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analyse Tant que Walid al-Moallem ne remplacera pas officiellement Rustom Ghazalé, rien ne bougera Tout aurait été évité si Bachar el-Assad avait entendu et appliqué les conseils de Fouad Boutros

Rien de tel qu’un bonhomme jovial, un peu enveloppé (donc sympathique), rond comme un diplomate – diplomate de carrière justement –, généreux, dispendieux même, dans ses sourires, ses poignées de main, dans ses manifestations de civisme, pour faire oublier les cicatrices et autres coups de pied infligés, au quotidien, à la souveraineté et à l’indépendance du Liban, à sa tradition démocratique, par des parangons, glabres ou moustachus, du système militaro-sécuritaire imposé par les frères siamois de Baabda et de Anjar ? Décidément, et à l’instar de ses pupilles libanais installés par ses bons soins au pouvoir, le tuteur syrien a une très fâcheuse propension à accorder à l’intelligence des Libanais l’importance que l’on donne généralement à un grain de poussière sur un revers de veston, fût-il militaire. Et encore. Il est vrai qu’avec Walid al-Moallem, les formes, au moins, sont préservées ; qu’on est loin des objurgations aboyées au téléphone à l’adresse de tel ou tel responsable libanais. Sauf qu’en l’absence de mesures concrètes (dont le point d’orgue serait nécessairement le démantèlement pur et simple, dans la lettre comme dans l’esprit, de Anjar), toutes les gesticulations de tous les Moallem d’outre-Masnaa, aussi urbaines soient-elles, ne restent que pure (et inutile) forme. Un simple masque de respectabilité offert sur un plateau d’argent aux ingérences mortifères des services de renseignements syriens. Parce que, ce que les Libanais attendent, ce que la communauté internationale souhaite, c’est de voir Walid al-Moallem remplacer Rustom Ghazalé. Pas se superposer, s’employer à compléter ou alors cautionner ; non, simplement prendre la place du général Ghazalé. Et même si tout le monde sait que cela ne se fera pas du jour au lendemain, on en est encore particulièrement loin. Il est évident que des étapes doivent être franchies, une à une, dans le calme, dans le respect des apparences ; mais il aurait été indispensable, souhaité et souhaitable, qu’une première mesure concrète, bien plus concrète qu’un énième et inconséquent redéploiement par exemple, précède l’escale tonitruante, (trop) exhibée, de Walid al-Moallem à Beyrouth. En attendant, « le dialogue n’a pas vraiment commencé », a dit mardi Nassib Lahoud, qui connaît bien le successeur d’Abdel-Halim Khaddam, en remettant judicieusement les pendules à l’heure. Et le constat énoncé par celui qui incarne les fantasmes de chef d’État quasi idéal d’une très grosse majorité de Libanais ne fait finalement que remuer encore davantage le couteau dans la plaie. Parce que cet essentiel, cet incontournable et « véritable » dialogue (dont le seul but doit être le rééquilibrage des relations libano-syriennes pour un recouvrement très rapide par le Liban de son entière et pleine indépendance), c’est dès la deuxième moitié de l’an 2000 qu’il aurait dû être entamé. À la lumière, notamment, des promesses toutes printanières, à l’époque, du successeur de Hafez el-Assad à la tête de la Syrie : Bachar el-Assad. Sauf que le jeune président syrien ainsi que ceux qui participent, sur les rives du Barada, à la prise de décision (même si ces personnes sont loin d’être restées les mêmes depuis bientôt cinq ans) ont préféré attendre que le rouleau compresseur d’une histoire qui s’est chargée à bloc (attentats du 11/9, invasion de l’Irak, SALSA, 1559, etc.) vienne imposer sa laundry list pratiquement en plein salon d’honneur du palais de Mouhajerine, plutôt que d’éviter tout cela ; plutôt que d’écouter, d’entendre et de commencer à appliquer, fut-ce en tuant la poule aux œufs d’or, les conseils ultra-avisés de celui qui avait tout compris avant les autres : Fouad Boutros. Pas la peine pour autant de multiplier regrets et remords et de larmoyer sur le ce-qui-aurait-pu-se-passer-si... Le rouleau compresseur peut être arrêté, il peut même commencer à reculer : la vision de Fouad Boutros est indémodable, constamment d’actualité, d’autant que sur elle sont venues se greffer, depuis des années ou des mois, les recommandations éclairées et urgentes du patriarche Sfeir, celles de Kornet Chehwane, des autres fractions ou pôles de l’opposition plurielle ; celles, évidemment, de Walid Joumblatt. Si l’on veut pleurer sur des ruines, alors, au moins, que ce soit sur les bonnes. Ziyad MAKHOUL
Rien de tel qu’un bonhomme jovial, un peu enveloppé (donc sympathique), rond comme un diplomate – diplomate de carrière justement –, généreux, dispendieux même, dans ses sourires, ses poignées de main, dans ses manifestations de civisme, pour faire oublier les cicatrices et autres coups de pied infligés, au quotidien, à la souveraineté et à l’indépendance du Liban,...