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Actualités - CHRONOLOGIE

Le vice-ministre syrien a poursuivi sa tournée avant de rentrer à Damas Nassib Lahoud répond à Moallem : J’ai demandé le retrait syrien total (photo)

Alors que la rencontre mardi entre le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al-Moallem, et certains ténors opposants était supposée rétablir les liens entre Damas et l’opposition libanaise, les propos tenus hier par M. Moallem au sujet de cette rencontre et la réponse incisive du député Nassib Lahoud semblent montrer que la distance entre les deux camps est loin d’être comblée. Paradoxalement, la tournée de M. Moallem, qu’il a poursuivie hier avant de rentrer à Damas et qui était censée calmer le jeu politique interne, aura ainsi ravivé la tension. À l’issue de sa rencontre avec le vice-président de la Chambre, Michel Murr, M. Moallem a effectivement affirmé hier que ce qui s’est passé durant le déjeuner qui l’a réuni mardi, sur le yacht du vice-Premier ministre, Issam Farès, aux députés Nassib Lahoud et Boutros Harb, « n’a malheureusement pas été exprimé par la conférence de presse tenue par mon ami, le député Nassib Lahoud ». À un journaliste qui lui a alors demandé si M. Lahoud n’avait donc pas soulevé la question du retrait syrien du Liban, comme il l’a affirmé lors de sa conférence de presse, il a répondu : « M. Lahoud a parlé de Taëf et de ses dispositions relatives à la question, et nous sommes attachés à cet accord. » Ces propos ont immédiatement suscité de la part du député du Metn, Nassib Lahoud, une réponse assez musclée. « M. Moallem a laissé entendre que je n’ai pas demandé, lors de notre entretien, le retrait des forces syriennes du Liban », a-t-il déclaré, avant de poursuivre : « Ces propos ne correspondent pas à la précision habituelle de mon ami M. Moallem, ni à la réalité des choses telles qu’elles se sont déroulées, puisque j’ai été clair en demandant le retrait total des forces syriennes du Liban, et ce en application de l’accord de Taëf. » « J’ai proposé le retrait, en un premier temps, des forces syriennes vers la Békaa, et ce avant les prochaines élections législatives. Et ensuite le retrait complet vers le territoire syrien, en application d’un calendrier programme et en présence d’un gouvernement d’union nationale formé à la suite de ces élections », a-t-il ajouté, avant de conclure : « Ce que j’ai déclaré lors de ma conférence de presse correspond parfaitement à ce que j’ai dit à M. Moallem. » La tournée du vice-ministre syrien Par ailleurs, le vice-ministre syrien a encore une fois estimé qu’il n’était pas nécessaire d’établir une ambassade syrienne à Beyrouth, le Conseil supérieur libano-syrien devant lui-même se charger des relations entre les deux pays. Il a également affirmé que sa mission consiste à aplanir les obstacles empêchant l’établissement de relations libano-syriennes correctes. M. Moallem a poursuivi hier sa tournée libanaise supposée redonner aux relations entre Damas et Beyrouth une dimension politico-diplomatique qu’elle avait longtemps perdue au profit d’une gestion sécuritaire du dossier libanais à partir de Anjar. Il a ainsi rencontré, après le vice-président de la Chambre, Michel Murr, les anciens président du Conseil, Rachid Solh et Amine Hafez, et l’ancien président du Parlement, Kamel el-Assaad. À l’issue de son entretien avec M. Murr, à laquelle a également assisté le ministre des Affaires étrangères, Mahmoud Hammoud, l’ancien ambassadeur syrien aux États-Unis a déclaré avoir « entendu durant ma tournée des opinions et des idées rejoignant la vision du président syrien Bachar el-Assad, notamment en ce qui concerne l’édification d’une relation stratégique et institutionnelle entre le Liban et la Syrie, et qui puisse servir les intérêts des deux pays (...), une relation capable de contrer les plans extérieurs ». Quant à la date du repositionnement, avant le retrait final, des forces syriennes conformément à Taëf, que la Syrie « s’engage à respecter », M. Moallem a estimé que « c’est la commission militaire conjointe qui doit trancher à ce sujet, puisqu’elle est la mieux informée à propos des besoins sécuritaires des deux pays ». Le vice-ministre syrien a également refusé de commenter les propos du député du Chouf, Walid Joumblatt, qui avait déclaré qu’il s’en remet « à la grâce de Moallem et aux bienfaits des ambassades ». « Je ne réponds pas à travers les médias aux dires des opposants ou des loyalistes. Ceci concerne les Libanais », a-t-il dit, avant de revenir sur la question de l’ouverture d’une ambassade syrienne à Beyrouth, telle que le demandent plusieurs voix au sein de l’opposition. « La Syrie a des relations avec plus de 150 États à travers le monde, alors qu’elle ne dispose que de 40 ambassades. Je pense que l’activation du rôle du Conseil syro-libanais à tous les niveaux conforte cette relation spéciale, alors que les ambassades ne peuvent pas le faire », a-t-il déclaré. M. Moallem a par ailleurs éludé une question lui demandant s’il allait rencontrer dans le futur d’autres figures de l’opposition après son entretien mardi avec les députés Nassib Lahoud et Boutros Harb, et l’ancien président Amine Gemayel. « Une ancienne relation d’amitié me lie avec ces personnes (...), et c’est pour cette raison que M. Farès les a contactés », a-t-il expliqué, avant de conclure à propos de sa mission : « Du fait de la profondeur des liens entre les deux pays, certains obstacles sont apparus devant l’établissement de relations libano-syriennes correctes. Mon rôle consiste, aux côtés du ministre libanais des Affaires étrangères, à aplanir ces obstacles afin d’appliquer les accords signés entre les deux pays. » M. Moallem s’est ensuite rendu chez les anciens Premiers ministres Rachid Solh et Amine Hafez, ainsi que chez l’ancien président du Parlement Kamel el-Assaad, avant de rentrer à Damas au terme de sa tournée de deux jours. Boutros Harb De son côté, le député du Batroun, Boutros Harb, qui avait également participé au déjeuner de mardi avec M. Moallem, a affirmé avoir demandé, avec le député Nassib Lahoud, « le respect de l’accord de Taëf en ce qui concerne le processus de retrait et l’arrêt des ingérences dans les affaires libanaises (...), ainsi que l’organisation d’élections législatives sans interventions ». Quant au résultat de la rencontre avec le vice-ministre syrien, M. Harb a déclaré : « Si les propos que nous avons entendus ne se concrétisent pas (...), il est naturel que les positions de l’opposition ne changent pas. » « Ces contacts viennent à l’avantage de l’opposition. Nous n’avons conclu aucun marché », a-t-il ajouté, précisant que M. Moallem a été conseillé de contacter les autres parties de l’opposition afin qu’il n’y ait pas un malentendu à ce sujet. « Beaucoup de personnes voudraient voir l’opposition disloquée », a conclu M. Harb.

Alors que la rencontre mardi entre le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al-Moallem, et certains ténors opposants était supposée rétablir les liens entre Damas et l’opposition libanaise, les propos tenus hier par M. Moallem au sujet de cette rencontre et la réponse incisive du député Nassib Lahoud semblent montrer que la distance entre les deux camps est...