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Actualités - CHRONOLOGIE

Une atmosphère de kermesse au centre-ville Après deux mois de deuil, Beyrouth se remet à vivre (Photo)

Des cerfs-volants, des ballons, des drapeaux, des chevaux, des fanfares, des marathons, des marchés, des expositions... et des restaurants bondés. Pour commémorer les trente ans de guerre, et alors que le centre-ville est endeuillé depuis le 14 février dernier, Beyrouth s’est remis à vivre. Hier, dans les rues piétonnes du centre-ville, on sentait à nouveau l’odeur du narguilé et les marchands de ballons avaient repris leurs places habituelles. En fin d’après-midi, les cafés et les restaurants étaient bondés, la plupart d’entre eux arborant les drapeaux libanais. Sur les tables, les sets portaient les couleurs du Liban frappés du logo du 13 avril 2005 : « Le Liban uni pour la vie ». Ceux qui ont décidé de se rendre au centre-ville, hier, n’ont certes pas pu assister à toutes les activités prévues, en l’occurrence, voir Haïfa Wehbé dans le cadre des activités prévues par l’association Lire à la Planète de la découverte, suivre le passage des chevaux et de leurs cavaliers qui font le tour du centre-ville, assister au marathon des serveurs ou à l’envol des cerfs-volants de Sami Sayegh… C’est à partir de la place des Martyrs que l’on pouvait jeter un coup d’œil sur toutes ces activités, notamment le marathon des serveurs auquel ont pris part plus de 300 barmen et quelques barmaids. Ils sont venus de tous les restaurants, les cafés et les boîtes de nuit de Beyrouth. Le point de départ était à l’hôtel Monroe et l’arrivée à la place des Martyrs. Au fur et à mesure qu’ils avançaient, les barmen devaient affubler leur plateau d’une bouteille de bière, d’un verre rouge et d’un verre bleu, et il fallait surtout qu’ils fassent vite. Certains d’entre eux ont été disqualifiés. C’est qu’hier, il faisait beaucoup trop chaud pour marcher au soleil et ils ont été tentés par la bouteille... Toujours à la place des Martyrs, une carte du Liban en liège, d’une longueur d’environ 50 mètres, a été placée sur le sol. Portant les couleurs du drapeau libanais et le logo « Le Liban uni pour la vie », la carte a été éclairée à la nuit tombée. Uniquement pour une journée, Souk el-Tayeb, marché de produits traditionnels et organiques, s’est tenu à la place des Martyrs sous l’égide des Fermiers unis du Liban. D’habitude, ce marché se tient les samedis à Saïfi et les mardis à Hamra. Kamal Mouzawak, l’organisateur, indique que « tous les exposants vivent de la terre, et c’est elle qui les unit ». Parmi les exposants de Souk el-Tayeb, citons Matbakh Saïda, avec ses douceurs et ses produits traditionnels, ses beaux paquets et ses savons, ainsi que la Fondation René Moawad, qui a distribué 30 000 pommes libanaises entourées de papiers rouges, verts et blancs. Un produit purement libanais arborant les couleurs du drapeau. Il y avait aussi plusieurs exposants venus de la Békaa-Ouest, notamment une famille qui vend les produits qu’elle confectionne à Rachaya el-Wadi, une coopérative regroupant 24 femmes de Wadi al-Taym et l’ancienne présidente de la municipalité de Mhaydthé, Fadia Abou Ghanem, qui avait fondé une coopérative agroalimentaire pour les femmes de son village, baptisée Nejmet el-Sobh. Hier, l’association exposait à la vente des produits du terroir en provenance de tout le Liban pour soutenir l’unité nationale. Il y avait aussi des personnes qui n’appartenaient à aucune association, comme Suzanne Doueihy, venue de Zghorta, qui vend des plats cuisinés propres à sa région, et Youmna Ziadé qui possède un terrain à Ghodress. Licenciée en droit et en sciences politiques, et habitant Achrafieh, la jeune fille a décidé de s’intéresser aux produits bio. Hier, elle vendait des amandes vertes dans des cônes fabriqués à partir de drapeaux libanais en papier. Retour à la place des Canons. La fanfare de Deir el-Ahmar est venue spontanément à la fête. Et, entraînés par la musique, des hommes, des femmes et des enfants appartenant à toutes les communautés du pays ont dansé la dabké, incarnant peut-être l’un des slogans des festivités : « Plus jamais le 13 avril 1975. » Hier, sur un mur du centre-ville, on pouvait encore lire : « La Békaa est libanaise, 1559. » Ce slogan avait été inscrit à la fin du mois de février quand beaucoup de Libanais, quinze jours après l’assassinat de Rafic Hariri, avaient passé leur nuit au centre-ville craignant que l’armée boucle le périmètre. Hier, ce slogan inscrit il y a moins de deux mois avait pris un bon coup de vieux... Patricia KHODER
Des cerfs-volants, des ballons, des drapeaux, des chevaux, des fanfares, des marathons, des marchés, des expositions... et des restaurants bondés. Pour commémorer les trente ans de guerre, et alors que le centre-ville est endeuillé depuis le 14 février dernier, Beyrouth s’est remis à vivre.
Hier, dans les rues piétonnes du centre-ville, on sentait à nouveau l’odeur du...