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Actualités - OPINION

Une solution rapide, pour éviter une catastrophe socio-économique

L’enquête va-t-elle traîner sans résultats, comme dans tant d’autres tragédies sanglantes, tant d’assassinats, de tueries commandités ? Sur le plan politique, à moins d’un brusque revirement, d’un coup de théâtre, le pouvoir ne semble pas vouloir répondre favorablement aux revendications opposantes. Hier, tandis que le Liban faisait ses adieux au président Rafic Hariri, le gouvernement ne montrait aucun signe donnant à penser qu’il allait démissionner. Pour céder la place à une équipe de transition qualifiée pour superviser les élections législatives. De même, contrairement à la position plus coulante affichée par la Syrie (s’exprimant par la bouche de son ambassadrice en France, Siba Nasser), les autorités libanaises refusaient encore hier l’idée d’une enquête internationale. Tout comme elles avaient auparavant rejeté la proposition de l’envoi d’une mission d’observateurs internationaux pour les législatives, afin d’en vérifier la régularité. Tout ce que les dirigeants du cru accepteraient, ce serait, selon leurs termes, l’aide d’experts judiciaires étrangers dans les investigations concernant l’assassinat du président Hariri. De même qu’ils accepteraient, en ce qui concerne les élections, des observateurs libanais, ce à quoi la loi les oblige d’ailleurs. Tout cela s’inscrit dans la logique du rejet, en pratique, de la 1559, en tant qu’instrument pour ainsi dire de l’internationalisation du cas libanais. Dans ce même esprit, les responsables s’inscrivent en faux contre les demandes, joumblattistes ou autres, de protection internationale pour quiconque. Ils s’arment, paradoxalement, du prétexte de la souveraineté nationale, telle qu’eux-mêmes l’entendent. En principe donc, on s’achemine vers une confrontation jusqu’au bout entre le pouvoir et l’opposition nationale. S’il n’y a pas une issue rapide, accélérée, le bras de fer qui s’annonce risque d’aggraver considérablement une situation économique et financière qui n’est déjà pas bien reluisante. La Banque centrale peut certes protéger la livre pendant quelques mois, mais sans doute pas empêcher les prix de flamber. Ce qui affecterait évidemment le pouvoir d’achat de la monnaie nationale ainsi que des salariés. La dégradation se trouverait accentuée par une probable fuite des capitaux et des investisseurs, ainsi que des touristes. Le palliatif qui consisterait à retenir les déposants en augmentant les taux d’intérêt sur la livre signifierait une démultiplication de la dette publique, déjà écrasante, et du déficit budgétaire. Rendant le redressement économique, l’arrêt de la récession tout à fait hors de portée. Si l’autorité publique poursuit sa politique de vindicte, si elle ne retrouve pas de suite le sens des responsabilités nationales, le pays va à la ruine. Il faut espérer un revirement, un choc salutaire venant compenser un peu la perte immense que le Liban vient de subir à travers l’assassinat du président Rafic Hariri. Il reste cependant, face à l’entêtement des officiels libanais qui ne voient que leurs intérêts particuliers, quelque espérance dans le soutien de la communauté internationale. Qui multiplie et accentue ses pressions, par les textes comme par les démarches diplomatiques, en faveur de la normalisation au Liban. Par le retour à la souveraineté, comme à la démocratie et aux libertés que brise la terreur. Le rappel de l’ambassadrice américaine à Damas ainsi que la déclaration du Conseil de sécurité demandant un rapport à Kofi Annan augurent d’une application accélérée de la 1559. Mais, presque ouvertement, les loyalistes estiment pour leur part que l’assassinat du président Rafic Hariri devrait en fait retarder le retrait des troupes syriennes. Ils se fondent sur les assertions du ministre syrien de l’Information, Mahdi Dakhlallah, qui a laissé entendre que s’il n’y avait pas eu des replis syriens précédents de Beyrouth, l’ancien président du Conseil libanais n’aurait pas été assassiné. Cette logique est condamnée cependant autant par la communauté internationale, Amérique et France en tête, que par l’opinion libanaise. Qui sait, et s’en plaint, que ce qu’on appelle communément les services sont toujours là. Sans rien de changé par rapport au temps où Kamal Joumblatt, Béchir Gemayel, cheikh Hassan Khaled et cheikh Sobhi Saleh étaient assassinés. Quoi qu’il en soit, sur un plan prosaïque, et sans paraître se douter du cynisme de sa position, un ministre-député affirme que le pouvoir va maintenant remporter facilement les élections, après la disparition du président Rafic Hariri. Pour atténuer un peu l’impudence de ces assertions, cette personnalité ajoute qu’après le scrutin, le futur gouvernement libanais discuterait avec les Syriens du retrait de leurs forces du Liban. À l’en croire, il n’est pas du tout question que le pouvoir ou Damas plient maintenant et que le retrait, ou même le repli sur la Békaa, s’effectue avant les élections, comme l’exigent les grandes puissances. Et l’opinion libanaise endeuillée. Émile KHOURY
L’enquête va-t-elle traîner sans résultats, comme dans tant d’autres tragédies sanglantes, tant d’assassinats, de tueries commandités ?
Sur le plan politique, à moins d’un brusque revirement, d’un coup de théâtre, le pouvoir ne semble pas vouloir répondre favorablement aux revendications opposantes. Hier, tandis que le Liban faisait ses adieux au président Rafic Hariri, le...