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« Seul le nouveau gouvernement peut éventuellement prendre des mesures de révocation » Dans le contexte actuel, le pouvoir refuse de « sacrifier » les chefs des services sécuritaires

Lundi dernier, la manifestation de l’opposition a été porteuse d’un élément nouveau sur lequel les médias ne se sont pas beaucoup attardés. Pour la première fois dans l’histoire du Liban moderne, les portraits des divers chefs des services de sécurité ont été brandis par les manifestants qui réclamaient leur départ. Or, en général, ces responsables ne sont pas très médiatisés et leurs visages sont peu connus. D’ailleurs, parler d’eux relevait presque, il y a quelque temps encore, d’une ligne rouge. L’un d’eux précise d’ailleurs, à cet égard, que le fait de brandir ces portraits dans une manifestation pourrait être considéré comme un acte passible de poursuites judiciaires selon la loi, même si, pour l’instant, nul ne songe à appliquer cette disposition. De toute façon, le fait de brandir ces portraits au cours de la manifestation était surtout destiné à montrer la détermination de l’opposition. Celle-ci réclame le limogeage ou la démission des chefs des services de sécurité, coupables, à ses yeux, de ne pas avoir assuré comme il le fallait la sécurité du président du Conseil assassiné ni mené convenablement l’enquête sur le sujet. Cette revendication est d’ailleurs devenue une condition préalable à la participation de l’opposition au gouvernement en gestation, et même, pour certaines figures, il s’agit d’une condition préalable à tout dialogue avec le camp loyaliste. Une source proche du pouvoir explique, à ce sujet, que les chefs des services de sécurité n’ont pas le même statut légal que celui du gouvernement. Dans une démocratie, l’opposition peut faire chuter celui-ci, au Parlement ou dans la rue selon ses moyens ou son plan. Mais, pour les chefs des services de sécurité, c’est une autre affaire. Ceux-ci font partie des institutions du régime et ils sont en général nommés au début d’un mandat présidentiel par le chef de l’État en accord avec le gouvernement en place. Ce fut le cas de tous les régimes qui se sont succédé depuis l’indépendance, et surtout depuis l’adoption de l’accord de Taëf. Le chef des services de renseignements militaires, le chef de la brigade de la garde présidentielle, le chef de la Sûreté de l’État ainsi que le chef de la Sûreté générale sont nommés au début d’un mandat présidentiel et ils s’en vont à la fin de ce mandat. C’est le cas depuis des années et aucun mécanisme dans le système libanais ne prévoit un changement dans ce fonctionnement. Et à moins d’une faute grave, aucun d’eux n’a été limogé en plein mandat, précise la source proche du pouvoir. La même source ajoute que le fait de décapiter le système de sécurité libanais, comme le réclame l’opposition, équivaut à un véritable coup d’État déguisé. Car en les révoquant, c’est tout le système, voire l’édifice, sur lequel est basé l’État actuel qui est ébranlé. D’ailleurs, ajoute-t-elle, aucune enquête n’a démontré la responsabilité de l’un de ces services pour justifier un tel limogeage. La source proche du pouvoir affirme qu’à ce stade, les révocations sont impossibles, puisque le gouvernement qui gère les affaires courantes ne peut pas prendre une décision aussi importante pour la structure même de l’État. Quant à l’éventuelle démission des chefs des services de sécurité, elle ne serait absolument pas à l’ordre du jour. Et les chefs des divers services n’auraient pas l’intention de céder à la pression de la rue. De toute façon, la source proche du pouvoir considère que le fait de réclamer la démission collective – ou le limogeage – de tous les chefs de sécurité est suspect. Car s’il y a une responsabilité dans l’assassinat de Rafic Hariri, elle ne peut être partagée à égalité par tous les services de sécurité, puisqu’ils n’ont pas le même rôle ni les mêmes fonctions. De plus, précise la source, avant de se prononcer et de lancer des accusations, il faudrait attendre l’issue de l’enquête. Mais dans l’état actuel des choses, le pouvoir n’est pas prêt à sacrifier les chefs des services pour en faire des boucs émissaires et les lancer en pâture à la foule. La même source ajoute que, pour l’instant, le mieux, pour l’opposition, serait de participer au gouvernement en gestation. Comme l’a déclaré le Premier ministre lui-même, le camp loyaliste n’a posé aucune condition préalable pour accepter l’entrée des opposants au sein de l’équipe ministérielle, ajoute la même source. Il n’a pas non plus exclu du débat le moindre sujet. Par conséquent, il serait possible de discuter de l’éventuel limogeage des chefs des services de sécurité ou de certains d’entre eux, au sein du Conseil des ministres. Il n’y a pas de sujets tabous, mais il n’est pas question non plus de priver le régime de sa structure de base dans un climat de défi et de tension. Si l’enquête met en cause certains services, leurs chefs pourraient être révoqués, mais il faudra en discuter dans le cadre légal prévu pour cela, à savoir le gouvernement. En somme, dans la situation actuelle, le camp loyaliste ne semble pas prêt à donner suite à la revendication de l’opposition. Donc le bras de fer continue. Jusqu’où ira-t-il ? La question demeure posée. Scarlett HADDAD

Lundi dernier, la manifestation de l’opposition a été porteuse d’un élément nouveau sur lequel les médias ne se sont pas beaucoup attardés. Pour la première fois dans l’histoire du Liban moderne, les portraits des divers chefs des services de sécurité ont été brandis par les manifestants qui réclamaient leur départ. Or, en général, ces responsables ne sont pas...