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Actualités - ANALYSE

ÉCLaIRAGE Nayla Moawad a rencontré l’ambassadeur des États-Unis Le Nord au centre d’une guerre électorale préventive ? (photo)

Depuis la formation du nouveau gouvernement, notamment la nomination de Omar Karamé au poste de Premier ministre et de Sleimane Frangié au ministère de l’Intérieur, il semble que l’œil de Sauron, pour ceux qui sont familiers de la trilogie du Seigneur des anneaux de John Roald Reuel Tolkien (en l’occurrence, ici, une métaphore pour désigner l’intérêt – malveillant – du pouvoir libano-syrien), se déplace de plus en plus vers le Liban-Nord, à la veille des législatives du printemps prochain. Une théorie que pourraient confirmer l’incident dont a été la cible le Bloc tripolitain à Tripoli et la campagne d’insultes qui a visé le député Ahmed Fatfat à Denniyé. C’est dans ce climat préélectoral complexe et délicat au Nord que l’ambassadeur des États-Unis, Jeffrey Feltman, qui effectue actuellement une tournée auprès de différentes personnalités politiques du pouvoir et de l’opposition, s’est entretenu hier avec la députée de Zghorta, Nayla Moawad, en présence de son fils Michel Moawad. Un entretien qui a certes porté sur les derniers développements régionaux et internationaux. Mme Moawad n’a pas manqué, dans ce cadre, de rappeler que le Liban ne saurait se retrouver hors de la légalité internationale, alors que la conformité au droit international a toujours été l’un des piliers de sa politique étrangère. Elle a également noté que c’est avec lucidité et objectivité qu’il convient d’envisager la résolution 1559. Mais la rencontre a également porté sur la loi électorale, et la députée du Nord n’a pas manqué de dénoncer, dans ce cadre, le « retard honteux dans la publication de la loi électorale », qui n’est autre qu’un « début de falsification des élections ». Mais Nayla Moawad a indiqué qu’il faudra compter cette fois « sur la volonté du peuple libanais pour faire face à cette entreprise de falsification ». Certes, Mme Moawad n’est pas la première à parler de falsification. Gabriel Murr, Michel Aoun ou Samir Frangié l’ont déjà fait, mettant en évidence des pratiques contre nature et un climat politique qui sont d’ores et déjà capables de dénaturer le processus électoral, et qui ne rassurent guère quant à l’organisation d’élections intègres, libres et équitables. Pour Michel Moawad, le retard dans la loi électorale, qui n’est pas innocent, est déjà suffisant pour saboter le processus (avant même de savoir quel découpage sera retenu). Si elle paraît en janvier-février, les candidats n’auront que très peu de temps pour former les alliances et faire leur campagne. Il existe, dit-il, une volonté de prendre l’opposition au dépourvu, qui entre dans le cadre d’un état d’esprit général antiopposition. Lequel se traduit concrètement par de « bons conseils » à certains opposants, par l’intermédiaire d’amis communs. « On nous dit par exemple que, bientôt, nous ne pourrons plus aller à Tripoli », note-t-il. Ou par des ingérences directes des services au niveau des moukhtars ou des municipalités, ou encore par des agressions contre les candidats qui pourraient constituer une menace potentielle, comme celle qui a visé M. Mohammed Safadi à Tripoli. Et tout cela « n’est que la partie visible de l’iceberg », souligne Michel Moawad. Toujours dans cette optique, le ministre de l’Intérieur aurait placé ses hommes liges à des postes-clés au Nord à travers le train de nominations, qui a déplacé d’une manière peu hasardeuse des personnes politiquement proches des Moawad. Sans oublier les tentatives multidirectionnelles, et quelque peu naïves, de morceler l’opposition, qui n’ont fait que « décrédibiliser davantage le pouvoir », selon M. Moawad. Des tentatives qui ont commencé avec une proposition de portefeuilles à Nayla Moawad et Boutros Harb dans le cabinet Karamé, puis qui se sont poursuivies avec les offensives de charme en direction de Walid Joumblatt, Michel Aoun et Samir Geagea. Tour à tour idôlatrés et conspués par le pouvoir en moins de quarante-huit heures. Concernant le déplacement de l’épicentre des législatives vers le Nord, Michel Moawad note la coïncidence très peu accidentelle qui a conduit Sleimane Frangié à l’Intérieur, tremplin potentiel vers le strapontin ultime, celui de Baabda. Théorie qui ferait d’ores et déjà du scrutin du Nord une bataille stratégique importante pour porter « l’héritier de la machine militaro-sécuritaire » à la présidence de la République. Dans ce cadre, la cabale contre Ahmed Fatfat, figure de proue du Courant du futur au Nord, serait un moyen de dissuader Rafic Hariri de s’engager dans le front nord, et l’agression contre Mohammed Safadi serait un moyen de contenir et d’isoler un homme qui n’a pas sa place dans le pouvoir et qui serait – aux yeux des loyalistes – bien trop gênant dans l’opposition. Sans oublier les tentatives incessantes de briser les ailes au très audacieux Misbah el-Ahdab. En d’autres termes, toutes les caractéristiques d’une guerre préventive en bonne et due forme. Pour éviter que la « périphérie », les « atraf », comme les appellent les prosyriens, ne soient gagnées par la fièvre du changement libérateur qui agite déjà le Mont-Liban et Beyrouth. Michel HAJJI GEORGIOU

Depuis la formation du nouveau gouvernement, notamment la nomination de Omar Karamé au poste de Premier ministre et de Sleimane Frangié au ministère de l’Intérieur, il semble que l’œil de Sauron, pour ceux qui sont familiers de la trilogie du Seigneur des anneaux de John Roald Reuel Tolkien (en l’occurrence, ici, une métaphore pour désigner l’intérêt – malveillant – du...