Mrad gèle tous les permis de port d’armes « jusqu’à nouvel ordre »

Abdel Rahim Mrad, ministre de la Défense, a rendu publique hier sa décision de geler tous les permis de port d’armes sur l’ensemble du territoire libanais, « jusqu’à nouvel ordre et pour des raisons de sécurité publique ». Les contrevenants seront soumis à des poursuites judiciaires. Cette décision exclut les gardes du corps des personnalités officielles, politiques et religieuses, ainsi que ceux du corps diplomatique. Le nombre de permis de port d’armes a été estimé, par une source sécuritaire interrogée par l’AFP, à quelque 200 000. C’est le commandement de l’armée qui sera chargé d’exécuter la décision. Mardi, les services libanais de sécurité avaient déjà reçu des instructions de retirer les permis de port d’armes délivrés par les services du renseignement militaire syrien au Liban sans arrêter leurs détenteurs. À savoir que l’opposition avait exhorté le ministre de la Défense à annuler tous les permis de port d’armes qu’il avait distribués « signés en blanc, sans précision du nom du porteur ni du type d’arme autorisé ». Par ailleurs, M. Mrad a été reçu hier par le Premier ministre désigné Omar Karamé. À l’issue de l’entretien, le ministre a précisé que « la décision de gel des permis de port d’armes a été prise en concertation avec le président de la République et le chef du gouvernement ». Il a souligné que « cette question a été traitée avec exagération par certains, que ce soit au niveau du nombre d’armes en circulation qui a été avancé dans la presse, ou dans la description de la manière dont nous avons accordé ces permis ». À ce propos, M. Mrad s’est défendu d’avoir accordé des permis sans que l’identité du destinataire ne soit précisée. « Nous appelons les citoyens à se conformer à cette nouvelle décision et à ne pas porter leur arme ostensiblement, celle-ci devant rester cachée et utilisée seulement en cas d’urgence », a-t-il ajouté. Le ministre de la Défense a également précisé que ses propos sur l’armée, tenus lors d’une récente conférence de presse, avaient été déformés. « Je n’ai jamais mis en doute les capacités de l’armée, bien au contraire », a-t-il dit. Il a révélé qu’il « ne prétend nullement connaître les détails techniques et militaires ». Selon lui, il s’était basé sur des détails d’une conversation qui s’est déroulée entre le commandant en chef de l’armée et le sous-secrétaire d’État adjoint David Satterfield, au cours de laquelle le premier avait estimé que l’armée ne pouvait prendre le contrôle de la Békaa à la place des troupes syriennes qu’après environ six mois de leur départ. Pour sa part, M. Karamé a reçu plusieurs personnalités, notamment le général Ali Hajj, directeur général des Forces de sécurité intérieure, avec lequel il s’est entretenu de la situation sécuritaire. Il a également rencontré le ministre Jean-Louis Cardahi, et les députés Nader Succar, Jihad Samad et Nasser Kandil.