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Actualités - OPINION

Les loyalistes échangeraient la proportionnelle contre un renvoi à octobre Bkerké irrité du torpillage des accords conclus avec le régime

Le président Lahoud a été informé que le patriarche Sfeir ne cache pas son mécontentement de ce que la Rencontre de Aïn el-Tiné ait torpillé l’accord conclu entre eux sur le caza. Comme sur des élections régulières, dans les délais. Sous l’égide d’un gouvernement formé de personnalités fiables, non candidates. Pour le cardinal, il est évident qu’en adoptant le mohafazat, on veut rétablir le système de parachutages dit du bulldozer. Pour continuer à marginaliser la frange chrétienne. Qui se voit imposer de la sorte nombre de faux représentants, relevant en fait de têtes de liste mahométanes. Ou de ce qu’il faut bien continuer à appeler les tuteurs. Comme à Bécharré ou à Jezzine. De même, la mise sur pied d’un cabinet de nouveau monochrome ou presque, avec la reconduction annoncée de plusieurs des ministres sortants, n’augure rien de bon en termes de régularité du scrutin. La question qui se pose est de savoir si le chef de l’État va rester, pour sa part, attaché au contrat passé avec Bkerké. Ou s’il se trouve obligé de faire machine arrière, pour ne pas aller contre la volonté de la majorité parlementaire. Et contre la ligne connue qu’elle incarne... Il est évident, désormais, que le camp loyaliste ne veut pas que les élections aient lieu aux dates prévues. Il a atermoyé, perdu du temps autant qu’il pouvait. Ayant dépassé les bornes, il se rabat sur une proposition tortueuse : le mohafazat avec, en prime, une dose de cette proportionnelle que personne ne comprend. En espérant que l’opposition se divise à ce propos. Ou à propos de la composition du prochain cabinet. Ou encore qu’en se cabrant, en refusant le nouveau fait accompli qu’on veut imposer au pays, elle aboutisse elle-même à l’ajournement de l’échéance électorale. Plus directement, certains pôles du pouvoir ont notifié à des piliers de l’opposition qu’ils ont le choix : soit le mohafazat avec la proportionnelle ; soit un renvoi des élections de mai à octobre, avec possibilité alors du maintien du caza. Dans les deux cas, suivant ce bazar ou ce chantage, le camp loyaliste y trouverait son compte. Soit parce qu’il pourrait de nouveau bénéficier des parachutages, en cas de mohafazat et de proportionnelle. Soit parce que, en gagnant cinq mois, il ne serait plus aussi handicapé qu’aujourd’hui par le climat de révolte populaire que l’assassinat du président Hariri et les attentats aux explosifs ont provoqué. Formule Pour le moment, l’indice le plus révélateur tient dans la formule gouvernementale que le président Karamé voudra retenir. Les options, si l’on se réfère aux convictions affichées par l’intéressé, semblent limitées. Il pourrait vouloir recomposer à peu près son équipe sortante. Avec des ministres candidats. Ou n’en garder que les ministres non candidats. Personne en tout cas ne sortant de la ligne dite nationale monochrome que représente la Rencontre de Aïn el-Tiné. Dans les détails techniques essentiels, il faudra voir à qui l’on va confier les porfeuilles-clés de l’Intérieur, de la Justice et de la Défense. Le pouvoir ferait-il appel, pour apaiser l’opinion (locale et internationale), à des figures fiables sinon neutres ? Voudrait-il pousser le défi et la confrontation jusqu’à désigner des candidats engagés ? S’arrangerait-il pour nommer des spécialistes en manipulation capables d’empêcher l’opposition de l’emporter haut la main ? Retour à la question primordiale de l’attitude de Baabda. Le président Lahoud va-t-il laisser le président du Conseil désigné en faire à sa guise, côté composition du cabinet ? Va-t-il intervenir pour tenter de corriger la trajectoire et présenter une formation qui serait généralement admise par les forces actives du pays ? Son intervention éventuelle ne risquerait-elle pas de susciter un différend avec Karamé, ou avec « la ligne » menant au blocage ? Les prérogatives du président de la République dans la procédure ne sont pas négligeables. Il peut renvoyer à son tour le projet de caza à la Chambre si le gouvernement prochain devait le reprendre. Il peut refuser de signer la loi sur le mohafazat et l’adresser de nouveau à la Chambre où sa confirmation nécessiterait alors une majorité absolue. Il peut refuser de parapher un projet de loi prorogeant, à cause d’un report des élections, le mandat de la législature en place. Dans un récent article, Ghassan Tuéni exhorte le chef de l’État à se montrer aussi libre que déterminé. À chasser les marchands du temple qui complotent pour brader la vie, les biens, la sécurité des Libanais. De son côté, Edmond Naïm, spécialiste de l’esprit des lois, estime que le président de la République a tout pouvoir d’annuler la désignation d’un Premier ministre pressenti s’il se confirme que ce dernier tarde trop, à dessein, de former le gouvernement. Le juriste va même jusqu’à dire qu’en s’abstenant d’une telle initiative, le régime commettrait une de ces négligences de fonction qui ouvre la voie, selon la Constitution, à une mise en jugement tant du président de la République que du président du Conseil désigné coupable d’avoir trop fait traîner les choses. Naïm reconnaît que, malheureusement, la Constitution ne fixe pas de délais pour la formation d’un gouvernement. Mais il répète qu’en cas de blocage avéré ou de retard excessif injustifié, la Constitution fait obligation au chef de l’État de retirer la désignation. En pratique, et enfin, les présidents Bush et Chirac, l’Onu et nombre de pays arabes exigent des élections libanaises régulières, dans les délais légaux. Cette pression ne doit pas être sous-estimée. Et le pouvoir légal devrait prendre garde à ne pas rééditer le précédent de défi, de fait accompli imposé, que l’amendement de la Constitution aux fins de prorogation a constitué. Émile KHOURY
Le président Lahoud a été informé que le patriarche Sfeir ne cache pas son mécontentement de ce que la Rencontre de Aïn el-Tiné ait torpillé l’accord conclu entre eux sur le caza. Comme sur des élections régulières, dans les délais. Sous l’égide d’un gouvernement formé de personnalités fiables, non candidates.
Pour le cardinal, il est évident qu’en adoptant le...