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Actualités - CHRONOLOGIE

Diplomatie - L’état-major US étudierait des plans d’action contre Damas Le Liban en tête de l’ordre du jour du sommet Bush-Chirac, ce soir

À la veille du sommet qui doit regrouper ce lundi soir à Bruxelles les présidents américain George W. Bush et français Jacques Chirac, il était acquis hier que la question libanaise, et notamment les suites de l’assassinat de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri, occuperait une place importante dans les discussions entre les deux chefs d’État, sinon la tête de l’ordre du jour. Des informations diffusées par des chaînes de télévision internationales confirmaient hier soir cette tendance. Le sommet devait déjà aborder le Liban à travers la question de la résolution 1559 du Conseil de sécurité et des élections législatives prévues au printemps, mais, comme le souligne notre chroniqueur diplomatique Khalil Fleyhane, l’attentat contre Hariri donne une nouvelle dimension, nettement plus urgente, au problème. Selon certains médias internationaux, l’état-major américain examinerait actuellement des plans d’action militaires contre la Syrie. Jeudi dernier, la secrétaire d’État américaine, Condoleezza Rice, avait déclaré que les États-Unis privilégiaient la voie diplomatique avec Damas, mais elle avait ajouté que Washington n’excluait d’emblée aucune option, à savoir entre autres l’option militaire. Le lendemain, Mme Rice a affirmé que les États-Unis ne cherchaient pas à isoler la Syrie sur la scène internationale, mais qu’ils espéraient que Damas agirait d’elle-même pour apaiser les craintes qu’elle suscite. « Nous n’essayons pas d’isoler la Syrie », a dit Mme Rice à l’issue d’un entretien avec son homologue néerlandais, Bernard Bot. « Ce que nous essayons de faire est d’obtenir que la Syrie s’engage à avoir un comportement plus responsable », a-t-elle ajouté. Mme Rice a souhaité notamment que Damas coopère pleinement avec l’enquête qui doit déterminer qui est responsable de l’assassinat de Hariri et cesse de soutenir les insurgés irakiens ainsi que les militants islamistes opposés au processus de paix au Proche-Orient. De son côté, le porte-parole du département d’État Richard Boucher a déclaré vendredi que « le but est de faire comprendre à la Syrie qu’elle s’isole. Elle crée des difficultés pour elle-même en poursuivant ces politiques qui mènent à des problèmes avec ses voisins », a-t-il ajouté. Pour en revenir au sommet Bush-Chirac, le président américain s’est réjoui vendredi de rencontrer son homologue français pour parler dorénavant d’une seule voix sur le Liban et la Syrie, le processus de paix israélo-palestinien et l’Iran. Dans une interview diffusée par France 3 à trois jours de son dîner avec M. Chirac, M. Bush a rappelé que les États-Unis et la France avaient « beaucoup de valeurs en commun ». « Nos deux nations pensent que les droits de l’homme et la dignité humaine sont très importants, tout comme l’État de droit et la transparence. Notre amitié est très ancienne et nous y attachons beaucoup d’importance. Je me réjouis de m’entretenir avec le président Chirac », a-t-il dit. « Nous avons eu des différends mais, maintenant, il faut les mettre de côté », a ajouté M. Bush, en citant la nécessité d’aider les Libanais à organiser « des élections justes et libres » et de « continuer à développer le processus de paix au Proche-Orient ». « Il y a beaucoup de domaines dans lesquels il faut que nous travaillons ensemble », a-t-il souligné en parlant des Français. « Je suis convaincu que si nous parlons d’une seule et même voix, la Syrie comprendra le message », a estimé le président américain. « Les Français ont beaucoup d’influence en Syrie, et nous y avons de l’influence aussi. Le fait que nous sommes sur la même longueur d’onde devrait envoyer un signal fort au président (Bachar) el-Assad ». De même, à propos du programme nucléaire de Téhéran, « je crois que la clé est que les Iraniens doivent entendre les Américains et les Européens parler d’une même voix », a poursuivi M. Bush. Évoquant enfin le fragile processus de dialogue entre Israéliens et Palestiniens, il a affirmé qu’il fallait empêcher « les terroristes d’intimider les Palestiniens » et la nouvelle direction de Mahmoud Abbas. « Nous avons fait beaucoup de progrès et je me réjouis de parler avec le président Chirac de tous ces progrès, de lui rappeler à lui, ainsi qu’au peuple français, que nous allons rester impliqués, que les États-Unis voient un accord à portée de main ». De son côté, l’ancienne secrétaire d’État américaine Madeleine Albright a réaffirmé dimanche la position de Washington en faveur d’un retrait syrien du Liban, mais a dit ne pas soutenir une intervention militaire en Syrie, car les États-Unis « ont assez à faire ». « Les Américains ont dit beaucoup sur l’indépendance du Liban et appuyé la résolution (1559) du Conseil de sécurité de l’Onu afin d’obtenir le retrait des forces syriennes du Liban », a déclaré Mme Albright à l’AFP, en marge du 6e Forum économique de Djeddah (Arabie saoudite) auquel elle participe. Mais elle a exclu que les États-Unis, dont des troupes sont déployées en Irak, pays voisin de la Syrie, lancent une opération militaire contre ce pays pour le forcer à retirer ses forces du Liban. « Je crois que nous avons assez à faire pour le moment », a-t-elle dit. Intervenant devant le Forum de Djeddah, Mme Albright a affirmé : « Notre problème avec la Syrie, c’est que nous avons travaillé dur (en direction de la Syrie) pour les négociations avec Israël. Elle aide les organisations terroristes et occupe le Liban », a-t-elle dit. À Paris, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Hervé Ladsous, a souligné lors d’un point de presse que la position de la France à propos de la Syrie et du Liban n’était pas plus frileuse que celle des États-Unis. « Qu’est-ce qui vous donne cette impression ? » a demandé Hervé Ladsous à un journaliste qui s’interrogeait à ce sujet dans le contexte des suites de l’assassinat de Hariri et des réactions de Paris et de Washington. « Les déclarations, les prises de position et surtout la présence du président de la République (Jacques Chirac) à Beyrouth aux côtés de la famille Hariri : je ne pense pas que vous soyez en mesure de qualifier tout cela de frilosité », a dit M. Ladsous. « Nous avons une ligne extrêmement claire qui est fondée sur des principes », a-t-il ajouté. Comme on lui demandait si un éventuel retrait syrien du Liban devrait intervenir avant les élections prévues en mai, le porte-parole a répondu : « Il y a une exigence du Conseil de sécurité (de l’Onu) qui est posée par la résolution 1559. Il y a une attente qui ne se traduit pas en terme de calendrier. Il y a une attente de mouvement et de résultat. On ne fixe pas de date. La communauté internationale attend qu’il y ait une évolution et le retour à la souveraineté pleine et entière du Liban. » Interrogé sur le point de savoir si la participation d’experts suisses à l’enquête sur l’attentat de lundi dernier était suffisante, M. Ladsous a dit que « le gouvernement libanais doit faire ce qui doit être fait. Les moyens par lesquels il le fait, ça ne nous regarde pas ». À Damas, où il est arrivé hier soir, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a déclaré à la presse qu’il comptait évoquer avec le président syrien et son ministre des Affaires étrangères « les relations syro-américaines et la situation dans le monde ». Des sources de la Ligue arabe avaient indiqué samedi que M. Moussa avait décidé d’avancer sa visite à Damas, initialement prévue mercredi, et que les discussions devraient porter sur la question libanaise.

À la veille du sommet qui doit regrouper ce lundi soir à Bruxelles les présidents américain George W. Bush et français Jacques Chirac, il était acquis hier que la question libanaise, et notamment les suites de l’assassinat de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri, occuperait une place importante dans les discussions entre les deux chefs d’État, sinon la tête de l’ordre...