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Actualités - OPINION

Retour à bon port

Oui, il est bon, comme on le fait de nouveau, de garder les yeux sur la convivialité, comme un phare dans la nuit, quand on a perdu la direction du voyage et que l’on ne sait plus où l’on va. C’est vrai qu’on a tout fait pour nous pousser au désespoir, pour nous faire oublier qui nous sommes et où nous allons. Pour nous faire oublier jusqu’au fait que nous existons. Mais heureusement, la convivialité nous est restée comme un phare dans la nuit, pour nous faire remettre le cap sur le bon port, sur ce port qu’est le Liban. Et dans ce port, avant tout, le pacte de 1943, ce pacte non écrit qui était tout simplement de former une nation. Voilà ce pacte fondateur que toutes les générations doivent s’approprier pour retrouver et rester fidèles à cette intuition première qui a fait le Liban. Il faut, à chaque génération, redonner un contenu à cette volonté. Ce contenu était implicite : c’était d’être un havre de liberté pour toutes les minorités opprimées. D’être une démocratie de communautés ou nul ne mépriserait l’autre ou ne l’oppresserait pour ses convictions religieuses. Il y a , à l’origine du Liban, des identités religieuses qui ont accepté de vivre ensemble et de former une démocratie. C’est pourquoi le Liban ne sera jamais réductible à l’histoire de la Syrie, dont l’existence possède d’autres fondations. La tradition de liberté du Liban est unique et le restera, quels que soient les égarements. La volonté de vivre en commun, voilà l’intuition première de notre vie nationale, dans sa nudité, dans sa simplicité et dans sa richesse. Ces élections doivent montrer avec éclat la vitalité de cette intuition. Sa capacité de mobilisation. C’est pourquoi certains accidents de parcours sont graves. Quand le Hezbollah brandit la loi du nombre, quand, dans une harangue publique, un député oppose malencontreusement « qualité » à « quantité ». Ou quand le fondamentalisme montre le bout du nez. Il n’y a pas de place, dans notre vie nationale, pour ce genre de mépris ou de racisme culturel. C’est contraire à l’esprit du pacte. Il n’y a pas, au Liban, de Libanais de seconde classe. Nous sommes en situation d’urgence. Tout doit être fait pour priver de tribune ceux qui ont perdu le sens de la mesure. L’opposition peut marquer des points, mais l’essentiel n’est pas là. L’essentiel, c’est que le Liban sorte grandi et mûri de cette période d’aliénation dont certains s’étaient accommodés. Evitons comme la peste toutes les expressions du fanatisme culturel, religieux et politique. Quel que soit le vainqueur, c’est la convivialité qui doit triompher. Sans elle, tout est perdu. Avec elle, même si tout semble perdu, tout peut être retrouvé. Fady Noun
Oui, il est bon, comme on le fait de nouveau, de garder les yeux sur la convivialité, comme un phare dans la nuit, quand on a perdu la direction du voyage et que l’on ne sait plus où l’on va. C’est vrai qu’on a tout fait pour nous pousser au désespoir, pour nous faire oublier qui nous sommes et où nous allons. Pour nous faire oublier jusqu’au fait que nous existons. Mais...