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Actualités - OPINION

OPINION Les tailleurs de circonscriptions jouent avec le feu

Jamais au Liban il n’y a eu autant de tailleurs qui essaient de tailler sur mesure des circonscriptions. Ils veulent avoir toutes leurs chances d’être élus et/ou faire élire leurs acolytes pour contrôler la destinée de notre pays contre le gré de ses fils, faisant fi de tous les accords et pactes. S’il faudrait encore le leur répéter, le Liban n’a pas changé de structure durant son histoire. C’est toujours « un pays mosaïque » où coexistent plusieurs communautés depuis la nuit des temps. Elles se sont établies là à travers les siècles, en rejoignant les autochtones qui les ont précédés, lesquels avaient fui les persécutions et les guerres. Le Liban a toujours été une terre de refuge et il doit le rester pour l’éternité. Quels que soient les mouvements des populations qui se sont produits par le passé et leurs causes, il y a eu quelquefois à travers l’histoire un avantage qui s’est établi en faveur de l’une ou l’autre des communautés, à l’occasion de changements régionaux et/ou mondiaux. Aveugle est celui qui ne veut pas se rendre à l’évidence, que quels que soient le nombre ou la puissance passagère de l’une des communautés à une date déterminée de l’histoire, ils ne sont jamais suffisants pour qu’elle puisse contrôler durablement les autres. En effet, les jeux d’alliances entre les diverses autres communautés s’établissent immédiatement pour contrer toute majorité qui tente de les contrôler, pour l’annuler et revenir à l’équilibre salvateur. Les Suisses s’en sont rendu compte et ont agi en conséquence en préservant leur paix civile depuis 700 ans. Alors arrêtons donc de tenter « notre chance » de nous contrôler les uns les autres et acceptons une fois pour toutes le fait établi que toutes les communautés sont venues au Liban pour y rester éternellement et qu’aucune des composantes qui constituent le corps libanais ne peut et ne doit penser à éliminer les autres car, à chaque fois, le pays risque d’être détruit complètement et son indépendance piétinée durablement ; aucune communauté n’acceptant de se laisser spolier de ses droits (notre histoire récente nous le démontre). Il est vraiment aisé de connaître les motivations des grands tailleurs (ceux qui veulent contrôler la destinée du pays et éliminer le rôle des autres concitoyens). Il faut que cesse cette hypocrisie et ne pas prendre les Libanais pour des imbéciles en proposant des projets de lois électorales supposés « révolutionnaires ». Il ne faut surtout pas prendre à contre-pied les citoyens en les endormant par les promesses des petites circonscriptions qui assurent la représentativité, pour mieux leur asséner le coup de grâce à l’occasion d’un absentéisme au Conseil des ministres pour le torpiller, ou d’un vote « surprise » dans un Parlement non représentatif. Ceux qui veulent faire du pays une seule circonscription ou bien ceux qui veulent en tailler sur mesure veulent tout simplement, à l’occasion de circonstances passagères favorables, contrôler les autres communautés et gouverner le pays à leur guise. Ils savent pertinemment qu’en usurpant ce droit, il est possible qu’ils aient momentanément une majorité parlementaire (composée des députés de leur propre communauté et de ceux des autres qu’ils auraient élu contre nature par les voix des leurs, comme c’est le cas dans le Parlement actuel) mais qu’en fait, il n’est pas possible de gouverner équitablement avec cette majorité élue à la hussarde, d’où l’opposition et la grogne populaire actuelles. Quel que soit le nombre de députés qu’ils peuvent aligner grâce à cet artifice, leur contrôle du pays ne sera jamais « juste et durable ». Leur attitude ne sert et ne servira donc qu’à exacerber les haines et les frustrations, et à préparer un terrain propice aux réactions des autres communautés. Le Liban est tenu de vivre dans l’harmonie entre ses fils et d’être gouverné au centre. C’est la raison même de son existence. Ne vous évertuez pas à enlever aux autres ce qui leur revient, c’est-à-dire le droit d’élire leurs propres représentants, en vertu du pacte national, tacite ou écrit, qui reconnaît à chaque communauté/personne le droit de vivre, de s’exprimer librement, de participer activement à la construction du pays et à l’avenir de tous. Joseph W. ZOGHBI Paris
Jamais au Liban il n’y a eu autant de tailleurs qui essaient de tailler sur mesure des circonscriptions. Ils veulent avoir toutes leurs chances d’être élus et/ou faire élire leurs acolytes pour contrôler la destinée de notre pays contre le gré de ses fils, faisant fi de tous les accords et pactes.
S’il faudrait encore le leur répéter, le Liban n’a pas changé de structure durant...