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Actualités - OPINION

Le système issu de Taëf est vicié à la base

Quand des crises surviennent dans un pays, les solutions sont censées être trouvées dans le système institutionnel en place. Avec Taëf, note un ancien ministre dont les régulières objections par le passé se sont avérées justes, c’est pratiquement le contraire. Le ver est en effet dans le fruit, la Constitution présentant plus de problèmes, de failles, de lacunes que de remèdes. Ainsi, observe-t-il, si le chef de l’État disposait de pouvoirs régulateurs, comme la simple logique le voudrait, il n’y aurait aucun risque de crise ministérielle bloquée. Constatant que le président désigné ne parvient pas à former son gouvernement dans des délais raisonnables, il l’aurait dessaisi, pour en nommer un autre. Ou alors la Constitution aurait fixé une marge de temps à ne pas dépasser, pour que le pays ne reste pas indéfiniment en panne. Surtout dans une phase comme la présente, avec les effets négatifs que cause l’attente prolongée en termes économiques aussi bien que politiques. En amont, il n’y aurait pas tellement à craindre que la Chambre ne refuse sa confiance à un nouveau gouvernement, pour des raisons éventuelles de frustration, si le président de la République avait gardé le pouvoir de la dissoudre. Or Taëf a dépouillé la présidence de la République de ses prérogatives d’arbitre vigilant. En cas de crise ministérielle, le chef de l’État se retrouve ligoté. Il ne peut ni mettre un terme à une désignation ni nommer quelqu’un d’autre si, en cas de premier désistement, la Chambre répétait le même choix. Ni la menacer de dissolution pour qu’elle marche droit. Il y a encore pire, si l’on peut dire : non seulement le président de la République ne peut plus intervenir, mais encore, sous prétexte de cultiver le principe de la participation, il est obligé de s’accorder avec le chef du gouvernement désigné. Et l’inverse. Sans que les textes n’indiquent que faire en cas de litige. C’est donc le blocage quand il n’y a pas entente sur la composition du cabinet. On y remédiait auparavant, remède pire que le mal, en recourant à l’arbitrage de la Syrie. Pendant 15 ans, on a de la sorte toujours su d’avance qui les tuteurs voulaient à la tête du gouvernement et à qui ils allaient distribuer les portefeuilles, certains postes étant toujours réservés à des fidèles incontournables. Maintenant, cela a changé, ne serait-ce qu’en apparence. Plus personne ne se targue, comme avant, de solliciter ouvertement le verdict de la Syrie. Qui fait mine ostensiblement de ne se mêler de rien, pour embarrasser les Occidentaux. Laissant les responsables du cru, qui n’y sont pas habitués, se débrouiller tout seuls. Ce que, manifestement, ils n’arrivent pas à faire. Au début, ils ont tenté de rejeter la responsabilité sur l’opposition, vu qu’elle refusait de participer au gouvernement. Mais ensuite, ils se sont retrouvés à découvert, face à leurs propres divisions internes, visiblement incapables de tenir la barre. Même avec un gouvernement dont la durée de vie n’excédera pas les trois mois, vu qu’il disparaîtra après les élections, les luttes pour les postes juteux dits des services ont été féroces. Ce qui dément le fier propos initial de Berry affirmant que « nous n’allons pas nous tuer, si l’opposition ne participe pas... » Autrement dit, « nous nous en passerons et nous saurons nous arranger entre nous », ce qui manifestement n’a pas été le cas. La Rencontre de Aïn el-Tiné plonge le pays dans des affres indicibles, du fait de ses divisions d’ambitieux inconscients, irresponsables. L’ancien ministre cité souligne la nécessité d’un congrès national pour fonder une nouvelle République. Qui n’aurait qu’une tête et non plus trois, ou mille. Et dans laquelle le confessionnalisme politique serait enfin dompté. À l’ombre de l’indépendance retrouvée et d’un système établissant un sain équilibre entre les pouvoirs, en base d’articles constitutionnels réglant au mieux les différends, ou les prévenant. Émile KHOURY
Quand des crises surviennent dans un pays, les solutions sont censées être trouvées dans le système institutionnel en place. Avec Taëf, note un ancien ministre dont les régulières objections par le passé se sont avérées justes, c’est pratiquement le contraire. Le ver est en effet dans le fruit, la Constitution présentant plus de problèmes, de failles, de lacunes que de...