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Actualités - ANALYSE

ÉCLaIRAGE Les députés optent pour la participation aux consultations parlementaires L’opposition temporise, les intentions du pouvoir seront déterminantes

Il faudra attendre probablement la réunion que l’opposition plurielle doit tenir aujourd’hui pour savoir quelle sera son attitude exacte face à la nouvelle donne politique. L’opposition participera-t-elle aux consultations parlementaires pour la nomination du successeur de Omar Karamé ? À cette question une source proche de la réunion des députés de l’opposition hier jusque tard dans la soirée, place de l’Étoile, a répondu par la positive, sans toutefois préciser si les parlementaires opposants iront chez Émile Lahoud en grand nombre avec un nom en tête, ou s’ils se contenteront de faire acte de présence pour manifester leur coopération ou leur désapprobation la plus totale concernant la formation d’un cabinet. Il ne faut pas perdre de vue ce qui reste d’essentiel pour l’opposition, comme l’a souligné hier le communiqué rendu public par le député Bassem Sabeh à l’issue de la réunion nocturne des parlementaires opposants : la tenue des élections dans les délais constitutionnels. Dans son communiqué, l’opposition a dénoncé « l’atermoiement dans la formation du cabinet, qui dure depuis plus d’un mois et demi, et la volonté délibérée de saboter les délais juridiques et constitutionnels pour la tenue des législatives », estimant que « le pouvoir, à travers des manœuvres de ses différents symboles qui se répartissent les rôles, tente de conduire le pays dans une nouvelle impasse constitutionnelle et politique ». De fait, autant l’opposition est prête à collaborer pour dénouer la crise et assurer la tenue des élections au plus vite, autant elle se montrera intransigeante par rapport au camp loyaliste s’il devait recourir une fois de plus aux manœuvres. Ainsi, l’opposition se trouve devant deux principaux cas de figure, qui sont envisageables en fonction des intentions loyalistes : – l’hypothèse la plus simple, celle qui entraînerait une réaction ultraradicale de l’opposition, serait que le camp loyaliste opte pour une figure encore plus potentiellement génératrice de crise que Omar Karamé, comme le très prosyrien, et c’est un pléonasme, Abdel Rahim Mrad. Si les informations font état, dès aujourd’hui, d’une telle possibilité, l’opposition participerait aux consultations pour nommer un candidat parmi les députés de l’opposition. Si elle n’a pas véritablement le temps de s’acquérir une majorité parlementaire, elle aura au moins saisi un message : en l’occurrence la volonté du pouvoir de continuer à atermoyer pour saboter les élections, sans tenir compte des desiderata de l’opposition. Mais elle en aura transmis un autre : la volonté de briser la passivité pour aller dans le sens d’une confrontation politique entre le camp de l’opposition, représenté par une figure politique, et le camp des loyalistes, représenté par ce Premier ministre de confrontation et de provocation. Le recours qui s’imposera de par lui-même pour forcer la main au pouvoir et organiser des élections sera inévitablement, et au bout du compte, la rue dans ce cas de figure ; – la deuxième hypothèse serait de participer aux consultations, mais en ne nommant personne. Cette position viserait entre autres à éviter les pièges du pouvoir, qui seraient d’embarquer l’opposition dans un jeu sournois de responsabilités. Explications : si l’opposition venait à être embarquée, à assumer une responsabilité quelconque dans la formation du gouvernement, elle risquerait de faire les frais des manœuvres du pouvoir. Celui-ci pourrait en effet reprendre ses atermoiements pour tenter de faire avorter la naissance d’un cabinet, puis constater l’impossibilité de la formation d’un gouvernement, même avec toute la bonne volonté de l’opposition. Le résultat serait la perpétuation de la crise et le certificat de décès des législatives. Toutefois, le choix par le camp loyaliste d’une personnalité modérée et non provocatrice comme Adnane Kassar (ou, dans une certaine mesure, Nagib Mikati, peut-être), si elle arrive à donner des garanties concernant la démission des chefs des services et la tenue du scrutin, pourrait être bien accueilli par l’opposition, qui facilitera aussitôt la tâche du nouveau cabinet. Tout est donc dans les intentions du pouvoir, et l’opposition refuse d’abattre ses cartes tant que Aïn el-Tiné et le Hezbollah n’ont rien dit encore. Or la tenue des législatives est essentielle, et il est nécessaire d’y aboutir. C’est ce que le comité du Bristol, le bloc des parlementaires haririens et les députés opposants ont tous trois indiqué au terme des réunions successives. Dans ce cadre, le communiqué nocturne de l’opposition a invité hier les Libanais à élever la voix pour inciter le pouvoir à respecter les délais constitutionnels pour la tenue du scrutin, soulignant qu’en fin de compte, le principal candidat de l’opposition à la présidence du Conseil, « c’est la tenue des élections dans les délais ». Il reste que, pour certains observateurs, il est clair que l’attitude finale de l’opposition parlementaire sera déterminée, dans les heures qui viennent, par le camp Hariri et par Walid Joumblatt, toujours à Paris. M.H.G.
Il faudra attendre probablement la réunion que l’opposition plurielle doit tenir aujourd’hui pour savoir quelle sera son attitude exacte face à la nouvelle donne politique.
L’opposition participera-t-elle aux consultations parlementaires pour la nomination du successeur de Omar Karamé ? À cette question une source proche de la réunion des députés de l’opposition hier...