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Actualités - CHRONOLOGIE

Joumblatt pour la séparation des volets libanais et syrien Unie, l’opposition fustige le pouvoir et réclame le retrait total des troupes de Damas

Les menaces du pouvoir, illustrées par la formule même du Premier ministre Omar Karamé jeudi dernier (« Ils verront dans les quarante-huit heures »), ne semblent pas impressionner l’opposition plurielle. Individuellement et en collectivité, les membres de la rencontre du Bristol ont, à l’instar du général Michel Aoun hier à Paris, proclamé une fois de plus leur attachement à l’unité de l’opposition. Parallèlement, ils ont tous mis en évidence la somme de négations qui existe au niveau de l’Exécutif, insistant sur la nécessité d’un retrait total des troupes syriennes du Liban. Dans un entretien à paraître aujourd’hui lundi dans la revue Politique internationale, le chef du PSP, Walid Joumblatt, est monté d’un cran supplémentaire dans son discours en se prononçant pour la séparation des volets syrien et libanais dans le processus de paix avec Israël. « D’après Damas, la Syrie doit maintenir sa tutelle sur le Liban tant que la paix entre Israël et les Palestiniens n’a pas été signée, tant qu’un État palestinien indépendant n’a pas été créé, tant que le Golan n’a pas été libéré », estime M. Joumblatt. « Tout cela peut prendre encore des décennies. Je dis non. Je suis pour une séparation des deux volets » syrien et libanais, poursuit-il, avant d’ajouter : « Je crois qu’il faut revenir à l’armistice de 1948 » avec Israël. Le chef du PSP a par ailleurs jugé qu’il existe deux manières de récupérer les fermes de Chebaa : « Soit par la force militaire, qui est encore une option à travers l’action du Hezbollah, soit par une procédure juridique. Or, cette dernière ne pourra être déclenchée qu’à la condition que le gouvernement syrien envoie aux Nations unies des documents authentifiant la libanité de ces fermes, ce qu’il a refusé de faire jusqu’à présent », souligne M. Joumblatt. Évoquant enfin le retrait syrien, il a estimé qu’« une chose est sûre : un gouvernement libanais totalement sous la tutelle de la Syrie n’entamera jamais de telles négociations ». « Il est temps pour nous de porter au pouvoir un gouvernement indépendant, qui serait représentatif de la population et en mesure de discuter librement avec notre voisin » syrien, dit-il. S’exprimant par ailleurs à Moukhtara devant une délégation de 350 ingénieurs de différentes régions libanaises conduites par le président de l’Ordre, Sobhi el-Bsat, les anciens présidents Assem Salam et Samir Doumit, et formée de représentants des différents courants politiques de l’opposition plurielle, M. Joumblatt a abordé la question des relations libano-syriennes dans une perspective historique. Ainsi a-t-il rappelé comment Kamal Joumblatt et le Mouvement national s’étaient opposés à l’entrée des forces syriennes, « mandatées par les États-Unis », au Liban, évoquant les propos d’Henry Kissinger sur son père. « Le Liban ne saurait être hostile à la Syrie, mais il ne saurait non plus être gouverné à partir de Damas (...) Nous sommes le dernier pays du monde à être gouverné par une armée, a-t-il dit, avant de dénoncer l’emprise du régime sécuritaire et policier commun libano-syrien. » « Ce qui gêne actuellement le pouvoir et la Syrie, c’est que nous avons brisé les carcans communautaires », a-t-il poursuivi, réitérant son attachement à l’accord de Taëf, mais aussi au retrait total des forces syriennes, conformément au document du Bristol 3. M. Joumblatt a également évoqué l’attentat contre Marwan Hamadé, avant de revenir à la théorie nationaliste syrienne selon laquelle le Liban est une partie de la Syrie, à laquelle il a opposé les appels récents de plusieurs intellectuels syriens en faveur d’un retrait syrien du Liban, d’un arrêt de la tutelle et de la levée des mesures d’exceptions en Syrie. « S’ils sont rentrés pour l’unité du Liban, eh bien, le Liban a refait son unité. L’armée israélienne s’est retirée, et il ne reste plus que le problème de Chebaa. S’il y a autre chose, qu’ils nous le disent, mais la situation ne peut pas rester en suspens éternellement », a ajouté M. Joumblatt, qui a ensuite dénoncé les propos de « l’orateur de la Mosquée », Omar Karamé, et ses menaces. « Du patriarche Sfeir au général Aoun, tout le monde respecte le volet interne de Taëf sur les réformes, mais certains tentent de faire passer le Bristol pour un axe entre sunnites, druzes et maronites contre les chiites, ce qui est faux », a-t-il ajouté. Karamé vilipendé De son côté, le comité de suivi du Bristol, réuni samedi, a condamné les menaces et la « campagne de trahison » orchestrée contre les opposants par les loyalistes, Omar Karamé en tête, réaffirmant son attachement à la protection du Hezbollah, contrairement à ce que prétend le pouvoir. Le comité de suivi a réclamé la formation d’un cabinet neutre pour la surveillance des élections. Les députés de Tripoli, Misbah Ahdab et Mohammed Safadi, qui ont tenu une réunion ensemble samedi, ont dénoncé l’attitude et les propos de M. Karamé, rejetant « les campagnes de trahison et la manipulation à travers l’utilisation de la notion d’arabité et de l’appartenance sectaire dans le but d’obtenir des gains électoraux ». « Comment les Libanais vont-ils être rassurés au sujet de l’intégrité et de la justice des élections si le chef du cabinet qui gère le processus électoral menace et devient partie à la bataille ? » se sont-ils demandés. Le député Ghazi Aridi s’est lui aussi déchaîné contre le pouvoir « clientéliste et profiteur », qui a « nui à la Syrie » selon lui. M. Aridi a évoqué dans ce cadre l’affaire de la banque al-Madina, du barrage de Chabrouh ou encore de l’UL, estimant par ailleurs que « tout ce que le Premier ministre avait montré jusque-là est une série de positions vantardes, de défis et de réactions instinctives ». « Réclamer le retrait syrien du Liban n’est pas un crime », a-t-il ajouté. De son côté, le chef du Courant du « Liban des compétences », Ahmed el-Assaad, qui ne fait pas partie de la rencontre du Bristol, a néanmoins répondu au discours du ministre syrien des Affaires étrangères, Farouk el-Chareh, concernant les deux années supplémentaires de présence syrienne au Liban. « Le maintien de l’armée syrienne au Liban est injustifié, de même que l’hégémonie syrienne sur le pays. Les moyens employés par les services syriens pour terroriser les Libanais sont injustifiés », a indiqué M. Assaad dans un discours à Kleyaa (Liban-Sud), avant de s’en prendre au mouvement Amal et au Hezbollah, de réclamer le déploiement de l’armée au Sud et de fustiger le pouvoir, incapable de prendre une seule décision sans le parrainage de Damas. Enfin, les députés Nassib Lahoud, Pierre Gemayel et Boutros Harb, qui a reçu samedi une délégation de la Gauche démocratique, ont tous les trois mis en exergue la nécessité pour l’opposition de serrer les rangs. M. Gemayel a estimé que « la campagne loyaliste contre l’opposition est le dernier recours du pouvoir ». M. Harb, de son côté, a renouvelé son appel en faveur d’un retrait total de l’armée syrienne du Liban. Quant à Nassib Lahoud, il a estimé que « toute relation saine entre le Liban et la Syrie suppose nécessairement le retrait total des forces syriennes du Liban en fonction d’un calendrier agréé par les deux parties ». Dénonçant les campagnes contre l’opposition, il a ajouté, en allusion aux propos de M. Karamé : « Les Libanais ont-ils besoin d’encouragements américains ou français pour revendiquer le rétablissement de l’indépendance et de la souveraineté de leur pays, délivré de toute tutelle ? »

Les menaces du pouvoir, illustrées par la formule même du Premier ministre Omar Karamé jeudi dernier (« Ils verront dans les quarante-huit heures »), ne semblent pas impressionner l’opposition plurielle. Individuellement et en collectivité, les membres de la rencontre du Bristol ont, à l’instar du général Michel Aoun hier à Paris, proclamé une fois de plus leur...