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Actualités - CHRONOLOGIE

SPECTACLE - Les deux artistes palestiniens, de l’équipe du Music Hall, nominés pour les World Music Awards de la BBC Les frères Chéhadé, des exilés récompensés (photo)

La nouvelle est arrivée il y a bientôt un mois, par e-mail puis par téléphone. Michel Éleftériadès, qui fait les beaux jours du Music Hall, peut être fier : les frères Chéhadé, deux des artistes des spectacles qui mettent la ville sens dessus dessous, ont été nominés pour les World Music Awards de la très sérieuse BBC, attendus chaque année comme l’un des événements musicaux internationaux de qualité. «La radio anglaise s’intéresse à la musique du monde, susceptible d’être appréciée par les auditeurs européens», explique Michel Éleftériadès, visiblement satisfait. Quant aux frères Chéhadé – respectivement Farid, le Chéhadé à la barbichette, l’aîné (30 ans), et Rami, l’autre Chéhadé, à la longue barbe celui-ci, le cadet (29 ans) –, leurs sourires lumineux et francs en disent long. «Bien sûr, nous ne nous attendions pas du tout à cette nouvelle, expliquent-ils de concert. Nous sommes heureux de pouvoir faire écouter notre musique, qui est issue du plus pur héritage arabo-oriental, à un public qui ne la connaît pas.» La musique fait partie intégrante de la vie des frères Chéhadé depuis leur petite enfance, passée à Jérusalem. «Notre père est percussionniste et notre mère a une belle voix, racontent-ils. Nous avons commencé par apprendre à jouer du piano, du violon, puis de tous les instruments arabes traditionnels: oud, bouzouk, riq, nay, etc. Nous avons toujours été très encouragés par nos parents, dont nous sommes les deux seuls enfants. À l’école, comme nous avions de l’avance en musique, nous participions à tous les concerts. Quelques années plus tard, nous avons travaillé avec le Conservatoire de Jérusalem et nous sommes partis en tournée avec son orchestre en Europe.» C’est dire si leur expérience de la scène est grande. Inséparables – «Nous nous comptons comme une seule personne, chacun sait à l’avance ce que l’autre va dire ou jouer.» –, ils accompagnent aussi des troupes de théâtre pour lesquelles ils interprètent d’abord, puis composent. «Nous composons nos mélodies depuis longtemps, parce que ce que nous vivions dans notre pays provoquait en nous une explosion qu’il nous fallait exprimer, en espérant pouvoir un jour trouver quelqu’un pour les textes.» Rencontre avec un poète Ce sera chose faite au Liban. «Quand nous avons décidé de quitter Jérusalem, nous avons préféré le Liban à l’Égypte, poursuivent-ils. Notre ville natale ne nous permettait pas de faire entendre notre musique hors de ses murs, et le Liban offre, selon nous, une vraie plate-forme pour ceux qui veulent aller plus loin.» Avec l’aide de l’archevêché maronite libanais – Farid et Rami Chéhadé sont issus de cette communauté –, ils ont pu s’inscrire dans le département de musicologie de l’Usek. Dès leur arrivée à Kaslik, en 2001, ils rencontrent Michel Éleftériadès, qui les a tout de suite convaincus de participer aux enregistrements des albums de Demis Roussos et d’Aleph. «Leur style propre m’a plu, explique le directeur du Music Hall. Alors, je leur ai proposé de rejoindre l’Oriental Roots Orchestra, que je créais cette année-là et qui s’appelle désormais l’Orchestre national du Nowheristan.» L’aventure du Festival de Byblos commence et se poursuit jusqu’à ce que les frères Chéhadé rencontrent, en 1997, la personne qui manquait à leurs compositions: un poète, Eliyah Aazar, Palestinien lui aussi, qui évoque problèmes de société et petites misères de tous les jours. «Nous voulions travailler avec un auteur qui soit capable d’autre chose que de parler d’amour ou de politique», soulignent-ils. Musique à part donc, mais style vestimentaire et «look» créés depuis leur rencontre avec les musiciens dont s’entourent Michel Éleftériadès. «Après avoir choisi chacun de porter barbe et barbichette, les vêtements traditionnels palestiniens sont venus naturellement. Maintenant, nous nous sentons à l’aise au milieu de tous les autres musiciens de l’équipe.» Chacun des artistes du Music Hall a enregistré un album qui ressemble à ses origines, avec les arrangements du sorcier Éleftériadès. C’est probablement à travers leur disque que les frères Chéhadé, exilés récompensés, car ils le méritent bien, ont été remarqués par les espions de Sa Majesté musicale, la BBC. Rendez-vous le 17 janvier prochain au Music Hall pour une grande fête en leur honneur. Diala GEMAYEL
La nouvelle est arrivée il y a bientôt un mois, par e-mail puis par téléphone. Michel Éleftériadès, qui fait les beaux jours du Music Hall, peut être fier : les frères Chéhadé, deux des artistes des spectacles qui mettent la ville sens dessus dessous, ont été nominés pour les World Music Awards de la très sérieuse BBC, attendus chaque année comme l’un des événements musicaux...