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Le ministre démissionnaire examine la possibilité de convoquer les collèges électoraux Frangié s’explique et impute la responsabilité du fiasco aux trois présidents(photo)

Dans une conférence de presse tenue hier à Bnechay, au Liban-Nord, le ministre sortant de l’Intérieur, Sleimane Frangié, se dit prêt, si les juristes lui disent que la loi le commande, à convoquer les collèges électoraux. Il ne croit pas pour le moment, et pour sa part, que cela soit légal. Mais il ne va pas jusqu’à infirmer le point de vue des juristes selon lequel l’exécution d’une procédure engagée n’excède pas le cadre des affaires courantes auquel un cabinet démissionnaire doit se restreindre. En même temps, Frangié veut souligner son attachement propre à la tenue régulière des élections. D’ailleurs, Frangié met en garde contre une éventuelle annulation de l’échéance qui mènerait, selon lui, à une tension débouchant sur la violence. Expliquant sa position par rapport à la crise ministérielle, le leader nordiste indique qu’il refuse de participer au gouvernement en se pliant à des conditions déterminées. Il réaffirme qu’il tient aussi bien à l’amitié du chef de l’État qu’au projet de loi électorale dit du caza qu’il avait paraphé. À son avis, le Hezbollah a été dupé, après avoir joué franc jeu, tout comme lui. Par ailleurs, il dédouane les services, se disant convaincu de leur innocence. Mais se demandant comment il va falloir traiter avec l’enquête... D’entrée de jeu, Frangié indique que, manifestement, les assertions de Karamé au sujet du fiasco de la formation du cabinet le mettent en cause. Il rappelle qu’à la suite de l’assassinat du président Hariri, il avait décidé de ne participer à aucun gouvernement. Résolution qu’il a communiquée, lors de la réunion de la Rencontre de Aïn el-Tiné, au secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, qui l’avait prié de patienter. Lui demandant ensuite, au cours d’une deuxième entrevue, d’en parler avec le président Karamé. Chose qui fut faite. Le président du Conseil désigné a souhaité que Frangié reprenne l’Intérieur, allant jusqu’à affirmer que sans cela il ne formerait pas le gouvernement. L’intéressé a cependant refusé. En faisant valoir qu’il ne pourrait pas accepter de retirer le projet de loi électorale qu’il avait présenté et dont il restait partisan. Devant la détermination affichée par Karamé de l’intégrer, Frangié a fait savoir à Nasrallah, en tant que médiateur, qu’il accepterait éventuellement la Santé ou les Travaux publics. En précisant qu’il voudrait avoir à ses côtés un deuxième ministre appartenant à son bloc. Après concertations, il a été informé qu’il recevrait la Santé et Sayed Akl l’Environnement. Accord conclu. Mais, indique Frangié, à Rome, les trois présidents ont changé d’avis pour lui demander de reprendre l’Intérieur. Et il a, derechef, refusé. Ajoutant qu’on n’a pas voulu répondre aux questions qu’il posait. Comme, par exemple, sur la manière de traiter avec la commission d’enquête internationale qui allait venir. Il s’est dit convaincu de l’innocence des services. Décision éludée Or la commission, selon lui, pose comme condition l’éviction de leurs cadres. Il a proposé une réunion pour prendre une décision de comportement, mais on n’a pas voulu y donner suite. Par dérobade, selon lui, devant la responsabilité. Il a ajouté qu’après avoir soutenu à Aïn el-Tiné qu’il n’accepterait pas un débat parlementaire sur les assassinats, le président Berry s’est incliné devant la volonté de l’opposition. Alors qu’il avait au départ sollicité et obtenu l’appui de ses alliés, dont Frangié, à une réponse de refus, les laissant donc en plan. Cet incident a poussé le leader nordiste à refuser plus que jamais de participer au gouvernement aux conditions qu’on lui poserait. Retour de Rome, les présidents lui ont proposé les Travaux publics, lui indiquant que le deuxième ministre de son bloc devrait être un orthodoxe. Il en a discuté avec Sayed Akl, qui est maronite comme on sait, et il a été décidé de rejeter l’offre. Après quoi, on lui a proposé toujours les Travaux publics à lui, mais pas de second portefeuille pour son groupe. Il a encore refusé. Précisant qu’il soutiendrait le gouvernement et qu’on prenne à sa place un membre de son bloc. Ensuite, tantôt on lui disait qu’il y aurait un gouvernement de vingt, sans rien pour lui, tantôt au contraire on insistait pour qu’il y participe. Frangié souligne ensuite que dans l’esprit de copartage, les ministres maronites seraient attribués au président de la République, les chiites au président Berry et qu’il était interdit de regarder du côté des sunnites. Il affirme que les élections étant en point de mire, il est important, en regard de l’opinion publique, de ne pas faire partie d’un gouvernement engagé dans une telle partie. Il soutient ensuite, en réponse à une question, que la Rencontre de Aïn el-Tiné avait établi un plan visant à former effectivement un gouvernement. Ajoutant qu’il fait toujours partie de ce groupe (dont Karamé pour sa part s’est retiré). Pour lui, le Hezbollah, qui avait joué honnêtement les go between, a également été floué. Il indique qu’il n’entrera plus au gouvernement sous le mandat du président Lahoud, parce qu’à chaque expérience il a été déçu. Soulignant cependant qu’il veut rester ami avec le chef de l’État et continuer à suivre la même ligne, sans frictions. Précisant que c’est cette même ligne qui inspire Aïn el-Tiné qui n’est pas vraiment une formation à ses yeux. Dès lors, à son avis, le président Karamé garde ses attaches, même s’il annonce son retrait de la Rencontre. Profil bas Prié de dire si les tiraillements de Aïn el-Tiné signifient qu’il n’y a pas de solution sans intervention extérieure, entendre syrienne, il a répondu qu’une telle intervention ne serait pas du goût ni dans l’intérêt des protagonistes du camp loyaliste. Pour lui, contrairement à ce que Karamé a affirmé, le problème se situe bien au niveau des présidents. Il en veut pour preuve le fait que des propositions contradictoires ont été avancées en quelques jours, après la réunion de Baabda. Il a indiqué que Berry avait le droit de lorgner pour son camp vers la Santé, mais que lui aussi avait le droit de n’accepter de participer qu’à ses conditions. Répétant que son bloc de 8 allait en tout cas voter la confiance à un nouveau cabinet Karamé, s’il avait été formé. Interrogé sur la présidentielle, il a répondu qu’il serait puéril aujourd’hui d’évaluer des chances à ce propos. En se gaussant des prétendants maronites en puissance qui, pour se gagner les faveurs du public, rendent par exemple visite sept fois la semaine à la famille du président martyr Hariri. Également en réponse à une question, il a exprimé son respect pour le général Aoun, malgré les différends politiques, parce que c’est un homme de principes. Il en a dit de même de Samir Geagea. Précisant que, par contre, il ne respecte pas ceux qui ont quitté le bus loyaliste pour gagner celui de l’opposition. Il a formellement démenti qu’il y ait eu des contacts avec la Syrie pour dénouer la crise ministérielle. Précisant que certains avaient prié les Syriens de le relancer, mais qu’il avait refusé et n’avait d’ailleurs reçu aucun contact. Pour lui, le départ du chef de l’État est hors de question. Et il rejette encore une fois, pour sa part, la responsabilité de l’échec de Karamé. Dont il reste, dit-il, l’allié. Il souligne qu’au 29 avril, si un gouvernement n’est toujours pas formé, il demandera l’avis de juristes comme Hassan Rifaï et Joseph Chaoul. Il pense que légalement il n’a pas le droit de convoquer les collèges électoraux. Mais si les juristes lui disent le contraire, il le ferait. Frangié souligne que la sécurité est essentiellement de nature politique et se décide donc pour la stabilité dans ce domaine, fruit d’un consensus aussi bien international que local. Dans le même ordre d’idées, la présence des forces syriennes était avant tout un facteur de stabilité politique, engendrant la stabilité sécuritaire. Pour lui, enfin, un report des élections de quatre ou cinq mois, au lieu d’apporter une détente, pourrait encore envenimer gravement les choses et provoquer une irrémédiable tension interne. Il laisse entendre qu’après les élections, le camp loyaliste resterait fort, même avec 40 députés seulement, parce qu’il continuerait à faire bloc, alors que les autres seraient divisés.

Dans une conférence de presse tenue hier à Bnechay, au Liban-Nord, le ministre sortant de l’Intérieur, Sleimane Frangié, se dit prêt, si les juristes lui disent que la loi le commande, à convoquer les collèges électoraux. Il ne croit pas pour le moment, et pour sa part, que cela soit légal. Mais il ne va pas jusqu’à infirmer le point de vue des juristes selon lequel...