Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Le camp loyaliste peaufine ses tactiques dilatoires

À force de tirer sur la corde, elle finit par se rompre. Le duel que se livrent loyalistes et opposants risque de les faire chuter ensemble. Et n’y aurait plus moyen de dénouer le nœud qui étrangle la population. La Rencontre de Aïn el-Tiné se tient aujourd’hui, alors qu’elle aurait dû avoir lieu hier. Il est clair que ce camp atermoie. Il a réussi à perdre, ou à gagner, plus d’un mois. Cherchant ainsi, manifestement, à faire reporter les élections législatives. Obtenant ainsi une élection présidentielle anticipée, permettant aux prosyriens, majoritaires dans la législature actuelle, qui serait à son tour prorogée, de désigner le futur chef de l’État. Dès lors, les options tactiques qui s’offrent à la Rencontre de Aïn el-Tiné s’énumèrent comme suit : – Prier le président Karamé de renoncer à renoncer, mais évidemment sans former de gouvernement. Il resterait ainsi à la tête d’un gouvernement démissionnaire chargé d’expédier les affaires courantes, gelant les délais constitutionnels pour les élections qui seraient ipso facto ajournées. En évitant ainsi une débâcle certaine face à l’opposition. Appelée, normalement, à prendre un pouvoir que ses détenteurs actuels ne veulent pas lâcher. Cette échappatoire, pour grossière qu’elle paraisse, est tout à fait légale : la Constitution locale, mal faite comme on sait, ne fixe aucun délai à un Premier ministre désigné pour mettre sur pied son cabinet ou pour se désister. Mais en pratique, on le sait aussi, un tel faux-fuyant soulèverait la colère d’une rue qui serait alors tentée de tout balayer. Avec, sans doute, le concours des instances économiques, peu désireuses de voir le blocage se prolonger, car il leur en coûte beaucoup. De plus la fin avril marque une échéance financière importante sur plus d’un point et il faut, entre autres, assurer du fuel pour l’électricité... – S’accrocher, contre vents et marées, au soi-disant principe « salvateur » d’un gouvernement d’union nationale. Pour maintenir le blocage. En continuant à en imputer la responsabilité à l’opposition, qui refuse de participer, pour ne pas servir de couverture aux errements des prosyriens. Et pour ne pas, surtout, souscrire au système dominé par les services. La décision de s’en tenir à la fiction d’un gouvernement d’union, qui serait prétendument la seule planche de salut pour le pays, serait communiquée au président de la République lors du nouveau round de consultations parlementaires qu’il devrait entreprendre. Cela à moins que les loyalistes n’aillent encore plus loin, en refusant tout simplement de participer à ces consultations. Ou de nommer encore une fois le président Karamé, pour qu’on retombe dans le même cercle vicieux. Ou de ne nommer personne, se réservant de tirer dans les pattes de la personnalité qui serait désignée. – Boycotter les consultations, si l’opposition le fait. Mais cette dernière n’y semble pas disposée. Car la ligne qu’elle a choisie est de faciliter la mise sur pied d’un gouvernement, afin que les élections puissent avoir lieu dans les délais. Cependant, encore une fois, on constate combien la Constitution est lacunaire : elle ne dit rien sur ce qu’il faudrait faire si une majorité de parlementaires devaient bouder les consultations. – Enfin, laisser le gouvernement se former mais lui refuser confiance. Un défi, une obstruction assez improbable. Car le camp loyaliste détient la majorité (71 députés) à la Chambre. C’est donc lui, principalement, qui canalise la composition du gouvernement et la sélection des ministres, à travers les deuxièmes consultations parlementaires, entreprises par le Premier ministre désigné. Émile KHOURY

À force de tirer sur la corde, elle finit par se rompre. Le duel que se livrent loyalistes et opposants risque de les faire chuter ensemble. Et n’y aurait plus moyen de dénouer le nœud qui étrangle la population.
La Rencontre de Aïn el-Tiné se tient aujourd’hui, alors qu’elle aurait dû avoir lieu hier. Il est clair que ce camp atermoie. Il a réussi à perdre, ou à gagner, plus...