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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION À la galerie Rochane, Saïfi, jusqu’au 8 février Marc Ash, une abstraction accessible (photo)

Des œuvres qui se lisent à la fois comme des sculptures, comme des livres et comme des tableaux. Marc Ash, artiste français qui expose à la galerie Rochane (Saïfi, quartier des Arts) jusqu’au 8 février, revient au Liban après sa première exposition à la boutique L’Envers du décor, aujourd’hui fermée, il y a quatre ans. 2000 a d’ailleurs été une année cruciale dans son parcours, du moins dans celui de la reconnaissance internationale. La Galleria Blu de Milan le prend sous son aile et l’expose dans ses locaux l’année suivante, juste avant qu’il ne soit choisi pour la Biennale de Venise. En 2003, pour sa deuxième participation à l’événement artistique de la cité des Doges, il présente une installation multisupport de 50 toiles sur le thème de l’intolérance, intitulée « Tous ensemble ». Largement apprécié par le public et la critique italienne, ce travail lui accorde l’attention, à titre amical, de Posy Feick, présidente de la Peggy Guggenheim Collection, qui se propose de promouvoir son travail en Amérique du Nord. C’est chose faite : actuellement, « Tous ensemble » est exposée au Canada avant d’être présentée en Suisse, à Moscou et, en septembre prochain, à New York, à la galerie Remy Toledo. Un vrai succès dont Marc Ash savoure avec simplicité les retombées. « Ce qui plaît dans mon travail, c’est qu’il propose un discours équilibré et cohérent, qui se démarque de ceux des artistes considérés comme “déjantés” ou “maudits”, explique ce dernier. Je travaille dans une abstraction qui n’est ni anarchique ni désordonnée.» Construire sa propre histoire À regarder ces travaux, élaborés entre 2001 et 2004, on voit que l’accessibilité est de mise, surtout que Marc Ash livre volontiers quelques « clés » de compréhension : « Dans mes tableaux, il y a toujours la lettre T, celle du toit qui nous protège. Cette lettre est aussi présente la tête à l’envers parce que je parle de ce qui fait mal, mais sans jamais heurter. L’image sidère mais ne heurte pas. » Et de poursuivre avec les autres indices : « Les chiffres 1, 2, 3 et 4 pour rappeler la présence vitale des quatre éléments ; les points cardinaux, quant à eux, encouragent à sortir du cadre. Enfin, le chiffre est celui de l’infini et ses formes rappellent celles de la femme. » Voilà pour la symbolique, qui trouve encore sa place dans les matériaux employés : bois, cire, métal oxydé et poudre de marbre : « Celle-ci, la plus fine possible, que je mélange avec plusieurs autres éléments, donne à la base une couleur et une texture organique, dans laquelle l’imagination de chacun se développe.» Quant au métal que l’artiste oxyde volontairement, il est là pour rappeler l’évolution humaine vers le vieillissement, « que l’on devrait laisser faire ». La cire est avant tout l’affaire d’un grand collectionneur de cachets chinois anciens, mais aussi « une invitation au voyage ». Le bois, enfin, fait partie intégrante d’un cadre bordé d’équerres oxydées : « Je me sentirais coupable de livrer une toile nue. » À travers ses tableaux les plus récents, Marc Ash, par la présence de « rectangles d’alphabet », de collages et de grattages de la matière travaillée en strates, questionne « l’origine » tout en encourageant le spectateur à « contruire sa propre histoire ». L’imagination est à l’œuvre dans le parcours de Marc Ash, tout autant que celle de son public. Les couleurs du désert, largement présentes au travers du blanc pierreux de la poudre de marbre, sont celles aussi de la page d’un livre, du parchemin, mais peuvent se transformer, comme l’a suggéré un des acheteurs, en un « terrain de recherche archéologique ». On l’aura compris : l’abstrait accessible et policé de Marc Ash séduit sans agresser, fait voyager sans exiler et fait prendre conscience sans dénoncer. Diala GEMAYEL
Des œuvres qui se lisent à la fois comme des sculptures, comme des livres et comme des tableaux. Marc Ash, artiste français qui expose à la galerie Rochane (Saïfi, quartier des Arts) jusqu’au 8 février, revient au Liban après sa première exposition à la boutique L’Envers du décor, aujourd’hui fermée, il y a quatre ans. 2000 a d’ailleurs été une année cruciale dans...