Le Premier ministre désigné annonce aux Libanais « le retour de la démocratie » Mikati favorable à des élections « dans les délais les plus brefs » et à la mise à pied des responsables sécuritaires

Quelques instants après sa désignation en tant que nouveau Premier ministre, Négib Mikati a indiqué hier dans un entretien à la LBC qu’il est favorable à une mise à pied des responsables sécuritaires, déclarant également qu’il œuvrera pour que les élections aient lieu « dans les délais les plus brefs ». Radieux, le nouveau Premier ministre désigné, Négib Mikati, avait auparavant abordé les journalistes de la salle de presse du palais présidentiel avec un large, très large sourire, à la mesure de la joie de cet homme d’affaires tripolitain dont le nom a soudainement refait surface il y a quelques jours, pour apparaître comme l’homme à travers lequel la crise pourrait se résorber – sauf développements imprévus. Et c’est effectivement d’un ton presque euphorique qu’il a annoncé aux Libanais qu’ils étaient à la porte « d’une nouvelle étape, une étape très importante », durant laquelle ils assisteront au « retour de la véritable démocratie au sein du régime libanais ». Le grand bonheur de l’ex-ministre des Travaux publics ne l’a cependant pas fait oublier que c’est à l’opposition libanaise, et principalement à elle, qu’il doit cette désignation, puisqu’il n’a pas hésité une seconde à « remercier spécialement » Walid Joumblatt, ainsi que tous les autres opposants, après avoir certes exprimé sa gratitude envers l’ancien ministre de l’Intérieur, son allié et « ami » Sleimane Frangié, ainsi que la députée de Saïda, Bahia Hariri. « Nous devons tous profiter de cette sage décision prise par l’opposition, une décision que j’apprécie beaucoup », a-t-il ajouté. M. Mikati, qui ne s’est pas engagé explicitement hier à organiser les élections avant la fin du mois de mai, a cependant montré un empressement exceptionnel à former le nouveau gouvernement, puisqu’il a demandé, avec le président de la République, Émile Lahoud, et en accord avec le président de la Chambre, Nabih Berry, que les consultations parlementaires commencent le plus vite possible, voire aujourd’hui après-midi, si la disponibilité des députés, « supposés être dans leurs régions en fin de semaine », le permet. Tout en esquissant les « grandes lignes » de la politique de son gouvernement, qui tournent autour « des élections législatives, de l’enquête internationale et de la situation économique », il a été très prudent en précisant, à plusieurs reprises, que le gouvernement ne se réduira pas à sa seule personne, mais qu’il faudra attendre, pour plus de détails, la déclaration ministérielle qui apportera toutes les réponses concernant les positions du futur cabinet. Saluant « la compétition sportive » avec l’ancien ministre, Abdel Rahim Mrad, il a affirmé « comprendre » ceux qui ont désigné ce dernier, avant d’estimer que « nous avions maintenant une chance en or », d’où la nécessité de « tout sacrifier pour que ce gouvernement réussisse ». Il a également déclaré que le premier souci actuellement était de préserver l’intérêt du Liban, affirmant que « si l’opposition a raison, je serai avec elle, et si les loyalistes ont des idées nationales, nous les adopterons également ». « Dans ce gouvernement, nous serons un symbole de la modération et de l’union nationale », a-t-il dit. Le Premier ministre désigné a en outre indiqué que son cabinet n’est pas « préfabriqué », puisque sa composition sera tributaire des consultations parlementaires, des discussions ultérieures avec le président de la République. Négib Mikati a enfin voulu lancer un message d’espoir « pour redonner confiance aux Libanais de l’intérieur et de l’étranger », ainsi qu’aux Arabes, disant « que le Liban se porte bien, et que nous sommes prêts à recevoir cet été ceux qui veulent venir et investir ». Par ailleurs, il a indiqué qu’il entreprendra aujourd’hui les visites protocolaires aux anciens chefs de gouvernement, précisant que « les usages et son éducation » lui imposent de visiter Omar Karamé, pour que ce dernier lui expose les obstacles qui l’ont empêché de former un gouvernement. En revenant de Baabda, M. Mikati s’est recueilli sur la tombe de l’ancien Premier ministre assassiné, Rafic Hariri, à la place des Martyrs.