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Les régions libanaises se vident de leurs habitants venus faire leurs adieux à Hariri Tripoli sort de son mutisme et dénonce la présence syrienne (Photo)

À l’instar de l’ensemble des régions libanaises qui ont porté le deuil, la scène tripolitaine, fief du Premier ministre Omar Karamé, a exprimé hier, pour la seconde journée consécutive, son indignation face à la tragédie qui a coûté la vie à l’ancien chef du gouvernement, Rafic Hariri, et à plusieurs Libanais. Révolte, répugnance, tristesse et état de choc étaient au menu de la palette de sentiments éprouvés sur place. Les habitants de Tripoli ne s’étaient pas d’ailleurs privés la veille de faire exploser leur colère après l’assassinat de l’un des principaux symboles sunnites du pays. Fait inédit dans la ville tripolitaine, les rassemblements spontanés qui ont eu lieu mardi et mercredi à différents endroits de la capitale du Nord, pour stigmatiser l’attentat, n’ont pas tardé à tourner en un mouvement antisyrien violent, les protestataires dénonçant – pour la première fois depuis Taëf – la présence des troupes de Damas. Des Tripolitains en colère ont scandé des slogans réclamant le retrait des troupes syriennes et dénonçant le laxisme des responsables libanais en s’en prenant au ministre de l’Intérieur, Sleimane Frangié : « La Ilah illa Allah, et Frangié est l’ennemi d’Allah », criaient les manifestants qui ont, de ce fait, enfin rejoint l’opposition chrétienne dans sa lutte nationale. Longtemps réprimés par les services secrets syriens semés aux quatre coins de la ville, les habitants – et plus particulièrement les membres des mouvements islamistes qui restent, à ce jour, marqués par les violents combats qui les ont opposés aux troupes syriennes durant la guerre – sont sortis de leur mutisme pour exprimer toute leur haine contre la Syrie, accumulée et refoulée au fil des ans. Pris de panique et craignant des réactions xénophobes comme celles qui ont eu lieu mardi à Saïda lorsque les sympathisants de Rafic Hariri s’en sont pris aux ouvriers syriens, ces derniers ont entrepris de quitter, le plus discrètement possible, les lieux. Plusieurs vans escortés par les Forces de sécurité intérieure ont pris ainsi le chemin de Damas. Déserte, la ville de Tripoli s’est parée des photos du leader défunt, qui semble avoir remplacé, dans le cœur de nombreux Tripolitains, son adversaire politique, Omar Karamé. Vu les circonstances, les partisans de ce dernier se sont d’ailleurs complètement, éclipsés de la scène. Le calme relatif qui régnait dans la ville, hier, n’a pas déteint sur les localités environnantes qui ont poursuivi, pour la seconde journée consécutive, leur protestation dans les régions de Minié, Denniyé et au Akkar. Malgré l’intervention, mardi, des FSI, les manifestants sont revenus à la charge, brûlant des pneus et bloquant les routes menant vers ces localités. S’abstenant cette fois-ci d’entraver le mouvement des protestataires, les forces de sécurité ont dû toutefois intervenir lorsque les habitants de la localité de Hanin (à Minié) ont interdit la circulation de plusieurs camions syriens, lançant des pierres contre eux et s’attaquant aux chauffeurs, selon le témoignage d’un cheikh sunnite de la région. Partout ailleurs au Liban, dans les régions périphériques, le spectacle de désolation s’est reproduit entraînant un véritable mouvement de cohésion populaire qui n’a jamais eu son pareil au Liban. Les murs, les balcons, les poteaux d’électricité, les bords de route ont exhibé, comme un leitmotiv, les signes de deuil et les photos du leader décédé. Dès 8h, des convois en provenance de l’ensemble des régions ont quitté leurs localités pour venir rejoindre le cortège funèbre dans la capitale. Bardés de drapeaux libanais et partisans – toutes formations confondues – et de banderoles noires bordant les portraits de Hariri, les grappes de voitures et de bus en provenance des différentes zones de la montagne ont bloqué les routes internationales et les entrées de Beyrouth. Accrochés en haut des mosquées, les haut-parleurs qui diffusaient des versets du Coran à partir de la montagne et des régions côtières ont fait écho à ceux de la ville, rejoints par le son des cloches des églises, dans un ultime chant d’union communautaire. À Saïda, toutes les formations politiques ont apposé leur signature sur un immense drap noir pour marquer leur tristesse commune. Le député Oussama Saad, les membres de la municipalité de Saïda, la Jamaa islamiya, le mouvement Amal, l’OLP, l’Association des médecins de Saïda et du Liban-Sud, le syndicat des chauffeurs de taxi, la Chambre de commerce et d’industrie de Saïda et du Liban-Sud, autant de formations qui regroupent ceux qui ont aimé ou même critiqué l’ancien chef de gouvernement. Même scénario à Tyr, Bint-Jbeil, Nabatiyé, Hasbaya, transformées en villes fantômes. Les habitants de ces régions périphériques ont déferlé dès les premières heures de la matinée vers la capitale où devait être enterré celui qui aura marqué l’histoire récente de leur pays. Jeanine JALKH
À l’instar de l’ensemble des régions libanaises qui ont porté le deuil, la scène tripolitaine, fief du Premier ministre Omar Karamé, a exprimé hier, pour la seconde journée consécutive, son indignation face à la tragédie qui a coûté la vie à l’ancien chef du gouvernement, Rafic Hariri, et à plusieurs Libanais. Révolte, répugnance, tristesse et état de choc étaient au menu...