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Actualités - OPINION

Le pouvoir fait des pieds et des mains pour diviser l’opposition

Le pouvoir se comporte comme s’il n’avait d’autre but que d’effriter l’opposition. Dans ce cadre, l’arme du découpage électoral ne lui a été d’aucune utilité. Les opposants se sont facilement mis d’accord pour approuver le choix du caza. Comme pour avaler sans sourciller la couleuvre du morcellement discrétionnaire de Beyrouth. Tout en restant solidaires, au-delà de toute considération électorale étriquée, avec le président Hariri, cible évidente de ce fractionnement. Ce qui prouve que les contestataires comprennent parfaitement qu’il ne faut pas tomber dans le piège consistant à donner satisfaction aux candidats opposants chrétiens dans une circonscription, pour mieux frapper les postulants opposants mahométans dans une autre. Comme Hariri a décidé de relever le défi, en se présentant en personne dans ce Beyrouth II que les loyalistes espéraient remporter haut la main, l’opposition se mobilise à ses côtés. Tout entière, sans failles ni défections. Le pouvoir, frustré, s’est rabattu sur le Conseil constitutionnel. En y désignant des membres qui n’inspirent vraiment pas confiance et ne sont pas particulièrement réputés pour leur esprit d’impartialité. Il a, parallèlement, peaufiné l’article 63 de la loi électorale relatif aux dépenses de campagne. De manière si ambiguë que ce texte ouvre la voie non seulement à des poursuites contre le candidat et l’électeur pour achat de voix, mais aussi à l’invalidation de l’élection par l’Exécutif même, au mépris du Conseil constitutionnel. Enfin, contrairement à l’avis du ministre de l’Intérieur lui-même, le pouvoir a maintenu tel quel l’ancien article 68 qui lui a permis, comme on sait, de saquer la MTV arbitrairement et de s’en venger. Il garde ainsi une épée de Damoclès empoisonnée suspendue au-dessus de la tête des médias. Avec le concours diligent d’un Conseil national de l’information qui lui est acquis. Côté tentatives de diviser l’opposition, le pouvoir cherche à exploiter le cas du général Michel Aoun. En laissant entendre qu’il s’arrangerait pour faire cesser les poursuites judiciaires à l’encontre de l’ancien président du Conseil. À condition, bien sûr, qu’il change de politique et de camp. Qu’il souscrive au maintien de la présence militaire syrienne, du Hezbollah et des camps palestiniens armés. De même, on cherche visiblement à encourager les aounistes, et d’autres à se montrer gourmands dans le partage des candidatures à la députation, pour provoquer de vifs conflits au sein de l’opposition. Avec formation de listes incomplètes au profit des loyalistes, comme ce fut le cas aux municipales. En tout cas, les responsables, misant sur cette fibre, ne désespèrent pas : on les entend soutenir que le général Aoun, qu’ils présentaient naguère comme suppôt de l’ennemi israélien, comme instigateur même de la 1559, est un patriote qui serait le bienvenu en cas de retour. D’usurpateur, comme on le qualifiait, il devient un postulant agréé à la députation et se trouve invité à participer au pouvoir. Mais il ne cesse de répondre que sa bataille, il la livre pour la souveraineté et l’indépendance, pas pour quelques sièges à la Chambre. Sur le plan pratique, on attend, le 8 du mois en cours, la décision du tribunal si oui ou non les poursuites judiciaires vont être arrêtées. Des tentatives identiques d’intox, tout aussi vaines, ont été déployées par le pouvoir en direction du Dr Samir Geagea, en lui faisant miroiter une prochaine libération s’il changeait son fusil d’épaule. Le leader des FL, dont la position a été répercutée par son épouse, Sethrida Geagea, a dédaigné ces offres visant à séparer sa formation du bloc opposant. Déçus dans leur attente, les loyalistes répètent depuis lors qu’il existe des entraves juridiques empêchant la libération du leader emprisonné par voie d’amnistie. En tout cas, le pouvoir n’arrive pas à trouver son cheval de Troie pour percer les défenses de l’opposition. Tout comme il n’avait pas réussi, jadis, à intimider le président Gemayel en le menaçant avec le soi-disant dossier dit des Pumas. Que la commission parlementaire d’enquête avait dû reconnaître comme étant vide. Émile KHOURY

Le pouvoir se comporte comme s’il n’avait d’autre but que d’effriter l’opposition. Dans ce cadre, l’arme du découpage électoral ne lui a été d’aucune utilité. Les opposants se sont facilement mis d’accord pour approuver le choix du caza. Comme pour avaler sans sourciller la couleuvre du morcellement discrétionnaire de Beyrouth. Tout en restant solidaires,...