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Actualités - CHRONOLOGIE

THÉÂTRE - « Pain arabe », de Hicham Jaber, sur les planches du Monnot Le rictus aux lèvres, l’alarme à l’œil (Photo)

Carrément branchés antimondialisation, antimalbouffe, antimal-être, cinq allumés figurent dans «Khobz arabi» (pain arabe), œuvre théâtrale en forme d’hymne à la révolte, pétrie de cynisme, par Hicham Jaber. Au Monnot, ce soir et demain dimanche 16 janvier, puis du mercredi 19 au dimanche 23 janvier, à 20h30. Le pain, élément de survie, donne donc son titre à cette pièce de théâtre qui se veut drôle, mais qui est plutôt sans morale, sans histoire. Plutôt une logorrhée de petites histoires, où Hicham Jaber a développé une démarche qui rend compte de l’expérience de la violence et l’investit dans la construction des formes et des discours. Il dévoile ici des personnages meurtris par une bestialité qui se répercute jusqu’au plus profond de leur être. Qui n’a jamais trempé son pain de larmes? Il y a là le salesman, vendeur dans l’âme, qui travaille durement pour gagner son pain à la sueur de son front. Obsédé sexuel, il convoite tout ce qui bouge. Il est difficile d’avoir de nobles pensées quand on ne pense qu’à gagner son pain, n’est-ce pas? On croise également la femme crapaud qui a le hoquet et qui vomit ses paroles; la speakerine atteinte de diarrhée verbale; la femme voilée à la tenue (au double sens du terme) plus que légère et le névrosé qui dirige la danse des cinglés dans leur révolte. Nous sommes en l’an de grâce 4000205. Cinq Libanais résistent à l’occupation mondiale d’une force hégémonique. L’arme fatale? Le pain arabe. Pourquoi le pain? Avançons plusieurs possibilités. Grâce au pain, on peut évoquer toute la vie des hommes: depuis toujours, ils cherchent à gagner leur pain. Pour cela, ils mettent, bien sûr, la main à la pâte, et lorsque le travail est très abondant, ils ont vraiment du pain sur la planche. À la pause, naturellement, ils cassent la croûte. Lorsqu’ils s’ennuient, ils trouvent que les journées sont longues comme un jour sans pain. Lorsqu’ils grondent les enfants, ils les menacent de les mettre au pain sec et à l’eau. Leurs meilleurs amis, ils les trouvent bons comme du bon pain. Leurs ennemis, ils aimeraient bien leur faire passer le goût du pain. Une bonne affaire à l’horizon? Ça ne mange pas de pain. Une situation avantageuse qui ne dure pas? On a vite fait de manger son pain blanc. Et comme on ne peut être partout, on ne saurait être au four et au moulin. Au moulin, c’est là que le spectateur de la pièce pense se trouver. A priori, l’idée d’un spectacle qui refuse le consensus et décortique la schizophrénie d’une société, qui nous emmène de la complexité de l’univers à la caricature des préjugés et des idées toutes faites, était bonne. Mais son application n’est, malheureusement, pas toujours réussie… Substances hallucinogènes Dans Pain arabe, des interrogations très actuelles sur l’amour, la politique, l’intégration, l’intolérance, l’art et la morale où s’entremêlent des histoires dures, parfois drôles, souvent fantastiques, hallucinatoires, qu’on ne comprend pas toujours. La parole de Hicham Jaber se bat contre l’étouffement, par asphyxie progressive, de la conscience sociale et de la conscience tout court. Ce spectacle est en prise directe avec les contradictions et la violence de notre époque. Violence et contradictions vécues par celles et ceux qui, par force ou par choix, n’adhèrent pas à l’idéologie dominante. Les acteurs entraînent le public par les mots, les gestes et un jeu très enlevé dans un tourbillon totalement délirant. Ils fabriquent un univers proche de la bande dessinée. Et chacun d’espérer que personne ne viendra vous ôter le pain de la bouche. Maya GHANDOUR HERT
Carrément branchés antimondialisation, antimalbouffe, antimal-être, cinq allumés figurent dans «Khobz arabi» (pain arabe), œuvre théâtrale en forme d’hymne à la révolte, pétrie de cynisme, par Hicham Jaber. Au Monnot, ce soir et demain dimanche 16 janvier, puis du mercredi 19 au dimanche 23 janvier, à 20h30.
Le pain, élément de survie, donne donc son titre à cette pièce de...