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Nina Jidéjian signera son ouvrage à la Librairie Orientale, Sin el-Fil, demain mardi, à 19 heures « Byblos à travers les âges », cru 2004 revu et complété (photos)

Byblos à travers les âges est une longue histoire, si longue que le début se perd dans la nuit des temps. Mais « Nina Jidéjian a un don de recherche patiente et un talent de présentation » qui lui permettent d’« extraire et d’ordonner les faits de base qui marquent le cours des évènements et ceux moins importants mais évocateurs du détail pittoresque qui éveillera l’attention », notait Maurice Dunand dans la préface de la première édition parue en 1968, et dont le texte est repris pour le cru 2004, revu et complété. L’éminent archéologue André Parrot estime quant à lui que du fait de ses recherches ardues, « Nina Jidéjian a pu écrire une grande fresque historique et une synthèse où la vie de la “ sainte Byblos ” est parfaitement évoquée ». Rappelons que l’idée du livre remonte aux années universitaires de l’auteur. Pour préparer sa thèse d’histoire ancienne, Nina Jidéjian s’est constamment référée aux rapports de Pierre Montet et Maurice Dunand qui ont entrepris les fouilles de Byblos. « Il m’a semblé qu’il ne serait pas sans intérêt de rassembler tout cela et de coordonner les conclusions des découvertes archéologiques avec les inscriptions et les textes anciens, explique l’auteur. Les quelques exposés historiques qu’on y lira sur le Proche-Orient ont pour seul but d’éclairer les périodes pauvrement représentées au point de vue archéologique. En outre, j’expose les principales thèses de savants qui ne sont pas d’accord sur tel ou tel point. » Byblos à travers les âges, nouvelle édition, a été traduit en français par Denise Halard-Jidéjian en collaboration avec le R.P. René Lavant, s.j. L’ouvrage déroule 302 pages émaillées de 100 planches en noir et blanc et 36 en couleurs empruntées aux collections du Musée national de Beyrouth, de l’Institut du monde arabe (Paris), du musée du Louvre, du ministère libanais du Tourisme, et une magnifique vue aérienne des temples prise par Raïf Nassif, en 1968. Le livre reproduit pour la première fois des clichés de figurines en terre cuite qui ornaient autrefois les vitrines du Musée national de Beyrouth. « Pour les soustraire au pillage de la guerre, ces pièces superbes avaient été emmurées dans des chapes de béton et placées dans les sous-sols du musée, mais beaucoup d’entre elles ont été définitivement endommagées par l’humidité de la nappe phréatique. » Il ne reste plus d’elles que des photographies souvenirs représentant, pour ne citer que quelques-unes, deux agriculteurs avec leurs bovins (IIIe millénaire), un fermier portant une coiffe ressemblant à s’y méprendre à une « labbadé », un notable de l’âge du bronze ancien ou encore un dignitaire avec sa haute coiffe conique retenue par une lanière sous le menton, deux autels en terre cuite et des sculptures d’animaux, dont une colombe vieille de cinq mille ans. Des faits divers Revêtant son habit de conteur, Nina Jidéjian explore les vestiges, les légendes et les richesses de ce petit port néolithique devenu un important centre de commerce entretenant des relations avec la Mésopotamie, le monde égéen et l’Égypte à qui il fournissait le bois de cèdre pour les travaux de construction et les résines indispensables à l’accomplissement des rites funéraires. Ses habitants, réputés comme constructeurs de vaisseaux et comme tailleurs de pierre, érigent le premier temple en Phénicie : celui de Baalat-Gebal, la Dame de Byblos, qui a vu défiler les conquérants assyriens, babyloniens, perses, grecs et romains, époque à laquelle la ville devint le centre du culte d’Adonis. L’auteur fait aussi une petite halte au cœur de la ville médiévale où « Saladin ordonne la construction de la mosquée Sultan Abdel Majid, sur la place centrale, face au château des Croisés ». Exploitant abondamment les inscriptions, les récits bibliques, les textes orientaux de Pritchard et un éventail de documents et rapports scientifiques, Nina Jidéjian expose l’« essentiel des événements du passé » et signe une synthèse de « l’état actuel de nos connaissances ». Au fil des pages, elle relate les cultes de Byblos, les mythes, les mosaïques, les monnaies, le déboisement de la montagne et met l’accent sur la « remarquable habileté des artisans ». Elle décrit, avec maints détails pittoresques, les objets et statues antiques dont celle de la déesse de la santé, Hygeia, qui bascule de son socle et se casse au niveau du cou lors du séisme du 16 juillet 555. La tête exhumée à une distance du corps est recollée par les archéologues ; mais au cours des événements de 1976-1990, un obus tombé près de la statue sanctionne à nouveau la tête. Remise sur pied, Hygeia est aujourd’hui exposée au Musée national de Beyrouth. Nina Jidéjian souligne également l’importance de l’inscription gravée sur le couvercle du sarcophage d’Ahiram, qui représente la forme la plus ancienne de l’alphabet phénicien découvert jusqu’à ce jour et qui est traduite comme suit : « Sarcophage qu’a fait Ittobaal, fils d’Ahiram roi de Gebal (Byblos), pour Ahiram son père, comme demeure dans l’éternité. Et si un roi parmi les rois, gouverneur parmi les gouverneurs, dresse le camp contre Gebal et découvre ce sarcophage, le sceptre de son pouvoir sera brisé, le trône de son roi se renversera et la destruction fondra sur Gebal. Quant à lui (le profanateur), son inscription s’effacera . » Le dernier chapitre est consacré à la naissance et la diffusion de l’alphabet phénicien. « Hérodote, “ père de l’histoire ” écrit que c’est le phénicien Cadmos et ses compagnons qui ont introduit l’écriture en Grèce (Histoires 5.58). La formation des lettres utilisées par les Grecs est si semblable, dans tous les détails, aux alphabets sémitiques et phéniciens des IXe et VIIIe siècles avant J-C, qu’elle est sûrement dérivée de l’écriture nord-sémitique. Une comparaison entre les formes des lettres et les mots qui les désignent (alpha, bêta, gamma, etc.) qui ne signifient rien en grec mais qui sont descriptives en langue sémitique, confirme cette théorie », indique Nina Jidéjian, ajoutant que « aleph désignant la tête d’un bovin, bethe une maison, gimel un chameau ne laissent plus de doute quant à la véracité de cette tradition. Hérodote note que les Grecs se réfèrent à leurs lettres en les appelant phoinikia grammata (caractères phéniciens), le plus ancien nom de l’alphabet, preuve de son origine phénicienne . » Signalons que l’auteur signera son ouvrage à la Librairie Orientale, Sin el-Fil, demain mardi 21 décembre, à 19 heures. M.M.
Byblos à travers les âges est une longue histoire, si longue que le début se perd dans la nuit des temps. Mais « Nina Jidéjian a un don de recherche patiente et un talent de présentation » qui lui permettent d’« extraire et d’ordonner les faits de base qui marquent le cours des évènements et ceux moins importants mais évocateurs du détail pittoresque qui éveillera l’attention...