt en l’accueillant hier à 20h53 en sa résidence de la rue de Phalsbourg dans le 17e arrondissement de Paris. L’entretien que l’on peut qualifier d’historique – dans la mesure où il intervient après une rupture de vingt ans entre les deux hommes, et qui de plus a lieu au paroxysme de la crise actuelle – a duré quarante-cinq minutes contrairement aux préparatifs qui, par émissaires et représentants interposés, ont duré plus de 18 heures. Le chef du PSP était arrivé en retard du fait qu’il regagnait Paris à bord de l’avion privé du député Nehmé Tohmé, après avoir pris la parole à Toulouse devant une Assemblée de députés socialistes euro-méditerranéens réunis dans la Ville rose par les soins du PSE. M. Joumblatt a exigé qu’il n’y ait aucune présence médiatique et ce sont les journalistes qui ont eux-mêmes concédé à l’hôte du général Aoun ce point en se regroupant dans un café voisin pour voir l’arrivée et le départ de M. Joumblatt sans être vus. Ils devaient largement se rattraper en recueillant les minutes de l’entretien de la bouche même du général qui les a reçus après le départ du leader du PSP. L’accent a été mis sur l’unité et la dynamisation de l’opposition. Cinq sujets ont été évoqués, a dit notamment le général Aoun, ajoutant que les vues étaient concordantes, à savoir : 1 – La « partie interne libanaise » des accords de Taëf, qui n’a jamais fait l’objet de divergences. Le débat sur Taëf portait sur l’aspect externe de l’accord : l’opposition insistait depuis des années sur l’annonce d’un calendrier détaillé du retrait des troupes syriennes du Liban et des garanties pour l’application de ces accords, ce qui est maintenant dépassé par les faits et la situation sur le terrain. 2 – La question du désarmement du Hezbollah où les vues concordent également puisque le général Aoun et le chef du PSP se retrouvent sur la nécessité de favoriser le dialogue au niveau interlibanais et de régler cette question de manière consensuelle. 3 – La nécessité d’organiser les élections législatives dans les délais constitutionnels, ce qui est également dans l’ordre des choses après la nomination de M. Mikati, dont le nom avait d’ailleurs été évoqué il y a quarante-huit heures par le général Aoun lui-même. 4 – La participation de l’opposition au gouvernement si celui-ci est constitué par Négib Mikati, ce qui fait que cette option est désormais de l’ordre du possible. Les deux hommes ont donc appelé l’opposition à intégrer le nouveau cabinet, si la question se pose. 5 – Rassurer les dirigeants syriens du soutien de l’opposition libanaise face à tout complot qui menacerait le régime de Damas. Le général Aoun a indiqué sur ce point – soulevé par M. Joumblatt – qu’aucun Libanais ne serait partie prenante dans n’importe quelle manœuvre mettant en péril la stabilité du pays voisin. Et l’accent a donc été mis sur la nécessité d’œuvrer pour la normalisation des relations bilatérales après le retrait des forces et des services de renseignements syriens du Liban. L’entretien a porté sur le retour du général – qui en a informé son hôte en lui confirmant la date du 7 mai prochain et en soulignant que le bon déroulement de ce retour relève de la seule responsabilité de l’autorité libanaise. Les préparatifs immédiats de la réunion Aoun-Joumblatt avaient connu, au cours de ces dernières quarante-huit heures, des péripéties dont la plus importante était une discussion entre l’ancien Premier ministre et M. Ali Hamadé, émissaire du chef du PSP. L’ancien chef du gouvernement libanais avait proposé, pour sortir de l’immobilisme, que l’opposition prenne elle-même l’initiative de nommer un premier ministrable (et c’est ainsi qu’il avait proposé Négib Mikati) et d’entreprendre des contacts avec des députés de tous bords pour réunir une majorité en sa faveur lors des consultations présidentielles d’hier. Ce qui a été fait et couronné de succès. Dans la nuit de jeudi à vendredi, au cours d’un très long dîner, M. Hamadé a pu convaincre un chef du PSP dubitatif sur les bienfaits de cette initiative. Et c’est ainsi qu’au petit matin de la journée d’hier, M. Joumblatt a accepté le principe d’une réunion avec le général Aoun et que l’annonce en a été faite dans les médias. Dès lors, les cinq sujets évoqués au cours de la réunion pouvaient être discutés dans la journée et en détail par les collaborateurs des deux hommes. C’est ce qui a été fait pour que la rencontre soit aussi brève que fructueuse.
PARIS, de Élie MASBOUNGI

«Si cette réunion avait eu lieu il y a quinze ans, nous aurions épargné aux Libanais quinze ans de souffrances », a lancé Michel Aoun à Walid Joumblatt en l’accueillant hier à 20h53 en sa résidence de la rue de Phalsbourg dans le 17e arrondissement de Paris.
L’entretien que l’on peut qualifier d’historique – dans la mesure où il intervient après...