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Une option pour éviter les immixtions : la neutralité positive

Le sujet de l’immixtion, proche ou lointaine (entendre syrienne ou occidentale), a récemment fait l’objet d’un débat informel entre des députés de plusieurs tendances qui en ont passé en revue tous les aspects. Certains proposent que le Liban adopte une ligne de neutralité positive, pour se ranger aux côtés des pays arabes quand ils sont d’accord entre eux et rester sur la touche quand ils se disputent. Autrement dit, refuser de participer à ce que l’on appelle la politique des axes pour ne pas s’attirer des inimitiés, et des tentatives de déstabilisation et de divisions internes en prenant parti pour tel ou tel camp, comme cela s’est produit tant de fois, provoquant des guerres domestiques et d’immenses malheurs. Le problème, c’est que les leaderships locaux doivent loyalement s’entendre pour rejeter tous ensemble, fermement, les influences étrangères, ouvertes ou camouflées. Ce n’est pas un objectif facile, car le Liban ne peut quand même pas s’isoler du monde. Il ne le doit d’ailleurs à aucun prix, l’ouverture constituant un oxygène et une richesse indispensables. Le tout est de savoir fixer des limites, distinguer entre les échanges fructueux légitimes et les compromissions ou les cessions de volonté nationale. Savoir, par exemple, quand une intervention lèse la souveraineté et quand, au contraire, elle soutient activement l’indépendance. Les composantes du pays sont malheureusement habituées à souvent rechercher leur défense propre, ou des acquis d’intérêts, en s’appuyant sur des parties étrangères, dont elles épousent les causes. Il faudra savoir profiter de la vague montante de patriotisme pour mettre fin à ces tentations. Ainsi, certains participants au débat mentionné ont fait valoir, dans une critique de ce qui se passe actuellement, qu’aucune partie libanaise ne doit être autorisée à admettre une immixtion quelconque parce qu’elle sert ses intérêts. Alors qu’elle rejette, à juste titre d’ailleurs, une immixtion qui la défavorise. Une façon de dire aux uns et aux autres que la juste voie consiste, en fait, à renvoyer dos à dos la tutelle syrienne et l’influence directrice occidentale. Pour promouvoir une véritable unité des rangs, et des positions, nationale. Se démarquant des orientations extérieures, sans gommer les apports ou les aides qui ne portent pas atteinte à la souveraineté bien comprise. Ce qui revient donc à opter pour le concept de neutralité positive. Tant par rapport aux nations occidentales amies que par rapport aux pays arabes frères. En pratique, une partie des Libanais protestent aujourd’hui contre les positions intervenantes des États-Unis et de la France, coauteurs de la 1559. Et même contre les avis ou les arrêts successifs du Conseil de sécurité de l’Onu. Cela bien moins au nom de la souveraineté que d’intérêts de clans, de choix d’alliance avec la Syrie et/ou de sujétion à son égard. Mais ce camp ne trouvait, évidemment, rien à redire à l’immixtion américaine, qu’il dénonce maintenant, quand elle consistait (pendant trente ans !) à confier les clés du Liban à la Syrie. Il ne reprochait rien à Satterfield, qu’il attaque aujourd’hui, quand ce dernier, en sa qualité de chargé d’affaires à Beyrouth, se démenait en 89 pour assurer le quorum parlementaire à Taëf. Processus d’arrangement multilatéral auquel la célèbre diplomate américaine April Glasby avait également contribué activement, au profit finalement de la Syrie. Le Liban a toujours été extrêmement perméable aux vents soufflant de l’extérieur. Il en a parfois été le bénéficiaire, comme lorsque Spears avait menacé d’une intervention britannique militaire pour faire libérer Béchara el-Khoury et les détenus de Rachaya en 43, ce qui avait permis à ce pays d’obtenir son indépendance. Mais le plus souvent, le Liban a durement souffert des effets des interventions étrangères, et il suffit de citer à cet égard l’effroyable guerre domestique qu’il a subie pendant 15 ans. Ou encore, toutes proportions gardées, le détournement de Taëf. Émile KHOURY
Le sujet de l’immixtion, proche ou lointaine (entendre syrienne ou occidentale), a récemment fait l’objet d’un débat informel entre des députés de plusieurs tendances qui en ont passé en revue tous les aspects. Certains proposent que le Liban adopte une ligne de neutralité positive, pour se ranger aux côtés des pays arabes quand ils sont d’accord entre eux et rester sur la touche...