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Actualités - REPORTAGE

Ce qu’ils en pensent - PROJET DE LOI ÉLECTORALE

À quelques mois des élections législatives, qui pourraient modifier le paysage politique libanais, les projets de découpages électoraux sont légion, certains ayant un objectif d’intérêt général, et d’autres ne tenant compte que d’intérêts bien particuliers. Mais le gouvernement, à qui reviendra la décision finale, puisque c’est lui qui devra soumettre le projet définitif au Parlement, ne se prononce pas encore, se contentant de se déclarer prêt à entendre toutes les suggestions et tous les points de vue. C’est dans ce contexte que le Amid du Bloc national, Carlos Eddé, fait la tournée des grandes figures libanaises pour leur soumettre son projet, assez révolutionnaire, puisqu’il préconise des circonscriptions uninominales. Un tel projet a-t-il des chances d’être adopté ? Nous lui avons demandé ce qu’il en pense. Carlos Eddé, Amid du Bloc national Q. : En deux mots, quels sont les avantages du projet que vous préconisez ? R. : « C’est difficile à expliquer de cette façon. À mon avis, il présente de nombreux avantages. D’abord, il simplifie le choix pour l’électeur, puisqu’il prévoit un élu par circonscription électorale. Ensuite, il renforce le concept de responsabilisation, aussi bien de l’électeur que du candidat, qui ne peut plus se fondre dans une liste. Il s’agit donc d’un vote au détail et non en gros, ce qui implique un choix conscient de la part de l’électeur. Enfin, il simplifie l’opération de dépouillement. De plus, je considère que le vote par le biais de listes est un vote d’exclusion, puisque les candidats indépendants qui n’ont pas pu, ou pas voulu, intégrer les grandes listes existantes n’ont aucune chance d’être élus. Les listes deviennent ainsi des clubs fermés, dont sont exclus tous ceux qui n’y figurent pas, alors qu’un tel système que nous préconisons ouvre la voie à des alliances électorales contre-nature. Enfin, si ce système n’était pas valable, il n’aurait pas été adopté par les plus grandes démocraties du monde. Il a ainsi fait ses preuves ». Q. : D’après vos contacts, un tel projet a-t-il des chances d’être adopté ? R. : « S’il n’en avait pas, je ne me serais pas dérangé pour le présenter aux parties concernées. De plus, le projet n’est pas tout à fait nouveau, puisque, si mes souvenirs sont bons, le patriarche maronite, les Forces libanaises et le courant aouniste l’ont évoqué à un moment donné. J’ai un peu élaboré sur cette question, mais je suis conscient que les idées nouvelles nécessitent un peu de temps pour faire leur chemin dans les esprits. » Q. : Percevez-vous une réaction favorable chez vos interlocuteurs ? R. : « Cela dépend des personnes. Celles qui ne sont pas très concernées par les élections y sont très favorables. Les autres sont partagées. Celles qui grimpent dans les autobus électoraux, ou celles qui mettent ces mêmes autobus en circulation sont hostiles au projet. Mais les autres, les victimes des autobus, ou celles qui restent sur le bas-côté de la route, voient d’un bon œil un tel découpage. Le débat est ouvert. » Q. : Vous êtes en train de dire que vous êtes optimiste sur l’avenir du Liban. Sur quoi se fonde cet optimisme ? R. : « C’est vrai, je dis que c’est la première fois que je suis optimiste pour l’avenir du Liban. Je suis convaincu qu’un vent de changement souffle sur la planète et qu’il arrivera bientôt au Liban. J’observe aussi les négociations pour l’entrée de la Turquie en Europe et je pense que si tout se passe comme prévu, dans dix ou douze ans, l’Europe sera aux frontières de la Syrie, avec tout ce que cela entraîne comme valeurs démocratiques. Car, à mon avis, le grand changement réside dans le fait que l’Europe n’est plus seulement un marché économique, mais elle se dirige de plus en plus vers l’adoption de valeurs communes. Enfin, je perçois aussi un changement dans la position de la communauté internationale par rapport au rôle de la Syrie au Liban. Et grâce aux erreurs répétées du pouvoir, de plus en plus de mécontents rejoignent les rangs de l’opposition interne. Toutefois, le grand défi reste que l’opposition puisse justement être à la hauteur de ce que les Libanais et la communauté internationale attendent d’elle. » Q. : Selon vous, l’opposition est-elle en mesure de relever ce défi ? R. : « C’est la responsabilité de chacun de nous. On verra combien chacun de nous saura placer l’intérêt général au-dessus de ses intérêts particuliers. » Hicham Mallah, commerçant -Q. : Que pensez-vous des projets de loi électorale qui circulent actuellement dans le pays ? R. : « La période des soldes n’a pas encore commencé, mais on peut vraiment trouver des projets au rabais. Chacun y va de sa petite formule, c’est à y perdre la tête. Que de salive et de temps perdus ! À mon avis, ceux qui prendront la décision finale ne jetteront pas un seul coup d’œil sur tous ces projets qui, d’ailleurs, brillent par leur complexité. Alors qu’on cesse de nous remplir l’esprit d’idées qui n’ont aucune chance de voir le jour : système proportionnel, circonscriptions uninominales etc. Tu parles ! Au Liban, la seule chose qui change, c’est le prix des denrées alimentaires. Toujours à la hausse, contrairement à la popularité des responsables. » Scarlett HADDAD

À quelques mois des élections législatives, qui pourraient modifier le paysage politique libanais, les projets de découpages électoraux sont légion, certains ayant un objectif d’intérêt général, et d’autres ne tenant compte que d’intérêts bien particuliers. Mais le gouvernement, à qui reviendra la décision finale, puisque c’est lui qui devra soumettre le projet définitif...