Marche aux flambeaux hier soir en direction du lieu de l’attentat du 14 février Le « Notre Père » et la « Fatiha » récités en chœur pour la guérison de Bassel Fleyhane (photos)

Ils sont venus par milliers, hier, participer à la marche aux flambeaux pour la guérison du député et ancien ministre Bassel Fleyhane, grièvement brûlé lors de l’attentat qui a coûté la vie à l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. À 18 heures précises, dirigée par les piliers de l’opposition, présents en grand nombre, mais aussi par les proches de Bassel Fleyhane, et plus particulièrement sa mère et sa tante, la marche s’est ébranlée, silencieuse, du haut de la rue des Banques, en direction du lieu de l’explosion, dans le périmètre de l’hôtel Saint-Georges. Au départ, point de slogans, juste des citoyens défilant avec gravité, au son du muezzin puis des cloches. Arborant avec ferveur des bougies allumées, des portraits du député portant les inscriptions : « Tu es dans nos cœurs », ou « Accorde-lui ta bonté, Dieu » ou des photos de lui aux côtés du Premier ministre défunt ; hissant même sa photo le jour de son mariage, rayonnant de bonheur au bras de son épouse. Çà et là, quelques drapeaux libanais étaient arborés fièrement par les manifestants, mais aussi de nombreux « al hakika » (la vérité). Arrivée à proximité du lieu du drame, la foule, contrainte par un important dispositif de sécurité de s’arrêter devant les barrières qui délimitaient le périmètre interdit, a entonné en chœur l’hymne national. Seuls quelques ministres et députés de l’opposition, marchant en tête du convoi, notamment Ghazi Aridi, Ghounwa Jalloul, Farès Souhaid et Nabil de Freige, accompagnés du pasteur protestant Gabriel Bahnan, ont été autorisés à s’approcher à quelques mètres du cratère, pour déposer leurs bougies sur un tas de gravats et dire des prières. Des prières qu’ils ont récitées d’une voix, chrétiens disant le « Notre Père » et musulmans la « Fatiha », pour la guérison de Bassel Fleyhane, mais aussi pour le repos de l’âme de Rafic Hariri et de ses compagnons. Quant à la foule amassée devant les barrières, ainsi que d’autres ministres et députés de l’opposition, notamment Nassib Lahoud, Michel Pharaon, Bahige Tabbarah, Akram Chehayeb, Fouad el-Saad, Bassem es-Sabeh, Fouad Siniora, pour ne citer qu’une partie des personnalités présentes, elle a accompagné dans ses prières la mère et la tante de Bassel Fleyhane, visiblement très émues. Après avoir posé contre l’une des barrières un portrait géant de l’ancien ministre, elles ont déposé par terre plusieurs bougies au nom des membres de la famille, dont une grosse bougie de la part de son épouse et de ses deux enfants, « qui sont à son chevet en France et qui vivent des moments très difficiles », a précisé la mère de Bassel Fleyhane. S’adressant à la foule, Mme Fleyhane l’a remerciée de ses prières, de ses messages, de sa présence continuelle pour la guérison de son fils. « Nous prions Dieu de nous le ramener vivant. Je vous remercie pour vos prières, vos messages et votre présence. Que Dieu vous bénisse », dit-elle, avant de céder la place à la foule qui récitant l’Ave Maria ou priant tout haut Dieu de sauver Bassel Fleyhane, a elle aussi déposé ses bougies devant les portraits du ministre, sur les barrières, par terre et sur les trottoirs. Les prières étaient à peine terminées que les slogans politiques ont repris le dessus, demandant le retrait syrien, la liberté, la souveraineté, l’indépendance et l’union nationale. Alors que la foule se dispersait, dans le silence et le recueillement, une partie des manifestants, encadrée par un important dispositif sécuritaire, se dirigeait vers la place des Martyrs, drapeaux libanais au vent, demandant le retrait syrien du Liban. Anne-Marie EL-HAGE