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Actualités - CHRONOLOGIE

Consultations - Jalloul fustige la récupération loyaliste du discours de B. Hariri Karamé veut « arrondir les angles » mais continuera de prendre son temps

Omar Karamé a entamé son allocution devant la presse, à l’issue des consultations parlementaires qu’il a menées hier place de l’Étoile, en assurant que « 99,99 % des députés souhaitent, comme nous, un gouvernement d’union nationale ». Faisant comprendre toutefois que la formation d’un tel cabinet (qui risque, au pire, d’être une impossible mission) pourrait prendre beaucoup de temps (au moins, a-t-il estimé, jusqu’au retour du patriarche Sfeir), le PM désigné a annoncé qu’il allait consacrer les jours qui viennent au dialogue avec l’opposition, à qui il allait envoyer des émissaires, et avec les dignitaires religieux. Et les fruits de ce dialogue, il les communiquera en fin de course, a-t-il insisté, à ses partenaires de la rencontre de Aïn el-Tiné, pour pouvoir ensuite, à la lumière de ce qui se décidera entre eux, trancher entre deux « uniques » choix. Soit présider un gouvernement d’union nationale, entraîner ce que Nabih Berry a appelé une « opération de sauvetage », soit refuser tout simplement sa nomination. Sans compter qu’il a juré ses grands dieux que le pouvoir ne cherche pas à gagner du temps pour torpiller les échéances électorales et les délais constitutionnels. Sauf que Omar Karamé a alterné hier, place de l’Étoile, le chaud et le froid. S’il a répété à plusieurs reprises que l’on se devait « d’arrondir les angles, arriver aux mêmes résultats en préservant notre dignité et celle de nos institutions », reconnaissant que la vérité sur l’assassinat de Rafic Hariri est « désormais une demande nationale générale », il a mis en doute la plus facile des revendications de l’opposition : la mise sur pied d’une enquête internationale. « En Irak, la commission a donné de faux indices, et on a vu le résultat. Nous avons des services, des institutions », a-t-il estimé, consentant toutefois à accepter la proposition de Boutros Harb, qui avait évoqué la possibilité d’une équipe d’enquête mixte, libano-internationale. Omar Karamé, qui a critiqué en outre les appels à la démission d’Émile Lahoud et qui s’était rendu, en début de journée, auprès des anciens présidents Amine el-Hafez, Rachid el-Solh et Sélim Hoss, a commencé ensuite ses consultations en s’entretenant tour à tour avec Nabih Berry, Hussein Husseini et Michel Murr. Et si l’ancien n° 2 de l’État a appelé à la formation d’un gouvernement « capable de faire face à la situation » (lire par ailleurs), tous les autres blocs ou indépendants loyalistes ont demandé un gouvernement d’union nationale, en prenant bien soin, à l’instar de Jihad Samad du bloc Frangié ou de Michel Murr lui-même, de n’exiger, du moins hier, aucun portefeuille et en rendant un hommage appuyé au discours, place des Martyrs, de Bahia Hariri. Mohammed Raad du Hezbollah a même été jusqu’à dire que son bloc était prêt à participer à ce genre de cabinet si cela pouvait sauver les choses. Un même appel à une équipe d’union nationale de tous les loyalistes donc, sauf, à différents niveaux, Jean Obeid (lire par ailleurs) ; Mohsen Dalloul – il s’est déchaîné contre le pouvoir, a proposé que les patrons des services aillent en vacances jusqu’aux résultats de l’enquête et affirmé que le dialogue doit se faire avant que de former un cabinet – ; Robert Ghanem – il a appelé à un gouvernement restreint et indépendant et conseillé à Omar Karamé de s’excuser au cas où sa mission s’avérait impossible –, ainsi que Négib Mikati. L’ancien ministre a préféré, à l’heure des consultations, prier et méditer sur le tombeau de Rafic Hariri. Estimant que les entretiens de Omar Karamé « sont purement formels et seront sûrement stériles », il a précisé que « la personne qui a été nommée n’est pas capable de former ce gouvernement ». Quant à l’opposition nationale plurielle, représentée naturellement par Ghounwa Jalloul et Farès Souhaid (et aux positions de laquelle ont adhéré les députés Nehmetallah Abi-Nasr, Ghassan Moukheiber et César Moawad), elle a eu droit à une réunion de près de 50 minutes avec Omar Karamé. Sauf que le résultat n’a rien eu de surprenant : « Le président Karamé a refusé de souscrire à nos demandes (enquête internationale, démission des patrons des services et de Adnane Addoum, application totale et immédiate de l’accord de Taëf concernant le retrait syrien) », a résumé la députée de Beyrouth, précisant que le PM désigné leur a demandé de participer, d’abord, et de débattre ensuite de leurs revendications. « Nous ne pouvons pas dialoguer comme cela, simplement, en ignorant, en bafouant le sang du président-martyr », a dit Ghounwa Jalloul, en fustigeant la récupération faite par les milieux loyalistes du discours de Bahia Hariri. « La députée Hariri a fait siennes toutes les revendications de l’opposition, et les loyalistes ne peuvent pas adopter une partie de ce discours, c’est tout ou rien », a-t-elle souligné. Quant à Farès Souhaid, il a une nouvelle fois refusé que l’on fasse assumer à l’opposition la responsabilité de la crise. « Celle-ci est née de l’assassinat de Rafic Hariri, de l’attentat contre Marwan Hamadé, de la prorogation du mandat Lahoud, de l’adoption de la 1559 », a-t-il dit. Signalons enfin que le bloc tripolitain (Mohammed Safadi, Mohammed Kabbani et Maurice Fadel) s’est rendu place de l’Étoile mais a refusé de participer aux consultations qu’il a qualifiées de « purement formelles ». Appelant Omar Karamé à « tirer les bonnes leçons, en finir avec l’illusion de la confiance parlementaire et reconnaître qu’il a perdu, et le pouvoir avec lui, celle du peuple », Mohammed Safadi a souhaité que le PM désigné « se soulève contre ceux qui veulent lui faire supporter le poids de leurs erreurs, reconnaisse qu’il n’est plus habilité à former un gouvernement d’union » et adhère aux demandes de l’opposition.
Omar Karamé a entamé son allocution devant la presse, à l’issue des consultations parlementaires qu’il a menées hier place de l’Étoile, en assurant que « 99,99 % des députés souhaitent, comme nous, un gouvernement d’union nationale ». Faisant comprendre toutefois que la formation d’un tel cabinet (qui risque, au pire, d’être une impossible mission) pourrait...