Barbe alors !

Y a pas à dire, le Liban est un pays d’avenir ! À peine le clampin de base a-t-il eu le temps de se réjouir du desserrement de la chape de plomb fraternelle qui l’abrutit depuis trente ans, que la manif des quatre cent mille et une barbes vient lui annoncer une série de joyeusetés pour les trente autres années à venir. Programmé en « déprime time » sur toutes les chaînes cathodiques, le baron du Hezbollah nous a promis de belles colonies de vacances à rallonge. Résumé du pensum : sur les quelque 60 ou 70 ans de sa vie active, le Libanais d’en bas en consacrera désormais une quarantaine à libérer des territoires, une dizaine à jeter des juifs à la mer et le reste à lutter contre l’implantation des Palestiniens. Vaste programme ! Avant de commencer à nous inonder de pognon, les investisseurs sont ainsi priés d’attendre que le Schtroumpf à lunettes ait terminé son cursus guerrier. Et puis, parlant d’investisseurs, faut quand même reconnaître que notre ami a énormément « investi » sur son alliance stratégique avec la Syrie. Laquelle a, elle aussi, énormément investi dans les barbus-chairs-à-canon qui font, depuis quinze ans, la guerre à sa place. Pour l’heure, nous sommes donc condamnés à palabrer. Priorité au verbiage, a même lancé le barbu au turban. À ceci près qu’apparemment, pour lui, certaines priorités, comme celles de continuer à savonner la planche à Istiz Nabeuh, sont plus prioritaires que d’autres. Voulant sans doute jouer les utilités pour ne pas se faire oublier, le Déshérité aspire lui aussi à dialoguer avec l’opposition. D’où son idée lumineuse de proposer le Tripolichinelle pour un nouveau tour de piste. Qu’il est dur de ménager le pouvoir en place sans insulter l’avenir. Place entre-temps au spectacle : les frérots plient leur barda et s’en retournent chez eux. Normalement, accompagnés de leurs espions, se promettent les Libanais. Pourvu seulement que le « normalement » ne laisse pas la place à beaucoup « d’occasionnellement ». Gaby NASR