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Actualités - REPORTAGE

Correspondance - « L’origami comme architecture » au National Building Museum L’art de bâtir en papier et en beauté (photos)

WASHINGTON-Irène MOSALLI Ils bâtissent des cathédrales et des monuments en papier. À l’aide d’un grand art venu du Japon et d’œuvres qui restituent l’esprit des constructions en pierre exposées au National Building Museum à Washington. Cette exposition, intitulée «L’origami comme architecture», donne à voir les plus grandes créations du genre réalisées selon cette technique. Elle porte la signature de deux artistes japonais, Takaaki Kihara et Kazukiyo Kurosu. En coupant, pliant et dépliant le papier, ils ont sculpté d’une manière spectaculaire des sites aussi grandioses que la cathédrale Notre-Dame de Paris, l’arc de triomphe, le Capitole à Washington, la Maison-Blanche et l’Opéra de Sydney. La mythologie est présente par un magnifique Pégase, prêt à galoper à travers le ciel. Au Japon, le papier est un matériau aussi noble que le bois et la pierre. On le transcende en allant au-delà de ses limites dans une quête de la simplicité et de la beauté. Une tradition toujours vivante comme en témoigne le travail des artistes, que l’on peut admirer dans le cadre de cette exposition. Ainsi, Takaaki Kihara a commencé par être architecte et ingénieur au Japon. Puis, il y a dix ans, il s’est initié à l’origami architectural dont il est devenu un passionné. Par la suite, il a animé dans ce domaine des ateliers éducatifs pour enfants au Japon et aux États-Unis, et il a rédigé un ouvrage intitulé Origami architectural: réplique des plus célèbres constructions du monde. Pour sa part, Kazukiyo Kurosu signe des créations en papier depuis un quart de siècle. Il transforme une seule feuille de papier en une structure tridimensionnelle, de telle sorte que l’objet sculpté reste attaché au même papier. À l’origine, il avait étudié l’architecture des maquettes. Au Japon, il est une grande référence en la matière. Le pliage moins innocent qu’il ne paraît L’origami a vu le jour sous la forme de pliages utiles il y a plusieurs siècles au Japon, sous forme d’offrandes aux divinités, au cours de cérémonies religieuses, appelées shintos. Bien que l’idéogramme soit différent, le mot «kami» signifiait phonétiquement «divinité», mais aussi «papier». Le papier possédait à cette époque un caractère sacré pour les prêtres shintos qui transcendaient sa beauté et sa pureté en le pliant pour symboliser la présence des dieux. Par la suite, on offrait au samouraï, en guise de porte-bonheur avant son départ au combat, un coquillage enveloppé de papier blanc. Puis le coquillage a été remplacé par une fine bande de papier jaune enveloppée dans un pliage plat tout en longueur, le «noshi», qui reste encore aujourd’hui pour les Japonais un porte-bonheur que l’on place sur les paquets. Parfois, il est simplement imprimé sur le papier d’emballage. Du fait de la rareté du papier, la plupart des emballages étaient faits par des maîtres qui transmettaient oralement leur artisanat. Avec l’essor de l’industrie du papier, le pliage est entré peu à peu dans la vie quotidienne pour emballer les cadeaux traditionnels. Plus tard, il deviendra un passe-temps connu sous le nom d’origami, ou «oru» pour plier et «kami» pour papier. Un passe-temps qui, à force d’exploration, aboutira à un art accompli aux multiples ressources. Le Français Didier Boursin, qui l’a bien étudié, l’évoque notamment en ces termes: « Aujourd’hui, le pli se plie aux caprices, si nécessaires, des créateurs: des recherches de structures des architectes aux combinaisons géométriques des mathématiciens, en passant par la rééducation manuelle et les applications médicales des psychologues et des ergothérapeutes. Le pliage est moins innocent qu’il ne paraît… »

WASHINGTON-Irène MOSALLI

Ils bâtissent des cathédrales et des monuments en papier. À l’aide d’un grand art venu du Japon et d’œuvres qui restituent l’esprit des constructions en pierre exposées au National Building Museum à Washington. Cette exposition, intitulée «L’origami comme architecture», donne à voir les plus grandes créations du genre réalisées...