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Évidences

Une fois de plus, le pouvoir met les pieds dans le plat. Une fois de plus, le pouvoir se discrédite, se place naturellement dans le box des accusés. En laissant ses sbires multiplier les vexations, les brimades contre la base populaire de l’opposition, en couvrant, par son silence, les menaces proférées à l’adresse des Libanais qui manifestent place des Martyrs, le pouvoir creuse irrémédiablement sa propre tombe. Mettre en garde contre un dérapage éventuel, « une grenade qui pourrait être lancée parmi la foule », c’est se mettre en position de coupable potentiel. Si le moindre incident, à Dieu ne plaise, se produit aujourd’hui, c’est le pouvoir et ses services qui seront montrés du doigt. Ce même pouvoir qui n’a pas arrêté de marteler tout au long des journées écoulées, et avant-hier de la bouche même du chef de l’État, qu’il contrôle totalement la situation, soulignant même avec délectation que « pas une gifle n’a été assénée par quiconque » durant ces journées mémorables. C’est délirant ! Et voilà qu’aujourd’hui même, alors que les Libanais donnent au monde entier la preuve de leur unité retrouvée, ce pouvoir disqualifié agite l’épouvantail de la discorde et de l’instabilité sécuritaire. On croit rêver ! Les Syriens se retirent, leurs services de renseignements aussi, bien qu’à la traîne, en conformité avec la 1559, le Liban récupère une souveraineté longtemps captive, et le pouvoir trouve quand même à redire : « Le complot montre enfin son vrai visage, son objectif : implanter les Palestiniens et désarmer le Hezbollah. » Au rythme accéléré des insanités clamées par le pouvoir comme autant de vérités absolues, il ne resterait plus à Beyrouth qu’à accuser Damas de comploter contre la stabilité au Liban pour avoir souscrit à la 1559 ! Mais trêve de sarcasmes ; à ce stade, il est impératif de rappeler deux évidences : quand l’État palestinien verra le jour, les Palestiniens du Liban prendront naturellement la citoyenneté de cet État. Détenteurs de passeports, ils seront automatiquement considérés comme des ressortissants étrangers. Est-ce là l’implantation dont on nous menace ? Le Hezbollah, objet actuellement de toutes les sollicitudes (comme de toutes les menaces), n’a-t-il pas, lui-même, tout intérêt à appuyer la création de cet État en facilitant la tâche de l’Autorité présidée par Mahmoud Abbas ? Étrange, l’attitude du Hezbollah : défendue par un pouvoir aux abois, courtisée par l’opposition dans toutes ses composantes, la formation intégriste s’obstine dans son discours « réfractaire », réitéré hier à Nabatiyeh. Et pourtant, l’opposition plurielle est aujourd’hui le meilleur protecteur du Hezbollah. En effet, le rôle joué naguère, à cet égard, par Rafic Hariri auprès des instances internationales a été repris avec succès par Joumblatt et ses alliés de l’opposition plurielle. Et il est désormais pratiquement acquis que la question du Hezbollah sera discutée dans un cadre purement libanais, hors des exigences de la 1559. Donc par le dialogue et non par la contrainte. Ce sont là des évidences que le Hezbollah ne peut plus ignorer. Aujourd’hui, place des Martyrs, des centaines de milliers de mains seront levées dans une même aspiration à la vérité, à la souveraineté. Au-delà, ce seront des centaines de milliers de mains qui seront tendues vers le Hezbollah pour qu’il prenne part à la marche de l’histoire. Refuser de les saisir serait commettre une grossière erreur, ouvrir la voie au cloisonnement communautaire, marginaliser une frange importante de la population, celle-là même qui a manifesté, mardi dernier, place Riad el-Solh, sous les couleurs du drapeau libanais, celle-là même qui a contribué à la libération du Liban-Sud. Aujourd’hui, place des Martyrs, les Libanais, toutes couches sociales, toutes confessions confondues, rendront justice aux 150 000 morts de la guerre. De la terre qu’ils ont arrosée de leur sang naît déjà le nouveau Liban rêvé par Rafic Hariri. Les absents, comme toujours, auront eu tort. Nagib AOUN
Une fois de plus, le pouvoir met les pieds dans le plat. Une fois de plus, le pouvoir se discrédite, se place naturellement dans le box des accusés. En laissant ses sbires multiplier les vexations, les brimades contre la base populaire de l’opposition, en couvrant, par son silence, les menaces proférées à l’adresse des Libanais qui manifestent place des Martyrs, le pouvoir...