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Actualités - CHRONOLOGIE

Vive inquiétude de la presse et des analystes arabes

De nombreux journaux et analystes arabes redoutent que l’assassinat de Rafic Hariri n’entraîne le Liban et le monde arabe dans des troubles confessionnels ou dans une crise régionale, relève l’AFP. « L’unité et la solidarité nationale des Libanais vont à vau-l’eau », estime le porte-parole du secrétaire général de la Ligue arabe Hossam Zaki. « Les retombées de l’assassinat peuvent être dangereuses si la rue libanaise se divise », a-t-il averti, dans une déclaration à la télévision égyptienne. « Nous devons être très vigilants pour que la région du Proche-Orient ne soit pas entraînée vers un nouveau tourbillon de violences et qu’un nouveau foyer de tension ne s’embrase au lieu que ne s’éteignent ceux qui persistent en Palestine et en Irak », a ajouté le responsable. « L’assassinat de Hariri va de facto entraîner une application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’Onu, stipulant le départ des troupes syriennes stationnées au Liban », a déclaré à l’AFP l’analyste Emad Gad, du Centre d’études stratégiques et politiques d’al-Ahram. « Si Damas refuse d’appliquer la 1559 et tire les ficelles pour manipuler ses partisans au Liban, comme le Hezbollah chiite ou des membres sunnites et chrétiens du gouvernement, une guerre civile pourra éclater », estime M. Gad. Il ajoute cependant que « les superpuissances axeront tous leurs efforts pour écarter ce spectre en exerçant un maximum de pressions pour forcer Damas à appliquer la résolution 1559 ». « Le départ des troupes syriennes et la disparition de toute présence syrienne, en particulier celle des services de renseignements, sont l’unique moyen pour mettre fin à l’état d’ébullition de la société libanaise » après l’assassinat de Hariri, estime M. Gad. « Qu’elle soit coupable ou innocente, la Syrie paiera le prix de cet assassinat », a-t-il affirmé, en soulignant la position devenue plus difficile encore de la Syrie sur la scène internationale et régionale. « Une profonde tristesse mêlée de peur règne sur la région, qui craint que l’assassinat de Hariri ne conduise à une période négative », a souligné le directeur du centre d’al-Ahram, Abdel-Menhem Saïd. Tout en relevant « l’absence de conflits confessionnels au Liban », le rédacteur en chef de l’agence de presse égyptienne Mena admet « craindre que certaines parties attisent la tension créée par l’assassinat jusqu’à déclencher une guerre civile ». « La scène libanaise grouille encore de milices, résidus du passé et qui sont une industrie très lucrative. Ces milices sont prêtes à faire n’importe quoi pour servir leurs intérêts », a averti Mahfouz al-Ansari. La presse arabe inquiète Par ailleurs, plusieurs journaux arabes ont estimé que l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri, ravive de vieux souvenirs et suscite des inquiétudes nouvelles sur l’avenir du Liban. La presse égyptienne mettait en garde contre les dangers d’une sédition confessionnelle au Liban. « Le spectre de la guerre civile plane sur le Liban », titre mercredi le quotidien indépendant égyptien al-Masry al-Youm. Ce dernier et le journal gouvernemental al-Akhbar estiment que la situation actuelle rappelle l’atmosphère lors de l’assassinat du dirigeant libanais Maarouf Saad en mars 1975, qui a marqué « le début du terrorisme, qui a dégénéré en guerre civile au Liban » un mois plus tard. « Les guerres civiles sont généralement précédées par une polarisation politique autour d’une question d’intérêt suivie par un acte violent visant un symbole de cette polarisation, puis d’un acte de représailles » créant un engrenage conduisant « le pouvoir central à perdre le contrôle » du pays, écrit l’éditorialiste du quotidien égyptien indépendant al-Masry al-Youm. Le quotidien al-Ahram (gouvernemental) « met en garde contre une ingérence étrangère dans les affaires libanaises, motivée par des intérêts politiques, visant à consacrer l’instabilité et à ramener le spectre de la sédition confessionnelle et de la guerre civile ». « Les Libanais doivent tenir compte des pressions qui seront exercées sur leur gouvernement et qui pourraient aboutir à une guerre civile précédée par des changements consécutifs de gouvernements », affirme le rédacteur en chef du quotidien gouvernemental al-Gomhouriya, Samir Ragab. « Les forces politiques libanaises doivent faire preuve du plus haut niveau de patience et œuvrer pour contenir la tension et non l’exacerber, car la situation est extrêmement délicate et tout geste malheureux peut faire revenir le pays vers le passé », avertit le quotidien indépendant Nahdat Misr. Dans le Golfe, la presse qatariote met en garde contre les risques d’une intervention étrangère dans les affaires du Liban. « L’assassinat de Hariri suscite des inquiétudes, surtout après que Washington, qui mène campagne avec la France, a réclamé une enquête internationale sur ce crime », écrit le quotidien al-Watan. « Ce à quoi sont exposés le Liban et la Syrie ne diffère pas beaucoup de ce qui est arrivé en Irak, lorsque le Conseil de sécurité a été mobilisé pour servir de cheval de Troie ayant conduit à l’occupation américaine » de ce pays, ajoute le journal. Pour le journal al-Raya, « les portes de l’intervention étrangère au Liban sont grandes ouvertes (...) Le crime est un prétexte aux forces étrangères pour intervenir au Liban, avec pour couverture une résolution du Conseil de sécurité ». Ach-Charq écrit pour sa part qu’ « après l’assassinat de Hariri, une nouvelle crise régionale se profile à l’horizon, dont la Syrie sera probablement l’axe, pour l’obliger à se soumettre aux exigences de Washington et accepter les conditions d’Israël en ce qui concerne le processus de paix ». Aux Émirats arabes unis, le quotidien al-Khaleej avertit que « le Liban, qui a vaincu la guerre civile et l’occupation sioniste, entre de nouveau dans le cercle du danger ». En Arabie saoudite, la presse est plus prudente. Pour le quotidien al-Madina, « le terrorisme frappe partout et sous diverses formes et avec des slogans différents. Mais il verse dans un seul et même canal et profite aux ennemis de la nation, avec à leur tête le projet sioniste ». Le quotidien al-Jazira appelle le Liban à « patienter (avant d’accuser) quiconque de ce crime abominable, pour que le pays ne se transforme pas en une autre scène d’accusations et d’insultes ».
De nombreux journaux et analystes arabes redoutent que l’assassinat de Rafic Hariri n’entraîne le Liban et le monde arabe dans des troubles confessionnels ou dans une crise régionale, relève l’AFP.
« L’unité et la solidarité nationale des Libanais vont à vau-l’eau », estime le porte-parole du secrétaire général de la Ligue arabe Hossam Zaki. « Les retombées de...