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Actualités - OPINION

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Un ami personnel de Bachar el-Assad au Sérail, avec le soutien explicite et actif de l’opposition entrée en révolte contre la tutelle syrienne : la démarche ne manque certes pas de piquant. Elle n’est pas non plus dénuée de risques, pour calculés qu’ils puissent être. Le fait est cependant que les forces du changement ont dû se rendre à une évidence toute simple, soulignée à partir de Paris par Walid Joumblatt mais aussi par le ministre français des Affaires étrangères Michel Barnier, avec qui s’entretenait hier le leader druze : le retrait des troupes syriennes sera parachevé dans les prochains jours, l’enquête internationale sur l’assassinat de Rafic Hariri va bientôt commencer et la priorité absolue va tout naturellement désormais à la tenue des élections législatives. Car une perpétuation du statu quo aurait eu pour corollaire un renvoi du scrutin aux calendes grecques, doublé d’une prolongation de la législature actuelle : outrances qui n’auraient plus laissé d’autre choix alors qu’une révolution en règle, assortie de manifestations populaires et de grèves, avec toutes les retombées politiques, économiques et sécuritaires d’une éventualité aussi extrême. En prenant part aux consultations présidentielles, en désignant un candidat pour le poste de Premier ministre, l’opposition revient spectaculairement, certes, sur son refus des deux derniers mois d’apporter la moindre caution, même de pure forme, à un pouvoir tenu pour responsable de l’assassinat de Rafic Hariri. Mais d’une pierre, l’opposition a fait deux coups. D’une part, elle a barré la voie à la désignation du ministre démissionnaire de la Défense Abdel-Rahim Mrad, peu engageant prototype de cette même classe politique aliénée aux moukhabarate syriens et dont la mise à l’écart est précisément un des éléments essentiels du changement tant souhaité. Et, d’autre part, l’oppposition a obtenu de Négib Mikati des gages substantiels quant au déroulement des élections sans délai majeur et la mise hors circuit des chefs des services de sécurité dont elle réclamait la tête. Que le Premier ministre désigné ait fait savoir en outre sa décision de ne pas poser sa candidature aux élections n’a pas suffi à dissiper les réserves formulées à son encontre par trois membres de l’opposition originaires, comme lui, du Liban-Nord ; espérons tout de même que Mikati ira plus loin encore et s’entourera de ministres dépourvus, eux aussi, de toute ambition électorale, ce qui serait signe sérieux d’impartialité. Que le successeur de Omar Karamé entretienne d’étroites relations avec le président de Syrie peut, par ailleurs, s’avérer payant. Malgré le rapatriement de ses troupes, Damas est loin d’avoir perdu toute influence. Mais s’il s’avère que Bachar el-Assad a senti passer le souffle du boulet et que le régime baassiste est tenu désormais à la plus grande prudence, placé qu’il est en résidence surveillée par la communauté internationale, c’est bien un homme comme Mikati qui peut, pour la première fois, conseiller Assad sans se borner à en attendre les directives. Qui est en mesure d’ instruire fidèlement le Raïs de l’ampleur phénoménale des changements survenus dans notre pays : lesquels changements n’épargnent pas d’ailleurs le rassemblement prosyrien lui-même, comme semble l’indiquer la surprenante timidité de l’appui de Aïn el-Tineh à son propre et pâle champion. Mieux encore, c’est cette connexion personnelle avec Assad qui, en toute logique, condamne le nouveau maître du Sérail à tenir parole. À réussir : car plus que jamais, tout retour sur ses engagements, toute manœuvre dilatoire qui viendraient confirmer les appréhensions des sceptiques seraient perçus comme autant de preuves éclatantes de la mauvaise volonté syrienne. Par un paradoxe lui aussi chargé d’ironie, c’est Négib Mikati qui va devoir « couvrir » en quelque sorte le chef de la Syrie... Satisfaire l’opposition sans « trahir » le camp des prosyriens, proposer une honnête loi électorale, veiller à la régularité du scrutin, assumer sans dérobade les obligations découlant de l’enquête internationale sur l’attentat du 14 février : ce ne sont là que quelques-unes des difficiles tâches qui attendent un Mikati parfaitement conscient de la fuite du temps. Après l’étouffante expérience Karamé, c’est tout de même une bonne goulée d’air frais qui s’offre au pays. Issa GORAIEB
Un ami personnel de Bachar el-Assad au Sérail, avec le soutien explicite et actif de l’opposition entrée en révolte contre la tutelle syrienne : la démarche ne manque certes pas de piquant. Elle n’est pas non plus dénuée de risques, pour calculés qu’ils puissent être.
Le fait est cependant que les forces du changement ont dû se rendre à une évidence toute simple, soulignée à...