PARODIE - Des monologues satiriques, politiques et sociaux à écouter sur Internet Charbel Abi Nader : le rire libérateur

Dans ses chansons, il veut dire tout haut ce que les gens pensent tout bas. Charbel Abi Nader, ingénieur à l’état civil, est, dans le monde virtuel, auteur de monologues satiriques. C’est en effet sur Internet que cet émigré publie ses fléchettes musicales (al-monologue.com). Libano-Français, il a vécu ses 24 premières années au Liban avant de s’installer en 1990 en France. Charbel Abi Nader a composé sa première chanson en 1977. Il avait à peine neuf ans à l’époque, mais sa fibre patriotique vibrait déjà à l’unisson avec son sens du rythme. Le titre de ce premier opus, Watani Loubnan, en est la preuve. De 1982 à 1989, le jeune musicien dirige la chorale de l’église Sacré-Cœur à Achrafieh. Plus tard, durant ses années d’études à l’école d’ingénierie de l’UL (1984-1988) et à l’occasion des spectacles de fin d’année, il s’amuse à épingler gentiment ses professeurs. Son œil critique et sa plume railleuse font mouche. Abi Nader se présente à Studio el-Fan et remporte le premier prix (avec les appréciations du jury) dans la catégorie Monologue-chansonnier. En 1989, avec ses collègues et compagnons de route, Bassil Bassil et Gaby Milan, il met en scène un spectacle chansonnier Jamar ala el-Sater au Château Trianon. Son diplôme d’ingénieur en électronique et électricité en poche, il fuit la guerre et s’installe à Paris. Il y présentera un spectacle de deux heures, intitulé Alf Laylet Eid (Mille nuits de fête) comportant dix-sept chansons, à l’église Notre-Dame du Liban. L’auteur envoie régulièrement ses compositions à émission satirique d’une télévision libanaise en espérant les voir interprétées à l’antenne. Apparemment, le réalisateur de l’émission aurait puisé dans son répertoire en omettant le nom de l’auteur-compositeur qui attend toujours une quelconque reconnaissance pour son talent. En attendant, Charbel Abi Nader a gravé un CD et une cassette comprenant quelques-unes de ses compositions: Imm el-Aylet (mère de famille). L’artiste qui manie le verbe tranchant voudrait porter le flambeau de grands personnages qui ont manié si bien cette forme d’expression, comme le grand, l’ineffable Omar Zeenni. Ce dernier, qui avait été emprisonné pour l’insolence et la justesse de ses vers, avait été sans doute un des premiers comiques à réaliser que le rire pouvait avoir des vertus libératrices. M.G.H.